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Les jours passent, et rien ne change vraiment. Chaque matin, je me réveille à ses côtés, espérant que la journée sera différente, mais le silence qui s'installe entre nous devient de plus en plus insupportable.

Inès est là, physiquement. Il est plus tactile qu'avant. Ses mains trouvent parfois les miennes, il frôle mon dos quand je passe à côté de lui, ou s'attarde un instant à poser sa main sur mon épaule. Des gestes qui devraient me réconforter, me donner l'impression qu'il est encore avec moi. Mais derrière chaque toucher, je ressens cette même distance. Froid. Comme s'il faisait tout ça machinalement, sans aucune profondeur.

Le matin, quand je me lève, je le trouve souvent assis sur le canapé ou devant son ordinateur. Il ne lève presque jamais les yeux quand j'entre dans la pièce. Parfois, je m'approche, je pose ma main sur son épaule ou j'essaie de l'embrasser, mais il se contente de hocher la tête ou de me sourire timidement. Rien qui ressemble à la passion que nous avions avant.

Je fais de mon mieux pour lui parler, pour briser cette carapace qu'il s'est forgée, mais à chaque tentative, c'est comme si je parlais dans le vide. Je me souviens d'une fois, ce matin-là.

Emy : Tu as bien dormi ?

Il était assis à la table, les yeux baissés sur son téléphone.

Inès : Ouais. Toi ?

Emy : Oui...

C'était toujours la même réponse. Un dialogue sans véritable échange. Juste des mots jetés en l'air. Et puis, après cette courte conversation, il s'était levé, s'était approché de moi, et avait déposé un léger baiser sur ma tempe. Pas un baiser passionné, mais juste une pression douce de ses lèvres. Encore une fois, sans chaleur.

Je l'avais regardé partir, le cœur serré. Son contact, ses gestes, tout était là en apparence, mais il manquait cette étincelle, cette connexion qui avait toujours fait battre nos cœurs en rythme. Maintenant, je sentais que je battais seule, dans un vide immense.

........

Les jours continuent de s'écouler. Un matin, il s'était rapproché de moi dans le lit. Un bras autour de ma taille, sa tête enfouie dans mes cheveux. Une étreinte douce, comme avant. J'avais presque cru, l'espace d'un instant, qu'il revenait. Que la barrière invisible qui nous séparait était enfin en train de tomber.

Mais quand je m'étais retournée pour le regarder, pour l'embrasser, il avait gardé ses yeux fixés sur le plafond. Il n'avait même pas esquissé un sourire. Et ce bras autour de moi, si tendre en apparence, avait soudainement semblé pesant, dénué de vie.

Inès : Je dois y aller.

Il s'était dégagé de l'étreinte presque aussitôt, quittant le lit sans un regard. Je m'étais retrouvée là, seule dans la chambre, le corps encore chaud de son contact, mais le cœur glacé par son absence émotionnelle.

........

Les conversations continuent d'être vides, banales. Chaque soir, je tente d'instaurer un vrai dialogue, mais il élude les questions sérieuses, comme s'il ne voulait pas, ou ne pouvait pas, s'ouvrir à moi.

Emy : On peut parler, Inès ?

Il était à la fenêtre, regardant la rue s'endormir sous les lumières des réverbères.

Inès : On parle, non ?

Sa voix était douce, mais creuse. Toujours creuse. Je ne savais même plus quoi répondre.

Il s'était retourné vers moi, avait avancé, et avait posé ses mains sur mes épaules, me caressant le bras avec des gestes lents. Des gestes si doux, si familiers, mais vides. C'était comme être caressée par un fantôme, par un souvenir de ce qu'il était, plutôt que l'homme que j'avais aimé. Il m'avait embrassée ensuite, un baiser à peine senti sur mes lèvres, avant de s'éloigner, prétextant qu'il était fatigué.

The mountainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant