Chapitre 4

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Alice

Lorsque nous arrivâmes enfin à la plage, je fus frappée par la beauté du décor qui s'offrait à moi, presque irréelle. Devant nous s'étendait une scène élégante et raffinée, où chaque détail semblait avoir été minutieusement orchestré. Les tables étaient dressées avec des nappes blanches immaculées qui flottaient légèrement sous la caresse douce de la brise marine. Des chandeliers d'argent, parsemés de bougies vacillantes, brillaient sous la lumière tamisée des guirlandes suspendues dans les palmiers, conférant à l'endroit une ambiance presque magique. Des bouquets de fleurs fraîches, aux teintes chatoyantes de rose, de jaune et de bleu, émergeaient avec éclat parmi les convives, répandant leur doux parfum qui se mêlait délicatement à l'odeur salée de la mer.

Tout respirait l'élégance et le raffinement, et pourtant, un malaise s'installa en moi presque immédiatement. Malgré la beauté du lieu et l'atmosphère légère qui régnait, je me sentais étrangement décalée, comme si je n'avais pas ma place dans cet univers somptueux. Les invités, vêtus de tenues impeccablement choisies, semblaient parfaitement à l'aise. Les hommes arboraient des costumes sobres mais élégants, tandis que les femmes, habillées de robes scintillantes, déambulaient avec assurance, leurs rires et conversations emplissant l'air de légèreté. Mon propre reflet, dans ma robe noire élégante, me paraissait soudain fade comparé à leur éclat.

Les regards se tournaient parfois vers moi, certains curieux, d'autres indifférents. Je ne ressentais pas d'hostilité, mais plutôt une distance subtile, comme si chacun était bien trop absorbé par son propre rôle dans cette mascarade mondaine. Mon frère, Fabio, déjà engagé dans une discussion animée, semblait m'avoir oubliée, riant et conversant comme s'il connaissait ces gens depuis toujours. Un sentiment d'abandon s'infiltra en moi, et la solitude que je tentais de refouler devint oppressante.

Je saisis une coupe de champagne d'un plateau qu'un serveur passait à ma portée, espérant que l'alcool atténuerait ce malaise qui me prenait à la gorge. Le liquide pétillant effleura mes lèvres et coula dans ma gorge, laissant une légère amertume en arrière-goût. Je savourai la sensation, essayant de m'y accrocher pour ne pas sombrer davantage dans mes pensées sombres. Pourtant, même cela ne parvint pas à apaiser cette tension qui s'installait en moi.

Je tentai de me mêler aux conversations, d'écouter les murmures qui se propageaient autour de moi, mais tout semblait futile. Le sentiment d'être une étrangère parmi eux était trop fort. Chaque éclat de rire, chaque échange d'une complicité évidente entre les convives renforçait ce sentiment de décalage. Je me demandais alors pourquoi j'étais venue ici, pourquoi j'avais pensé qu'une soirée mondaine pourrait me faire du bien. Peut-être n'étais-je pas faite pour ce monde, peut-être n'avais-je jamais su réellement y appartenir.

Ne pouvant plus supporter cette sensation d'étouffement, je décidai de m'éloigner. Je glissai discrètement hors du groupe, m'aventurant vers la plage elle-même, là où la mer m'appelait silencieusement. J'enlevai mes sandales, appréciant immédiatement la sensation du sable chaud sous mes pieds nus. C'était un contact simple, authentique, bien loin du faste artificiel de la fête. Le bruit des vagues qui léchaient doucement le rivage devint rapidement un baume pour mon esprit troublé. Chaque ressac, chaque souffle du vent semblait emporter avec lui une partie de ma tension.

Je marchai ainsi, les yeux fixés sur l'horizon qui se perdait dans l'infini. La mer était calme, sombre, presque mystérieuse sous le ciel étoilé. L'obscurité de la nuit embrassait la plage, ne laissant que quelques éclats de lumière provenant des étoiles et de la fête au loin. C'était un contraste saisissant : d'un côté, le tumulte joyeux des convives, de l'autre, la quiétude apaisante de la mer. Et là, entre ces deux mondes, moi, en équilibre précaire.

Les étoiles, petites lucioles dans l'immensité du ciel, brillaient faiblement mais fidèlement, comme des points de repère dans ma solitude. Je laissai mes pensées dériver, tentant d'oublier la soirée, les regards, le poids de mon propre isolement.

Alors que je m'enfonçais un peu plus loin sur la plage, profitant de la tranquillité, je sentis soudain une présence à côté de moi. Mon souffle se coupa un instant, et mon cœur accéléra. Je baissai les yeux, surprise par cette proximité inattendue, et c'est à ce moment-là que je percutai quelqu'un.

Je relevai brusquement la tête. Un homme se tenait devant moi, grand, avec des traits marqués et une présence intimidante. Ses cheveux noirs tombaient en mèches désordonnées autour de son visage, et son regard, sombre et perçant, sembla me scruter avec une intensité déroutante. Une aura de danger émanait de lui, palpable, comme une ombre menaçante dans la nuit.

Avant que je ne puisse réagir, un deuxième homme apparut derrière moi, bloquant toute possibilité de retraite. Mon corps se raidit instantanément, chaque fibre de mon être hurlant de panique. Mes jambes, pourtant, restaient figées, comme ancrées dans le sable.

- Que... que voulez-vous ? murmurai-je, ma voix à peine plus qu'un souffle.

Les hommes ne répondirent pas. L'un d'eux, celui aux cheveux noirs, s'approcha rapidement et saisit mon bras. Sa poigne était ferme, implacable. Mon cœur battait à tout rompre, et je tentai de me dégager, mais il était bien plus fort que moi.

Avant que je ne puisse comprendre ce qui se passait, je sentis une piqûre vive à la base de mon cou. Un éclair de douleur, puis... une étrange sensation d'engourdissement. Mon esprit se brouilla, mes pensées se dispersèrent. J'essayai de crier, de me débattre, mais mes forces me quittaient rapidement. Mes paupières devinrent lourdes, mes membres de plus en plus faibles.

Le monde autour de moi se mit à tourner. Les silhouettes des hommes se fondaient dans l'obscurité, devenant indistinctes. Tout s'éloignait, se dérobait sous moi. Mon esprit sombrait dans une noirceur implacable, tandis que la dernière chose que je vis avant de perdre conscience fut le regard glacial et impénétrable de l'homme qui m'avait saisie.

Puis, il n'y eut plus rien.

Le prix de la liberté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant