Chapitre 10

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Alexandre sentait que la jeune femme ne bougeait pas et le détaillait du regard de haut en bas. Elle se retrouvait face à un bel Apollon. Il paraissait si fragile endormi dans son lit. Ses cheveux blonds en bataille sur l'oreiller, son torse et ses épaules sculptés de façon légère dégageaient chez lui un charisme terrifiant.

Soudain, Alexandre fit semblant de se réveiller. Il se retourna alors vers Érine pour voir la tête de la pauvre créature prise sur le fait, en train d'admirer son corps. Littéralement à croquer avec son air gêné, Alexandre esquissa un sourire satisfait.

Érine devint rouge écarlate de gêne. Prise sur le fait, à admirer sans vergogne l'homme pratiquement nu dans son lit, elle ne savait plus où se mettre et fut prise de bouffées de chaleur. Afin de rompre ce silence de mort beaucoup trop gênant, elle tenta de bredouiller quelques mots pour se justifier.

- Alexandre... euh... désolée... Comment dire...

- D'être dans ma chambre à me regarder de façon étrange contre mon gré ?

- Oui... Enfin non ! Pour t'expliquer, c'est que mon cousin m'a dit qu'il t'avait vu hier soir et que tu n'allais pas bien. De ce fait, je suis montée dans ta chambre pour voir si tu allais bien. J'ai toqué mais personne n'a répondu, et tout de suite je me suis imaginée le pire...

- Hier soir ? Son visage s'assombrit. J'allais bien, juste un peu éméché, rien de plus.

Le sang d'Amexandre ne fit qu'un tour en entendant que son cousin, qui lui paraissait déjà bien trop suspect, pouvait l'avoir vu comme par hasard cette nuit-là, alors qu'il n'était pas lui-même. Ce souvenir fit monter la colère en lui.

Son ton sec et cassant fit froid dans le dos de la jolie rousse. Le vampire décida de se lever, laissant ainsi apparaître son corps. Érine détourna aussitôt le regard, devenant rouge comme une tomate.

— Tu peux constater par toi-même que je vais bien. Tu peux donc partir, à moins que tu n'aies envie de prendre ta douche avec moi ?

Son visage s'empourpra encore plus et elle partit comme une fusée de la chambre. Alexandre prit une douche froide pour se remettre les idées en place. Mais le remords continuait de le ronger. Il avait beau ne pas avoir de scrupules et ne montrer aucun intérêt envers les humains, une seule règle lui tenait à cœur : ne jamais toucher à un enfant. Premièrement, parce qu'un jeune enfant n'a pas un sang très raffiné, mais surtout parce que ce genre d'actes était contraire aux valeurs que ses parents lui avaient enseignées. Seuls les vampires de basse catégorie se délectaient de ce genre de péché immonde.

Lorsque le vampire sortit de la douche, il tomba sur Nolan.

- Mais ce n'est pas possible, vous ne savez pas frapper à une porte, ici ? Est-ce trop demander pour des rustres de votre race ?

- Je te demande pardon, Alexandre, répondit-il de façon ironique. Je prends congé de ce pas. Joignant ces paroles à une révérence pompeuse.

Il partit en attrapant son sac de vêtements qu'il était venu chercher. La fin de la matinée s'acheva après un repas convivial. Le cousin d'Érine ne cessait de lancer des regards tueurs au pauvre vampire qui ne savait plus où se mettre.

Le groupe de jeunes décida après le repas de partir faire du ski. Après plusieurs minutes, le temps que tout le monde puisse préparer son équipement, toute la troupe se dirigea vers les pistes de ski. Il ne restait plus qu'Érine qui se battait pour porter ses skis avec sa force de mouche.

Mais l'un des skis lui glissa des mains et vint lui entailler le poignet gauche. Elle laissa échapper une plainte lorsque le ski vint couper sa peau frêle. Les sens d'Alexandre se mirent en éveil aussitôt et une envie irrésistible de planter ses crocs dans son poignet ainsi que dans sa gorge délicate s'empara de lui.

- Alexandre, tu peux venir m'aider ? supplia Érine, paniquée.

Il resta figé sur place à regarder le sang s'écouler de son poignet. Elle ne s'était pas loupée et, malgré la petite taille de la blessure, le sang coulait abondamment.

- Pourquoi diable es-tu faite de chair et de sang ? Cette fois, je ne peux pas résister !

- Alexandre ? La voix d'Érine tremblait.

Il s'approcha d'elle tel un prédateur, ses canines faisaient tout leur possible pour sortir, mais son esprit et sa conscience leur demandaient de rester à leur place. Il se voyait recommencer comme hier soir... Il n'arrivait plus à être lucide. Mais tout d'un coup, les images de la jeune fille morte refirent surface et la descente sur terre fut immédiate. Quand il reprit ses esprits, il vit la jolie rousse à moitié apeurée, et totalement dans l'incompréhension face à la situation.

« Je me suis fait griller », pensait-il intérieurement.

Il se précipita vers elle et prit son poignet. Érine le regarda, incrédule face à ce changement de comportement. Dans la précipitation, il ne pensa pas à prendre de quoi éponger le sang. Alexandre chercha dans la pièce de quoi faire un point de compression et attrapa une écharpe qui traînait par terre. Il l'enroula alors autour de son poignet et la regarda dans les yeux. Ses yeux étaient pleins de questions et d'incompréhension.

- C'est moi ou...

Elle hésita avant de poser sa question.

- Tes yeux... ils étaient rouges, non ?

Le vampire la fixa sans savoir quoi répondre. Pour rompre ce silence et éviter cette discussion tendancieuse, il se leva et prit les skis de la rouquine.

- Tu viens, les autres doivent t'attendre.

Elle le suivit sans rien dire, mais il savait pertinemment qu'elle devait se poser plein de questions. En effet, elle ne comprenait pas le comportement étrange qu'il venait d'avoir. Son visage livide, puis soudainement, il avait surgi près d'elle pour l'aider. Elle ne comprenait pas, et dans ses yeux, une lueur de peur, mais aussi quelque chose de féroce ressortait. Elle aurait juré que lorsqu'il s'était approché, ses yeux, habituellement d'un gris argenté, avaient viré à un rouge transperçant. Elle ne pouvait y croire ; cette idée qui traversait son esprit ne pouvait être vraie.

Le binôme arriva enfin au lieu de rendez-vous après le petit accident. Le cousin d'Érine aperçut aussitôt la tête affreuse qu'elle affichait et se précipita vers elle, suivi de près par Nolan.

- Cousine ! Il s'est passé quelque chose ?

- Tu ne te sens pas bien ? enchaîna Nolan, paniqué.

- Si... si, je vais bien. Je me suis juste coupé le poignet quand mes skis m'ont glissé des mains, et...

- T'as saigné ? Il y avait Alexandre avec toi ? dit-il tout en se retournant vers le concerné.

- Oui, justement, il m'a soignée et m'a aidée à transporter mes skis jusqu'ici.

Érine fronça les sourcils, ne comprenant vraiment pas les réactions de son cousin vis-à-vis d'Alexandre.

- Mais tu ne vas pas pouvoir skier avec un poignet ouvert, réfléchis enfin ! enchaîna Nolan, outré.

- Mais si ! Je ne vais pas me priver juste pour une coupure ! dit Érine, toute excitée.

- Une coupure qui a bien saigné... dit une voix derrière.

Lucas se retourna vers Alexandre, puis reporta son attention sur la rouquine.

-Merci pour ton aide... Allez, viens Érine, on vas'éclater sur les pistes.

Chaleur HivernaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant