- Ça va faire deux jours que tu n'arrête pas de fixer ton écran, un problème?
Mes parents sont de sortie ce soir, et avec ma sœur, on a décidé de regarder un film dans le salon.
J'attends son message depuis deux putain de jours.
Et s'il n'avait pas vu ?
Je crois que je n'ai jamais autant stressé de toute ma vie, alors que ce n'est pas le premier avec qui j'ai eu des débuts, tumultueux.
Mes parents ne savent pas que je suis bi et je trouve que cela est mieux ainsi.
Je sais que ma mère ne me jugera pas ou autre mais celui dont je crains le plus la réaction, c'est mon père.
Il est sûrement la personne la plus homophobe que je connaisse.
Un jour ne passe sans qu'il ne sorte une remarque ou une insulte envers la communauté LGBT.
Alors savoir que je fais partie de cette communauté me rendra encore plus détestable à ses yeux.
Je préviens Neskie que je vais aller dans ma chambre car je suis fatigué, ce qui était vrai... En partie.
Une fois dans ma chambre, je verrouille la porte parce que je n'aime pas la laissé ouverte, surtout la nuit.
Je m'installe sur mon lis et vérifie encore mon téléphone.
Cinq minutes, puis dix, puis vingt... passent sans que je ne reçoive un seul message de sa part.
Ne pouvant plus attendre, je prends donc l'initiative de lui envoyer un message.
Je n'ai rien à perdre de toute façon.
Je commence à taper sur le clavier, formulant mon message.
En bas, j'entend des bruits de pas précipité qui arrivent vers moi.
Je range mon téléphone, sans envoyé le message met la couverture sur moi, simulant un sommeil.
- Ouvre cette porte!!! crie mon père.
Il a l'air énervé et d'avoir trop bu. Encore une fois.
Voilà pourquoi je n'ai jamais emmené les gens avec qui je sortais à la maison parce qu'à n'importe quel moment, il peut s'emporter et se mettre à taper sur tout ce qui se trouvent sur son passage.
Il n'a jamais levé la main sur nous, juste des menaces.
Je ne sais même pas ce qui le retiens.
- Mon chéri, calme toi, il doit sûrement être en train de dormir.
Ça, c'était ma mère, elle prend toujours notre défense quand il est bourré. Ses actes ne vont jamais avec ses paroles.
Elle nous défendra toujours de notre père, ça, je le sais, mais, une fois qu'elle l'a calmé, c'est comme si rien ne s'était passé.
J'ai appris à vivre avec, parce que je sais que dans la vie, tout n'est pas toujours tout beau tout rose.
Je garde tout de même espoir qu'un jour ça changera.
Le bruit d'éclat de verre retentit dans le couloir et ma mère qui hurlait.
Je me bouche les oreilles pour ne plus entendre le cahut qu'ils font, réflexe que j'ai depuis petit quand il est comme ça. Je donnerai tout pour avoir un père normal, une mère normale, une famille normale, mais c'est la vie et je fais avec.
Quelques minutes plus tard, je retire mes mains de mes oreilles, n'entendant plus rien.
Je relâche tout l'air qui était compressé dans ma poitrine. Je reprends mon téléphone et efface le message que j'allais lui envoyer.
Je ne me sens pas encore apte à le faire.
Pas maintenant.
J'éteins mon téléphone et le dépose sur la table de chevet en éteignant la lampe, me préparant à aller rejoindre les bras de Morphée.
***
Le lendemainLa maison est silencieuse à mon réveil, plus que d'habitude.
Je m'étire un peu avant de sortir complètement de ma chambre.
Une fois ma porte ouverte, je vois des morceaux de vases éparpillés devant ma porte.
Je fais attention à ne pas marcher dessus, même si j'ai mes chaussons et descend jusqu'à la cuisine.
Quand j'arrive dans la cuisine, je trouve un mot attaché sur la porte du réfrigérateur.
Je suis avec ton père à l'hôpital et ta soeur est déjà partie.
Tu trouveras le petit déjeuner dans le réfrigérateur.Maman
Je jette un coup d'œil à l'horloge du salon et remarque qu'il me reste 1 heure avant d'être en retard.
Comme je n'ai pas spécialement faim, je me sers juste un verre de jus et pars m'habiller.
J'opte pour un pantalon baggy noir avec un polo de la même couleur. Je mets mes chaussures et une touche de mon parfum senteur Jasmin, et sors de la maison.
Quand j'arrive dans la cour, il n'y a qu'une poignée d'élèves. Je cherche du regard s'il n'y a pas Sam, juste par curiosité, mais il n'est pas là.
Ce n'est pas dans ses habitudes d'être en retard.
Les étudiants qui étaient présents dans la cour commencent à rentrer.
Je n'ai pas de première heure aujourd'hui, donc je reste dans la cour, prendre l'air et réfléchir.
Même quand il n'est pas là, j'arrive à sentir sa présence, son parfum qui a une touche plus douce que la mienne, à entendre sa voix, à voir son magnifique visage qui je le sais n'est qu'un leurre. Ses cheveux blonds lui rajoutent ce côté angélique.
Je regarde sur le parking après avoir une portière claquée.
Une chevelure blonde apparaît dans mon champ de vision.
Il a l'air pressé, vachement pressé. Je laisse écouler quelques minutes avant de le suivre à l'intérieur.
Je m'arrête devant une salle et le tire avec moi à l'intérieur, avec une idée bien précise derrière la tête.
Si je ne peux pas lui parler par message, ça se fera en présentiel.
Quitte à ce que mon père haïsse, je ne le laisserai pas me contrôler, pas cette fois.
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Sokhiev
RomanceDepuis ses années de lycée, Sam a toujours été celui qui comme on l'appelle " un coureur de jupons ". Il changeait de petite amie comme on change de chaussures. Depuis sa dernière rupture, Édouardo n'a plus jamais eu de relation. Il pensait qu'il ne...