Chapitre 31

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Alice

Lorsque nous franchîmes la porte de notre maison, je me sentis soudainement submergée par une vague de fatigue. Chaque pas semblait plus difficile à faire que le précédent, et mes jambes vacillaient sous le poids de mon propre corps. Les bandages serrés autour de mes côtes, mes bras et mes jambes me rappelaient constamment la fragilité dans laquelle je me trouvais encore. Bien que l'entrepôt de Sergio m'ait offert une sécurité temporaire, revenir ici - chez nous - marquait un tournant. Un retour à la normale, ou du moins, à quelque chose qui y ressemblait.

Le salon était baigné dans une lumière douce, presque accueillante. Le mobilier, familier et rassurant, n'avait pas changé. Pourtant, quelque chose en moi était différent. Le silence pesait lourd, un contraste frappant avec l'agitation et le chaos des derniers jours. Mes yeux parcoururent la pièce, cherchant du réconfort dans la simplicité des objets du quotidien : le canapé, la table basse, une pile de livres que j'avais laissés traîner. Tout était en ordre, mais moi, je ne l'étais pas.

Massimo, toujours à mes côtés, referma doucement la porte derrière nous. Je pouvais sentir sa présence rassurante, comme un phare dans la tempête intérieure qui grondait en moi. Il me regarda attentivement, ses sourcils légèrement froncés, inquiet.

Tu veux t'asseoir, amore? demanda-t-il, sa voix douce mais teintée de cette préoccupation constante.

J'hochai la tête faiblement. Un simple geste, mais il lui suffisait. Massimo m'aida à me diriger vers le canapé. Chaque mouvement était une lutte contre la douleur qui irradiait de mes blessures. Mes côtes protestaient à chaque respiration plus profonde, et je devais me forcer à ne pas grimacer.

Je m'installai lentement, prenant soin de ne pas trop solliciter mon corps meurtri. Massimo s'accroupit devant moi, ses yeux plongeant dans les miens avec une intensité que je n'avais pas vue depuis longtemps. Il me prit la main, la serrant légèrement, comme s'il craignait que je disparaisse à tout moment.

Ça va aller, murmura-t-il, bien qu'il sache que ce n'était pas entièrement vrai. Rien n'allait vraiment bien. Pas encore. Mais ces mots étaient nécessaires. Pour lui, pour moi.

Je regardai autour de moi, essayant de retrouver ce sentiment de chez-soi qui m'avait toujours réconfortée. Mais il me paraissait étrangement lointain, comme si je regardais à travers une vitre embuée. Mon esprit était toujours embrouillé par les événements récents, les flashs de violence et de douleur encore trop présents pour que je puisse vraiment me détendre.

Je suis tellement fatiguée... murmurai-je, ma voix à peine audible.

Massimo hocha la tête en silence, comprenant que ce n'était pas seulement une fatigue physique. C'était une lassitude mentale, une usure de l'âme. Il ne dit rien, se contentant de se lever pour aller me chercher un verre d'eau et quelques comprimés que le médecin avait prescrits pour la douleur.

En attendant son retour, je fermai les yeux un instant. Le poids des derniers jours s'abattait sur moi comme une chape de plomb. Je pouvais encore sentir la froideur de l'entrepôt, entendre les voix, les menaces. Et Yoann... Ce visage que je ne pouvais effacer. Ce sourire glacial qu'il avait affiché lors du gala. Et puis, Antonio. Je n'avais pas encore trouvé le courage de parler de tout ce que j'avais vu, tout ce que j'avais enduré.

Quand Massimo revint avec les médicaments, je pris doucement le verre qu'il me tendait. Mes doigts tremblaient légèrement, signe de ma faiblesse persistante, mais je réussis à avaler les comprimés sans trop de difficulté.

Tu devrais te reposer un peu plus, suggéra-t-il en s'asseyant à côté de moi, sa main se posant délicatement sur ma cuisse. On peut monter à l'étage, le lit sera plus confortable.

Le prix de la liberté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant