22 Slayer

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Vendredi soir. Enfin le weekend arrive. J'ai passé une semaine à me familiariser avec mon nouveau statut, je me suis noyé dans le travail entre les comptes de l'armurerie et la formation avec Law. Même si je connais le taff, apprendre à le faire au sein du club, sans trace écrite, c'est différent de ce que je fais à la boutique. Et tous les jours, mon poison est revenu s'injecter dans mes veines un peu plus chaque soir. Je savais qu'en la voyant quotidiennement, j'allais créer un lien, malgré la distance que je mets entre nous, elle est là, belle comme la nuit, souriante face à ma froideur, et je deviens dingue. Dingue d'elle, dingue de colère et finalement dingue de chagrin. Après Judith je m'étais promis de ne plus laisser ce connard de cœur gérer le côté émotionnel de ma vie mais en une journée auprès d'elle, malgré la découverte de son mec, il continue de battre en soufflant son prénom...

Dernière séance de la semaine, elle se démerde de mieux en mieux, ses tirs s'approchant dangereusement du centre. On n'a pas reparlé de ce deal entre nous. Pas besoin puisqu'elle a ce qui lui faut à la maison. Mais aujourd'hui, après une semaine où on a joué la comédie, Trinity a l'air remontée, en colère. J'aimerais lui demander si elle va bien, si je peux l'aider mais je repousse cette idée. Après ses tirs, je rappelle la cible. Elle fait de gros progrès et j'allais lui dire quand elle explose :

- Putain de merde je vais jamais y arriver !!!

- Tu rigoles, tu t'approches de plus en plus ! ça va venir...

- Je peux prendre mes cours avec Chelsea la semaine prochaine ?

- Euh... ouais si tu veux.

- Ok parfait. A bientôt !

Puis sans prévenir, elle se barre, me laissant comme un con. Je range le matos en rongeant mon frein... mais pas longtemps. D'un coup, un froid glacial descend le long de ma colonne vertébrale.

Ce froid je le connais, je le reconnais... C'est celui qui annonce une merde ! Je ne cherche pas à comprendre, je prends mon cuir, mes clés et j'essaie de rattraper la voiture de Trinity. Je ne sais pas d'où ça me vient, mais ce froid je l'ai senti pour la première fois il y a 10 ans, avant de m'engager, quand ma vie était encore rose. J'ai eu ce pressentiment alors je me suis dépêché de rentrer, certain que Judith avait un problème. J'avais 17 ans, j'étais jeune et con, mais surtout amoureux. Amoureux comme un fou de Judith. Alors quand j'ai ouvert la porte de chez ses parents, le seul problème qu'elle avait, c'était de me trouver une excuse pour expliquer qu'elle se trouve à poil sur mon frère à s'agiter sur sa queue. J'ai refermé la porte et je suis rentré chez moi. Le lendemain je montais dans le bus pour l'armée... Ensuite, ce même froid, je l'ai senti juste avant « l'incident » qui m'a obligé à revenir à la vie civile... Le souvenir me lance dans la jambe et je manque de tomber de moto. Je me gifle mentalement et me concentre sur la voiture de Trinity que je vois au loin. On est presque arrivé à Laveen, quand elle sera chez elle à bon port, je la laisserais entre les mains de son mec. Après ce ne sera plus mon problème.

Le dernier feu rouge avant sa rue, ce que je redoutais se déroule devant mes yeux sans que j'arrive assez vite. Un connard pète la vitre de sa portière pour la forcer à ouvrir, je crois qu'elle prend une beigne au passage, il la sort sans ménagement de la voiture, lui balançant un coup les côtes au passage, puis monte dans la voiture de Trinity, pendant que ses collègues montent également côté passager et derrière. Quand ma moto arrive à sa hauteur, j'ai le choix entre les prendre en chasse ou secourir Trinity : j'arrête la moto. Je descends la rejoindre.

- Trinity, ça va ?

- Non, laissez-moi...

- Trinity c'est moi, Slayer, j'ai pas pu arriver plus vite désolé...

Mayhem's Angels Tome 4 "Reculer pour mieux s'aimer"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant