Tous les dix ans, l'académie Cigam ouvre ses portes. Pendant les trois années de leur cursus, les étudiants doivent prouver qu'ils sont dignes d'être à la tête de leur famille. Mais cette fois, les tensions sont plus fortes que jamais. Les Lympyres...
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La Marcheuse hurla dans sa bulle d'air. Les doigts squelettiques d'un corps s'étaient refermés sur son poignet. Elle avait beau tenter de se dégager, ruer, frapper le macchabée, il s'accrochait à elle comme une moule à son rocher.
Douleur. Un défunt avait planté ses dents dans son mollet pour la retenir.
— C'est ta faute ! scandaient-ils à l'unisson, chœur de voix d'outre-tombe. Reste avec nous à jamais !
Peu à peu, tous les morts s'animaient et agrippaient Lauren. Alors qu'elle s'apprêtait à faire appel à son pouvoir pour les repousser, un éclat doré dans les eaux sombres attira son œil.
Tout se figea.
Puis les morts s'éloignèrent en marche arrière, formant des sons incompréhensibles. Le corps de Lauren se mit à remonter, doucement mais sûrement, vers la surface. Elle voulut battre des pieds et des mains pour accélérer, mais son corps refusait de lui obéir.
La lumière qu'elle avait créée s'éteignit, la laissant seule dans cette obscurité terrifiante. La Marcheuse savait que les corps étaient là, mais ne pouvait plus les voir. En un sens, c'était encore plus angoissant.
Sa remontée s'arrêta soudainement. Une longue minute s'écoula, angoissante, pendant laquelle Lauren essaya de comprendre.
Puis, petit à petit, des gerbes d'eau entrèrent dans ses poumons, de plus en plus vite – et dans un éclair de lucidité, la Marcheuse comprit.
Lys était en train de remonter le temps et l'entraînait avec elle.
La bulle d'air disparut, et la jeune fille s'enfonça à l'envers dans les flots, si bien qu'elle se dirigeait de plus en plus vite vers la surface. L'eau fut expulsée de son corps, puis elle s'envola dans les airs, hors de contrôle.
Elle atterrit sur un ponton baigné par la lumière de la lune. Les cieux crachaient des trombes d'eau sur l'immense lac sombre qui s'étendait à perte de vue. Le cours du temps était revenu à la normale, si bien que Lauren pût se retourner. À l'extrémité terrestre du ponton se dressait un manoir sinistre bordé par une épaisse forêt. Des éclairs illuminaient les lieux par intermittence, projetant des ombres monstrueuses.
La Marcheuse ne voyait pas Lys. Ce n'était pas normal. Où était-elle ?
Des sanglots attirèrent son attention. Une forme humaine, recroquevillée en position fœtale, pleurait bruyamment. Lauren ne s'en approcha pas. Quelque chose ne tournait pas rond dans ce rêve. Elle avait remonté le temps ! Et elle n'avait pas réussi à faire usage de son pouvoir à ce moment-là.
Cela avait trop duré. Elle devait revenir dans le monde réel – après tout, l'objectif du cours était simplement d'entrer dans l'esprit. Elle avait déjà réussi.
Mais Lauren ne put quitter la rêverie.
Pourtant, elle était dans un rêve. C'était son domaine ! Elle était une Marcheuse, et en tant que telle, elle était capable de s'introduire dans les songes et d'en prendre le contrôle.
Rien à faire. Lauren avait beau forcer sur son don, impossible de sortir du rêve de quelque sorte que ce soit.
