Chaleur Hivernale

Chapitre 18

Il perdait totalement le contrôle de lui-même, se sentant stupide. Cette humaine ne valait pas mieux que les autres : une manipulatrice, une séductrice, voilà son vrai visage. Rien de plus ! Elle s'était jouée de lui, le transformant en une créature tout aussi futile et inutile qu'elle. Ses yeux, habituellement d'un rouge écarlate, se teintaient de noir au fur et à mesure que la rage du vampire montait. Il voulait juste la tuer, la faire souffrir...

- Tu n'es qu'une vipère ! Tu ne vaux pas mieux que ton vaurien de cousin. Je me suis laissé envoûter par ton stupide charme. J'ai fait preuve de faiblesse, mais ça ne se reproduira pas. Je suis un être supérieur, et tu me dois respect et servitude, comme tout minable humain sur cette terre le devrait envers mon espèce. Nous sommes immortels et nous ne craignons rien ! Je vais enfin me débarrasser de toi et goûter ton fabuleux sang.

Avec la force qu'il exerçait sur son cou, ses ongles commençaient à transpercer sa délicate peau, et du sang perlait le long de sa nuque. La vue de ce sang qu'il désirait tant éveilla tous ses sens. Une seule idée le traversait : planter ses crocs et se délecter de cette liqueur si exceptionnelle. Il relâcha la pression sur sa gorge et approcha sa bouche du cou de la frêle petite humaine.

- Arrête, tu me fais mal !

- Je n'ai pas du tout l'intention de m'arrêter, alors que je viens tout juste de commencer.

- Tu ne veux pas que je te voie comme un monstre, mais regarde ce que tu es en train de faire !

À ces mots, Alexandra cessa immédiatement son geste. Au même moment, des sirènes retentirent au loin. Il plongea son regard dans le sien et saisit aussitôt ses lèvres délicatement pour l'embrasser.

- La vie est un merveilleux mensonge, alors que la mort est une triste réalité. Ne m'en veux pas...

Sur ces mots, il tourna les talons, laissant la jolie rouquine seule avec son cousin et les milliers de questions qui trottaient dans sa tête. Le vampire continua sa route dans la forêt sombre, à la recherche d'un endroit isolé afin d'être tranquille. Il aperçut un petit coin à l'écart : un arbre énorme, couché sur un rocher, sûrement à cause des tempêtes récentes. L'arbre créait un petit abri confortable, à l'abri des intempéries et du vent. Il disposa son sweat sur la terre et s'allongea dessus. Il regardait la nuit noire, éclairée subtilement par une lune timide. Ses actes vis-à-vis d'Erine lui revinrent en tête. Son propre comportement le choquait. Vraiment, venait-il de se montrer sans retenue devant celle qu'il aimait ? Mais, étrangement, il ne s'en voulait pas. Enfin, le masque disparaissait. Elle connaissait son vrai visage, et maintenant, Erine savait quel était son côté sombre. Allait-il enfin pouvoir être lui-même ? Il verrait cela plus tard. Pour le moment, la fatigue le guettait. Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas dormi à la belle étoile.

Pour une fois, le vampire avait passé une nuit calme et apaisante. Sa gorge lui faisait encore mal, mais il sentait que les tissus et tout le reste commençaient déjà à se régénérer. Maintenant, la seule envie qui l'envahissait : tuer Lucas. Lui arracher chaque partie de ses membres un à un, doucement, pour le faire souffrir au maximum. Alexandre pouvait aussi simplement l'apporter à son père... Ce dernier, sadique et malsain, se ferait une joie de jouer avec lui. Le vampire décida de rester seul encore quelques jours, jusqu'à l'anniversaire d'Erine.

Le vampire venait de laisser la pauvre Erine à son sort. Son cœur battait à cent à l'heure, elle ne comprenait absolument pas ce qui venait de se passer. Pour la première fois, elle constatait la monstruosité du jeune homme, et il lui faisait réellement peur. Est-ce qu'elle devenait folle ? Ce qu'elle pensait d'Alexandre, ses croyances... Tout s'effondrait, une tonne de questions l'assaillait. Un gémissement de douleur la ramena vite à la réalité : Lucas...

- Tu ne vas pas mieux ?

- Non...

- Comment se fait-il qu'Alexandre ait eu aussi mal ? Si c'est un vampire, il est impossible de le blesser, non ?

- La preuve que si. Ce que je t'ai raconté la dernière fois dans le bar, tu le crois maintenant ?

- Oui, même si cela me paraît encore irréaliste.

- Nous seuls avons la possibilité de les blesser et donc, bien évidemment, de les tuer.

- Et c'est ce que tu avais l'intention de faire ? demanda Erine.

- Oui ! Comment peux-tu encore le défendre alors qu'il était à deux doigts de te tuer ?

- Je ne le défends pas. Il me fait peur et me répugne... mais je ne peux pas oublier l'Alexandre que j'ai connu avant...

- Tu es bien naïve. Ce genre de monstre est maître dans l'art de la manipulation.

- D'après lui, c'est moi qui lui ai fait du mal. Et dans son regard, même s'il me faisait peur, j'avais l'impression qu'il était torturé par quelque chose.

- Torturé par toi, oui... Les femelles de notre espèce ont tendance à avoir ce genre d'aura sur les vampires, afin de mieux les traquer.

- Les femelles ? Lucas, vas-y doucement, s'il te plaît, ça fait beaucoup pour moi...

La conversation fut interrompue par les secours qui arrivaient. Ils secoururent son cousin, mais pour la jeune femme, étalée plus loin sur le sol de la forêt, c'était déjà trop tard. Erine retourna au chalet, où tout le monde s'activait à préparer son anniversaire. Une part d'elle ne souhaitait pas croiser Alexandre après les événements qui venaient de se passer. Pourtant, quand elle franchit le pas de la porte et que le vampire manquait à l'appel, son cœur se serra. Mais où pouvait-il bien être ?

La fin de la journée passa très rapidement. Quand la nuit tomba, la rouquine s'attendait à voir Alexandre rentrer furtivement, mais rien. La maison resta froide et vide. Quant à Lucas, il passa la nuit à l'hôpital. Les secouristes lui posèrent des questions sur les événements, mais Erine ne parvint pas à répondre, n'osant pas raconter une histoire impliquant des vampires et des humains qui se métamorphosent...

Malgré la peur qu'elle éprouvait pour Alexandre, cette sensation ne la quittait pas. Son absence laissait un vide dans le cœur de la jeune femme. Pourtant, elle essayait d'arrêter de l'aimer, de l'oublier, de le sortir de sa vie, de ne plus lui parler, de ne plus penser à lui. Mais elle se rendit compte que plus elle s'obstinait, plus il hantait ses pensées, et elle comprit. Elle comprit que jamais il ne partirait de son cœur. Il resterait à jamais une obsession, une envie, un fantasme.
Même si tout autour d'elle lui hurlait de faire demi-tour, de partir loin, tout son être la poussait dans les bras du vampire, de se donner à lui.

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Si ça ta plu n'oublie pas la petite 🌟

Bonne lecture !

Océane