The mountain

3

Le matin s'était levé avec cette étrange lourdeur, ce sentiment que quelque chose d'important allait se produire. Cela faisait maintenant deux mois et demi qu'Inès était parti pour l'Everest, et malgré mon désir de rester forte, l'absence devenait de plus en plus difficile à supporter. Chaque jour sans lui semblait s'étirer à l'infini.

Je me lève en sursaut, comme à mon habitude, Ace trottinant joyeusement à mes pieds. Ses petites pattes martèlent doucement le sol, son énergie contrastant avec la mienne. Je lui donne à manger et me prépare un café, scrutant une nouvelle fois mon téléphone en quête de nouvelles d'Inès. Rien.

Je passe la matinée à travailler, m'occupant de quelques mails pour des projets à venir, mais mon esprit est ailleurs. Inès hante mes pensées. Est-ce qu'il va bien ? Où est-il maintenant ? Son absence crée un vide immense que je ne parviens plus à combler, malgré tous mes efforts.

L'après-midi, je sors pour prendre un peu l'air, mais même les rues animées ne parviennent pas à me distraire. Tout me rappelle Inès. Chaque visage que je croise, chaque lieu où nous avons passé du temps ensemble. C'est comme si chaque détail de ma vie portait la trace de son absence.

Je fais quelques courses rapides, tentant de me concentrer sur des tâches banales. Mon cœur n'est plus vraiment là. Je sais que bientôt, il devra redescendre, mais l'attente est interminable. J'ai appris à vivre avec cette incertitude, mais aujourd'hui, elle semble peser encore plus lourd que d'habitude.

La soirée tombe rapidement, et comme à mon habitude depuis deux mois, je me blottis dans le canapé avec Ace, la télévision allumée en fond. Les heures passent sans que je m'en rende compte. Mes pensées sont absorbées par tout ce que je voudrais lui dire quand il reviendra. À quel point il m'a manqué. Combien j'ai eu peur pour lui. Mais aussi l'énorme fierté que je ressens d'être à ses côtés, même si le monde entier ignore notre histoire.

Soudain, un bruit à la porte. Mon cœur rate un battement. Ace dresse les oreilles, prêt à bondir. C'est peut-être un simple bruit... Mais non. La porte s'ouvre lentement, et je le vois. Là, debout dans l'encadrement, un sac sur l'épaule, Inès.

Je reste figée, la respiration coupée, incapable de croire que c'est réel. Après tout ce temps, il est enfin là.

Emy : Inès ?

Ma voix tremble à peine, faible, comme si j'avais peur que ce soit un rêve. Il sourit doucement, un sourire fatigué, mais vrai.

Inès : Salut.

Il pose son sac au sol et se baisse pour accueillir Ace, qui s'agite autour de lui, fou de joie. Moi, je n'ose toujours pas bouger. Il est là, devant moi, mais quelque chose semble... différent.

Emy : T'es rentré, je murmure enfin, mes jambes tremblantes tandis que je me lève pour aller vers lui.

Il hoche la tête, son sourire restant, mais ses yeux... ils sont ailleurs. Il avance vers moi, et je me laisse enfin aller dans ses bras. Son étreinte est là, physique, mais je ressens une distance, comme s'il était encore là-bas, sur cette montagne, loin de moi. J'essaie de ne pas m'y attarder, de simplement profiter de ce moment.

Emy : T'es enfin là, je répète, ma tête contre son épaule.

Inès : Oui... je suis là.

Sa voix est douce, mais un peu vide. Comme s'il avait du mal à réaliser lui aussi. Il me serre contre lui, mais quelque chose semble échapper à cette proximité. Il est avec moi, et pourtant... il paraît absent.

Je me détache légèrement pour le regarder, cherchant des réponses dans ses yeux.

Emy : Comment tu te sens ? Ça a été ?