Chapitre 11

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Il ne laissa pas le temps à Erine de répondre et la saisit par le bras pour la traîner vers le groupe qui se dirigeait vers les remontées mécaniques. La jeune femme se retourna vers le pauvre vampire laissé seul, mais il n'était déjà plus là. Cette manie de disparaître aussi discrètement qu'il apparaissait, elle en restait surprise à chaque fois. On ne pouvait pas dire qu'il faisait vraiment des efforts pour s'intégrer au groupe. Elle ne savait pas pourquoi, mais plus elle passait du temps avec le beau blond, plus des questions surgissaient à son propos. Elle souhaitait le connaître, en apprendre plus sur lui ; peut-être que, sans s'en rendre compte, elle commençait déjà à s'attacher à lui.

Le groupe passa la journée sur les pistes de ski, Érine dévalait ces dernières à toute vitesse, accompagnée de près par son cousin. Elle adorait ça : sentir le vent frais fouetter sa peau frêle, se laisser porter par la vitesse et voir les paysages échapper à son regard. Elle se laissait porter par les sensations qui l'assaillaient, savourant cet instant de liberté où le temps semblait s'arrêter. Son cousin la fit sortir de ses pensées :

- La vache, tu t'es améliorée, toi !

- Lucas, je ne suis plus la petite fille de 13 ans que tu as connue ! s'exclama-t-elle en riant.

Elle enchaîna :

- Allez, le dernier en bas paye la tournée au bar ce soir.

Érine le défia du regard et partit à toute vitesse. Elle lança ce défi tout en sachant pertinemment qui serait le vainqueur. Et comme prévu, la rouquine arriva la première, suivie de près par Lucas avec un sourire amer causé par la défaite. Les deux attendirent quelque temps afin que le groupe se rassemble pour se rendre au bar. Érine envoya un SMS à Alexandre pour qu'il puisse rejoindre la petite troupe. L'ambiance conviviale envahissait tout le groupe d'amis : ils riaient, dansaient et jouaient au billard. Tout le monde s'amusait, sauf une personne. Agacé par tout ce brouhaha émis par d'insignifiants humains, le pauvre vampire résistait avec difficulté à cette sociabilisation forcée. Il décida de sortir afin de profiter de l'air frais, du calme et ainsi éviter de tuer quelqu'un. Érine remarqua tout de suite que le beau blond avait pris le chemin de la sortie et voulut le suivre, mais son cousin l'en empêcha.

- Laisse, je vais le voir.

La rouquine laissa s'éloigner les deux garçons dubitatifs et surveilla d'un œil ce qu'il allait se passer.

- Alexandre, c'est ça ?

- Oui.

- Ne t'approche plus de ma cousine !

- Et quelle est la raison de cette interdiction ?

- Le simple fait que tu es un psychopathe meurtrier.

- Pardon ?

Il lui répondit de la façon la plus neutre. Ce qu'il lui disait ne le touchait guère. Mais une question subsistait : pourquoi tenir ces propos alors qu'il ne le connaissait pas ?

- Dois-je être plus clair ? dit-il en hurlant.

Lucas le regardait droit dans les yeux de façon menaçante, tandis qu'Alexandre, lui, avait l'air de le prendre de haut. Il s'approcha de lui et l'attrapa violemment par le col de la chemise. Mais le vampire ne bougea pas d'un pouce malgré la force qu'il mettait pour le secouer. Lucas le regarda alors, plein de dégoût, et prit une grande inspiration. La rage montait en Alexandre, qui n'eut pas le temps d'anticiper le poing qui arrivait droit sur son visage. Il sentit alors son nez se craquer, mais aucune douleur et aucune goutte de sang ne jaillit de ce dernier. Il eut tout d'abord envie de le tuer sur-le-champ, mais il y avait trop de témoins. C'est alors qu'Erine arriva en furie, pleine d'incompréhension, face à son cousin.

- Tu m'expliques, là ? dit-elle, pleine d'incompréhension.

- Je n'ai pas à me justifier face à toi, Erine, et encore moins face à ce meurtrier, dit-il d'un ton froid, sans émotion.

Erine le regarda, décontenancée par son comportement.

- Lucas ? Mais tu as bu ou quoi ?! Je pense qu'il serait sage que tu rentres chez toi...

- Erine, écoute-moi, s'il te plaît !

- Non mais c'est l'hôpital qui se fou de la charité ! Tu tiens des propos diffamatoires, tu refuses de me répondre et tu voudrais que je t'écoute ! Hors de question. Je te pensais plus intelligent et plus mature que ça. Je pensais surtout que tu avais changé. Que tu avais arrêté de me traiter comme une enfant, de me protéger comme si j'étais sans défense ! Sur ce point, tu devrais bien t'entendre avec Nolan. Vous êtes toujours derrière mon dos à me dire les choses que je dois faire, à me dire qui je dois côtoyer. Mais ce que vous avez oublié tous les deux, c'est que j'ai grandi, je ne suis plus cette jeune fille naïve. Je sais ce qu'est la trahison, la cruauté, la mort... J'ai appris à vivre et à me protéger dans ce monde d'hypocrites ! Les monstres ? Les psychopathes ? Les meurtriers ? Ce n'est qu'une minorité et bien évidemment, ils sont malgré tout partout dans le monde. Mais je me refuse de ne pas vivre la vie que je veux vivre par peur qu'un accident arrive. Tu es choqué que je dise tout ça, là, maintenant, sans raison. Mais c'est simplement que mes limites ont été dépassées. J'en ai ras le bol !

Alexandre était resté bouche bée à l'écouter balancer les quatre vérités à son cousin. Mais surtout, au fond de lui, il riait. Pourquoi ? Parce que Nolan se trouvait à l'entrée du bar et venait d'entendre la conversation. Au fur et à mesure du récit de la rouquine, le visage du pauvre garçon blanchissait. Il s'approcha d'Erine.

- C'est donc ce que tu penses de moi ? De nous ? J'ai toujours été là pour toi, je t'ai toujours protégée et c'est comme ça que tu me remercies ?

- Nolan, écoute-moi bien ! dit Erine, agacée. En quoi dois-je te remercier ? D'avoir fait fuir le peu de garçons qui tournaient autour de moi ? De m'avoir gardée comme ta propriété ? Oh non, je ne te remercierai pas pour ça ! Tu es comme un frère, tu le sais, et je t'aime comme ce n'est pas possible. Mais tu m'as privée de beaucoup de choses en me gardant pour toi seulement. En voulant bien faire, tu as tout simplement été égoïste.

Le visage de Nolan se décomposa au fur et à mesure qu'elle parlait. Les mots employés heurtaient son être au plus profond ! Le vampire se délectait de la scène devant lui et, pour rien au monde, il ne souhaitait être à la place de Nolan. Les deux hommes restaient perplexes, figés par toutes les vérités qui venaient de les frapper en plein visage. Cela arrangeait bien les affaires du vampire, soudainement plus au centre de la discussion et des intérêts de deux humains insignifiants.

Face au silence de ses deux interlocuteurs, Erine reprit :

- Ce que j'essaye de vous faire comprendre, à toi et à Nolan, est dur à entendre, j'en suis bien consciente. Mais je n'en peux plus de garder ça pour moi. Je vous aime tellement que je me devais d'être sincère. J'espère que vous me pardonnerez tout de même, car je tiens à garder cette relation entre nous. Mais par pitié, laissez-moi respirer, ne me surprotégez pas.

- Erine, je... Lucas essayait de sortir quelques mots.

- Non, stop ! Pour ce soir, je ne veux plus vous voir, réfléchissez.

- Mais qui a bien pu te faire changer comme ça ! hurlait Nolan...

- Je n'ai pas changé, tu ne m'as juste pas vue grandir.

Un silence lourd pesait parmi le petit groupe. Erine saisit soudainement la main d'Alexandre, le tirant ainsi de ses réflexions et le traîna hors de la discussion.

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Si ça ta plu n'oublie pas la petite 🌟

Bonne lecture !

Océane

Chaleur HivernaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant