Chapitre 19

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Massimo

Je ne savais pas combien de temps j'avais passé à l'attendre, à la guetter, dissimulé dans les ombres de cette forêt qui me paraissait plus hostile à chaque minute. La nuit avait été longue, froide, et pleine de questions auxquelles je n'avais aucune réponse. Mes pensées tournaient en boucle, passant de la colère à l'inquiétude, de la frustration à l'espoir. Pourquoi était-elle partie ?

Lorsque j'avais vu la lumière dans la petite cabane où elle logeait avec Angelo s'éteindre, j'avais pensé que c'était le moment. Mais non. Je ne pouvais pas me jeter sur elle ainsi, dans le noir, alors qu'elle était si vulnérable. Je ne voulais pas qu'elle me perçoive comme une menace, même si tout en moi bouillait de rage, de désir, et de désespoir.

Je m'étais endormi, ou du moins, j'avais essayé. Assis dans ma voiture, les fenêtres entrouvertes pour laisser entrer l'air frais de la nuit, j'avais écouté les bruits de la forêt qui s'éveillait autour de moi. Les branches craquant sous le poids des animaux nocturnes, le vent sifflant dans les feuilles, tout semblait plus vivant que jamais. Et pourtant, je me sentais mort à l'intérieur. Vide.

Le matin finit par pointer le bout de son nez, une lumière pâle filtrant à travers les arbres. C'est à ce moment-là que je l'ai vue sortir du chalet. Alice. Même de loin, je pouvais sentir l'apaisement qu'elle recherchait. Elle avançait lentement, son regard perdu, et je me suis dit que c'était peut-être le bon moment. Elle devait être seule. Angelo n'était pas là, et elle semblait vouloir s'éloigner, se vider l'esprit.

Je l'ai suivie.

À une distance respectueuse, bien sûr. Je ne voulais pas qu'elle me voie, pas encore. Mais je ne pouvais pas non plus la laisser s'éloigner trop, de peur qu'elle disparaisse à nouveau de ma vue, comme elle l'avait fait il y a quelques jours. Sa silhouette se détachait sur le chemin qui menait au lac, son pas était lent, presque hésitant. Elle portait un simple short en jean et un débardeur, ses cheveux attachés en un chignon lâche. Elle paraissait... différente. Plus fragile. Ou peut-être était-ce moi qui la voyais ainsi, maintenant que je savais à quel point elle pouvait me manquer.

Lorsque nous sommes arrivés près du lac, elle s'est arrêtée. Elle a regardé autour d'elle, probablement pour s'assurer qu'elle était seule, puis a commencé à se déshabiller. Mon cœur s'est serré dans ma poitrine. Elle allait se baigner. Juste là, devant moi, dans cette eau froide et limpide.

Elle enleva son short, puis son débardeur, révélant ses sous-vêtements. Même dans ce moment de vulnérabilité, elle était magnifique, et je ne pouvais détourner les yeux. Mais ce n'était pas de l'envie que je ressentais, c'était autre chose. Un mélange d'admiration, de chagrin et d'une douleur sourde que je ne pouvais pas nommer. J'étais en colère contre elle, bien sûr. En colère de l'avoir perdue, en colère qu'elle ait trouvé refuge auprès d'Angelo.

Elle entra dans l'eau lentement, son corps disparaissant peu à peu sous la surface. Elle se baigna en silence, ses mouvements gracieux créant des petites vagues autour d'elle. Et moi, j'attendais. Attendre était tout ce que je pouvais faire. Je ne pouvais pas l'aborder comme ça, pas alors qu'elle se trouvait dans ce moment de paix.

Les minutes passèrent. Je ne pouvais pas dire combien de temps exactement, mais lorsque je la vis émerger de l'eau, je sus que le moment était venu. Je sortis de l'ombre des arbres et avançai vers elle. Elle ne me vit pas tout de suite, mais quand elle releva la tête, ses yeux s'agrandirent de surprise.

- Massimo ? murmura-t-elle, comme si elle doutait de ce qu'elle voyait.

Je lui tendis ma veste sans un mot, tentant de cacher mon trouble. Elle hésita un instant, puis la prit, enroulant le tissu autour de ses épaules trempées. Ses yeux ne me quittaient pas, et je pouvais voir qu'elle se demandait pourquoi j'étais là, ce que je faisais.

Le prix de la liberté Où les histoires vivent. Découvrez maintenant