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Le lendemain matin, je me réveille doucement, le visage enfoui dans l'oreiller. La lumière douce du soleil filtre à travers les rideaux, réchauffant la pièce d'une lueur dorée. Il règne un calme apaisant dans la maison, comme si le temps lui-même avait décidé de ralentir pour nous. Pendant un instant, je reste immobile, savourant cette sensation de bien-être, comme si tout le poids de ces derniers mois s'était envolé.

Je me tourne et le vois, allongé à côté de moi, son bras passé autour de ma taille. Son souffle est lent, apaisé. Inès dort encore. Il a l'air si calme, si différent du garçon tourmenté que j'ai vu hier soir, les larmes aux yeux. Pendant un moment, je l'observe, me rappelant à quel point j'aime cette simplicité entre nous. Ce genre de matin où tout semble si léger, si naturel.

Ace saute sur le lit, reniflant nos visages pour nous réveiller en douceur. Inès grogne doucement, ses yeux papillonnant avant de s'ouvrir. Il me sourit, ce sourire tendre et sincère que j'ai tant manqué.

Inès : Salut, murmure-t-il d'une voix encore enrouée de sommeil.

Emy : Salut, je réponds doucement, glissant une main dans ses cheveux.

Nous restons là, quelques minutes encore, à profiter de cette proximité retrouvée, bercés par ce silence paisible. Mais au fond de moi, je sais qu'il y a encore des choses à dire. Des non-dits, des explications nécessaires pour ne pas laisser ces blessures ressurgir.

Inès se redresse légèrement, appuyé sur son coude. Il me regarde avec une intensité que je connais bien, celle qu'il utilise quand il veut aborder quelque chose de sérieux.

Inès : Emy... Je pense qu'il faut qu'on parle. Vraiment.

Je hoche la tête.

Emy : Je sais.

Il se redresse complètement, s'asseyant contre la tête de lit, et je fais de même. Nous nous faisons face, Ace couché entre nous, sa tête reposant sur mes genoux.

Inès prend une profonde inspiration, son regard se perdant un instant, comme s'il cherchait ses mots.

Inès : Hier soir... je voulais te dire encore une fois combien je suis désolé. Pas seulement pour ce que j'ai fait, mais pour la manière dont je me suis éloigné de nous.

Je sens une boule dans ma gorge se former, mais je la retiens. Il doit parler, et je dois l'écouter.

Inès : Je me suis perdu là-haut, Emy. Il marque une pause, cherchant les bons mots. Je pensais que si j'arrivais à atteindre ce sommet, à accomplir ce rêve, tout le reste suivrait. Que ça prouverait quelque chose, à toi, à moi... Mais au lieu de ça, je me suis éloigné de toi. Et j'ai réalisé trop tard que ce n'était pas que la montagne que je voulais conquérir... c'était nous.

Je l'observe attentivement, mon cœur se serrant. Il continue, sa voix tremblant légèrement.

Inès : J'étais tellement concentré sur moi-même, sur cette foutue quête personnelle, que je n'ai pas vu ce qui comptait vraiment. Toi, Emy. Notre relation. J'ai cru que je pouvais tout gérer en même temps, mais je me suis trompé.

Je prends une profonde inspiration, sentant le poids de ses mots. C'est difficile à entendre, mais nécessaire.

Emy : J'ai ressenti ça, dis-je doucement. Que tu t'éloignais de nous, que tu te perdais dans cette quête. Et je ne savais pas quoi faire.

Inès me regarde, son regard rempli de regret.

Emy : Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu te sentais comme ça ? Je demande, ma voix tremblante. Pourquoi tu ne m'as pas parlé avant de partir ?

The mountainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant