Chapitre 20

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Alice

Nous roulons en silence, seulement bercés par le ronronnement régulier du moteur. Le paysage défile à travers la fenêtre, mais mon esprit est ailleurs, loin des collines et des arbres que nous passons. Je suis avec Massimo, à ses côtés, mais une part de moi a encore du mal à comprendre comment j'en suis arrivée là. La vie peut prendre des tournants si imprévus, et cette nouvelle réalité me semble presque irréelle.

Je tourne la tête pour le regarder. Il conduit avec une assurance tranquille, ses mains fermement posées sur le volant, son regard fixé sur la route. Je l'observe en silence, cet homme qui, malgré tout, me trouble encore. Il y a quelque chose d'indéfinissable chez lui, cette intensité dans ses yeux, cette force brute qui dégage à la fois du danger et une étrange sécurité. C'est contradictoire, je le sais, mais tout avec Massimo l'est.

Nous approchons de la maison. Enfin, de sa maison. Je me demande comment je vais réussir à vivre là, après tout ce qu'il s'est passé, après ma fuite. Revenir, c'est presque comme accepter ce que je suis devenue, accepter que je n'ai plus le contrôle de ma vie. Mais à cet instant, il y a aussi une paix étrange qui s'installe en moi. Peut-être parce que, malgré ses excès, je sais qu'il tient à moi. Je le sens.

Lorsque nous arrivons, il gare la voiture devant l'entrée principale et éteint le moteur. L'instant d'après, un silence épais nous entoure.

- On est arrivés, murmure-t-il, comme si ces mots étaient inutiles, mais nécessaires pour rompre le silence.

Je prends une grande inspiration avant de sortir du véhicule. L'air est frais, et je frissonne légèrement. Peut-être est-ce dû à l'incertitude de la situation. Massimo contourne la voiture et me rejoint. Sa main se pose doucement sur mon dos, un geste protecteur, mais également une manière de me rappeler qu'il est là, qu'il me guide à nouveau.

- Viens, dit-il simplement.

Je le suis à l'intérieur, je me rends compte à quel point l'endroit est... vide. Pas vide de meubles ou de décorations, non. Mais vide de vie, de chaleur. Je me surprends à me demander si Massimo, dans toute sa force et son contrôle, ne vit pas dans une solitude qu'il n'admettrait jamais.

Je pose mon sac sur le sol, un peu perdue dans mes pensées. Il me regarde, attendant peut-être une réaction, une parole de ma part. Et alors que je cherche quoi dire, une idée me traverse l'esprit, simple mais apaisante. Une manière de créer un pont entre nous, quelque chose de plus léger après tant de tensions.

- Massimo... est-ce que tu veux que je te prépare quelque chose à manger ? demandai-je, un sourire timide aux lèvres.

Il semble surpris par ma proposition, comme si l'idée que je puisse faire quelque chose d'aussi banal que cuisiner pour lui ne lui avait jamais traversé l'esprit. Il fronce légèrement les sourcils, curieux.

- Cuisiner ? Toi ? dit-il en me dévisageant.

Je ris doucement, un peu nerveuse.

- Oui, je sais, ça peut paraître étrange vu tout ce qu'il s'est passé, mais... j'ai besoin de m'occuper, de faire quelque chose de normal. Et... je ne t'ai jamais dit, mais je suis pâtissière de métier.

Ses yeux s'agrandissent légèrement, comme s'il découvrait une part de moi qu'il ignorait jusque-là. Il se détend un peu, puis esquisse un sourire, l'un de ces sourires en coin qui m'a toujours troublée.

- Pâtissière ? Vraiment ? Je ne savais pas.

Je hoche la tête, un peu gênée d'admettre que, dans toute cette folie, nous n'avons jamais vraiment parlé de ces petites choses, ces détails qui font pourtant partie de qui je suis.

Le prix de la liberté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant