Prologue

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La lune, haute dans le ciel nocturne, déversait sur la ville une lueur argentée et éthérée, transformant le paysage urbain en un tableau de contrastes saisissants. Les façades des immeubles se paraient de reflets métalliques, tandis que les ombres, accentuées par cette clarté lunaire, s'étiraient comme des doigts mystérieux et menaçants, envahissant les rues d'une présence presque palpable. Cette nuit-là, le monde glissait hors de l'ordinaire, et les contours de la réalité se confondaient avec les contours de l'imaginaire.

Assis seul sur un banc dans un parc déserté par la vie diurne, je contemplais les feuilles scintillantes sous la lumière de la lune. Chacune d'elles portait un éclat argenté, comme des fragments de miroir éparpillés sur le sol, réfléchissant la froide clarté de la nuit. Pour un havre de paix dans l'immensité nocturne. Mais pour moi, la quiétude apparente n'était qu'un voile fragile dissimulant une réalité beaucoup plus troublante.

Depuis mon évasion, chaque son, chaque murmure du vent, chaque mouvement furtif dans les ombres était devenu un rappel incessant que ma liberté n'était encore qu'un mirage fragile. Les rumeurs que j'avais entendues, les chuchotements d'une société secrète omniprésente, de ces expérimentations effroyables qui échappaient à la compréhension commune, n'étaient pas de simples contes. La ville, avec ses labyrinthes de rues et ses recoins obscurs, était le terrain de jeu de ces forces mystérieuses.

Les murmures d'une organisation clandestine, omnipotente et insaisissable, résonnaient comme un écho persistant dans ma mémoire. Ils parlaient de pratiques occultes, de réalités altérées, et de projets si incompréhensibles qu'ils appartenaient à un autre monde. Et moi, dans ma quête désespérée pour échapper à ce que j'avais laissé derrière moi, je savais que chaque pas dans ces rues baignées d'argent me rapprochait à nouveau de ce cauchemar invisible. Les ombres n'étaient pas simplement des zones d'obscurité ; elles étaient les gardiennes d'un secret dangereux, et la ville, en proie à une malédiction silencieuse, était le décor de leur sinistre jeu.

— Alors, tu te caches comme un animal dans le noir, Aident ? Dit une voix grave, m'arrachant à mes pensées.

Je tournais lentement la tête pour voir James, un ancien camarade de ma meute, maintenant un traître devenu l'un des leurs. Ses yeux brillaient d'une lueur malicieuse sous les lumières de la lune.

— James... Je suppose que tu n'as pas changé. Toujours aussi prédateur.

Il s'approcha, son regard perçant s'attachant à moi comme un rapace sur sa proie. James avait toujours eu ce pouvoir de me mettre mal à l'aise, même avant que je ne découvre les horreurs qu'il cachait.

— Ils sont encore à ta recherche, tu sais. Ils ne te laisseront pas tranquille. Tu es une proie de choix.

Il n'avait pas tort. Les créatures que je fuyais étaient des abominations tentaculaires, leurs appendices serpentant comme des cauchemars vivants. Elles se déployaient dans l'obscurité, leurs mouvements fluides et insidieux exacerbant le frisson de l'angoisse. Le simple fait d'être un métamorphe, d'appartenir à cette catégorie d'êtres aussi indéfinissables qu'imprévisibles,  alimentait leur obsession. Cette chasse incessante était plus qu'une traque ; c'était une quête dévorante alimentée par une détermination implacable. Mais ce n'était pas seulement leur présence terrifiante qui me hantait, c'était la société secrète qui orchestrai toutes ces poursuites avec une machiavélique minutie.

***

La société secrète. Un nom qui résonnait comme un écho inquiétant dans les recoins les plus sombres de la ville. Une entité enveloppée de mystère, à peine comprise, mais redoutée de tous. Cette organisation était une ombre omniprésente, dotée de ressources et de moyens inaccessibles à l'imagination commune. Ils possédaient la capacité de capturer et de manipuler des métamorphes, et leurs expérimentations sur nous relégueraient les pires cauchemars à une insignifiance inoffensive.

Il était grand temps que quelqu'un expose la vérité, que le voile de l'ombre soit déchiré. Et c'était précisément ce que je m'apprêtais à faire. Mais je savais que la société secrète ne serait pas une adversaire face à défaire. J'avais été témoin des horreurs résultant de leurs « recherches » - des expériences d'une cruauté froide et calculée. Chaque métamorphes capturé n'était pas seulement un être torturé ; il devenait un marionnettiste dont les fils invisibles se tendaient vers une douleur indicible et orchestrée.

***

Ce soir-là, en quittant le parc, je choisis un itinéraire que peu de gens oseraient emprunter. Les rues se perdaient dans les dédales d'un quartier industriel abandonné, où les ombres se mêlaient aux vestiges de la gloire passée des entrepôts délaissés. Je me dirigeai vers un abri temporaire que j'avais identifié - un entrepôt désert, un lieu de refuge et de discrétion où je pouvais rester hors de vue. Mais je savais que les recherches de James n'étaient que la partie émergée de l'iceberg. La société secrète avait des yeux et des oreilles partout, une toile d'espionnage invisible et omniprésente. Fuir n'était qu'une solution temporaire, une course contre la montre qui ne pouvait durer éternellement.

En cherchant refuge dans ces ténèbres, mes pensées étaient hantées par une autre lumière - celle d'un homme que j'avais croisé lors d'une fuite effrénée. Elliot. Un médecin dont la présence était incongrue au milieu de cette nuit troublée, dont la gentillesse était en décalage avec le lieu où il se trouvait. Sa curiosité était aussi aiguë qu'un scalpel, et son regard perçant était capable de percer les mystères les plus obscurs. Il était l'éclat d'humanité qui m'offrait un maigre espoir dans cet océan de désespoir.

— Qui es-tu vraiment, Aiden ? M'avait-il demandé lors de notre première rencontre. Et pourquoi ai-je l'impression que ce que tu subis n'est que la surface d'un abîme plus profond ?

Ses mots résonnaient encore dans ma tête comme un écho persistant, un mélange d'attente fragile et d'appréhension. La perspective qu'Elliot puisse m'aider offrait une lueur d'espoir dans un abîme de regret. Mais cet espoir venait avec un risque énorme. Si la société secrète découvrait le lien que j'avais tissé avec lui, Elliot serait en grave danger. Je ne pouvais pas permettre que son courage et sa compassion soient compromis par ma propre fuite.

Je sortis le dossier que j'avais discrètement dérobé du laboratoire, le poids du secret qu'il renfermait me paraissant lourd comme une épée de Damoclès. À l'intérieur se trouvaient les preuves des expérimentations inhumaines menées par la société secrète. Ces documents étaient la clef pour révéler la vérité, exposer les abus et percer les mystères de cette organisation opaque. Pourtant, malgré la charge symbolique et pratique de ce dossier, je savais que la route à parcourir était encore semée d'embûches.

Avant de pouvoir envisager un sommeil paisible, il me restait une montagne de tâches à accomplir. La vérité devait éclater au grand jour, les atrocités dévoilées et les mystères de la société secrète démasqués. C'était une mission colossale, mais il fallait d'abord me préparer pour la confrontation inévitable qui se profilait à l'horizon.

Sous la couverture de cette nuit dense, je ressentais le poids écrasant de la lutte imminente. Chaque ombre murmurait des avertissements, chaque brise nocturne était un rappel des dangers à venir. Pourtant, au milieu de cette tourmente, je m'arrochais à la promesse d'une lueur d'espoir, peut-être même d'amour, que je croyais encore possible. Cet espoir, aussi ténu soit-il, était ce qui me poussait à avancer.

Le chemin devant moi serait long et parsemé de dangers : secrets insondables, trahisons sournoises, et épreuves impitoyables. Je savait que leur retour en arrière était inconcevable. Pas pour quelqu'un comme moi, dont la vie avait été un long parcours de lutte et de fuite.

En quittant l'entrepôt, je jetai un dernier regard vers la lune, suspendue dans le ciel comme une sentinelle silencieuse. Sa lumière pâle était presque moqueuse, comme si elle cachait un savoir que je n'avais pas encore découvert. Une certitude se formait en moi : ce n'était que le commencement. La véritable épreuve, celle qui déciderait de mon destin, était encore à venir.

Je m'avançai dans l'obscurité, le cœur empli d'une détermination renouvelée. La quête pour la vérité et la survie venait de commencer, et je savais que chaque pas serait un pas vers un avenir incertain.

L'Alpha cachéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant