Tous les dix ans, l'académie Cigam ouvre ses portes. Pendant les trois années de leur cursus, les étudiants doivent prouver qu'ils sont dignes d'être à la tête de leur famille. Mais cette fois, les tensions sont plus fortes que jamais. Les Lympyres...
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Assise en tailleur sur son lit, Rarama s'entraînait à contrôler plusieurs litres de sang. L'hémoglobine s'agitait pour former un dragon de la taille de la jeune femme. La Lympyre modifia son apparence d'un geste du doigt. Le corps du dragon s'étira tandis que des écailles se formaient à sa surface, accentuant sa ressemblance avec un serpent. Rarama esquissa un mouvement de la main pour former les cornes et moustaches. Lorsqu'elle voulut ajouter les yeux, sa création se mit à trembler dans les airs avant que le sang ne tombe et n'éclabousse les draps et meubles aux alentours.
La jeune femme soupira en regardant le désastre. Elle avait un parfait contrôle sur la quantité et la qualité, mais dès qu'elle voulait combiner les deux, elle perdait le contrôle de l'hémoglobine.
Rarama leva sa main et le sang s'assembla à nouveau pour former une sphère tourbillonnante au centre de la pièce. Un léger mouvement scinda le liquide rouge en deux parts inégales ; la plus grosse partie alla dans un massif récipient de verre tandis qu'une boule de la taille d'une balle de tennis resta à flotter devant la jeune femme. Le plus complexe avec la manipulation du sang était que celui-ci, de par sa nature, coagulait rapidement. Pour faire face à ce problème, les Lympyres devaient toujours le garder en mouvement. Le récipient dans lequel Rarama conservait ses réserves sanguines était doté d'une sorte de fouet qui mélangeait inlassablement l'hémoglobine.
Elle se figea totalement. Il était simple de faire usage de ses pouvoirs en les accompagnant d'un geste, mais en contrepartie, elle était complètement vulnérable si elle ne pouvait plus bouger. Rarama faisait donc disparaître cette faiblesse petit à petit en s'entraînant à être immobile.
Réagissant à ses ordres, la petite quantité de sang se mouva pour former une rose aux pétales fins. Elle se métamorphosa ensuite en une dague effilée. Les sourcils froncés par l'effort qu'elle fournissait, Rarama para l'arme de délicats ornements.
La Lympyre soupira. Elle avait beau tenter de se remplir l'esprit avec des exercices à la difficulté croissante, elle ne pouvait contenir son anxiété. Lys avait été convoquée. Rarama n'avait aucune idée de ce qui se passait. Bien sûr, elle se doutait que cette convocation avait un lien avec le meurtre : soit Lys était une suspecte, soit elle connaissait la victime, soit elle pouvait être la prochaine victime.
Alors qu'elle pensait à son amie, un système sanguin en mouvement attira son attention à quelques pas de sa porte. C'était elle. Rarama reconnaitrait entre mille ses battements de cœur.
— Entre, lança-t-elle.
Un signe de la main renvoya le sang dans son récipient.
— On doit parler. C'est insonorisé, n'est-ce pas ? déclara Lys en fermant la porte.
— Normalement, oui, fit la Lympyre avec une certaine inquiétude.
