Obsession Du Cœur

Chapitre 6 : Entre secrets et révélations

La semaine avait été longue et pleine de tensions à la maison. Léa avait passé ses journées en cours, essayant de réviser, mais ses pensées retournaient sans cesse à l'atelier d'écriture, à Marc, à leur dernière rencontre, et aux disputes constantes avec ses parents. Elle se sentait piégée entre ce qu'on attendait d'elle et ce qu'elle désirait profondément.

Le mercredi, en plein cours de mathématiques, elle reçut un message de Jade, une fille avec qui elle avait sympathisé lors de l'atelier : 

« Salut Léa, comment tu vas ? Tu ne devineras jamais ! Les organisateurs ont décidé de prolonger les ateliers d'écriture pour quelques séances de plus. Il y a une session ce samedi ! »

Son cœur fit un bond. L'atelier allait se poursuivre. Une nouvelle opportunité de revoir Marc se présentait à elle. Elle se mordit la lèvre, tentant de calmer les battements frénétiques de son cœur. Non, elle ne devait pas laisser ses émotions prendre le dessus. Sa situation familiale était déjà assez compliquée comme ça.

Léa hésita un instant, jetant un regard furtif à son téléphone sous la table. Elle répondit rapidement : 
« Salut Jade ! Super nouvelle. Franchement, je ne sais pas encore si je pourrai venir, mais je te tiens au courant. » 

Son esprit était partagé. Une part d’elle brûlait d’envie d’y aller, de retrouver cet espace où elle se sentait comprise. Et aussi... pour revoir Marc. Mais une autre part, plus rationnelle, lui rappelait que ses parents ne laisseraient pas cela passer. Après leur confrontation récente, ils allaient la surveiller de près, surtout le week-end.

Elle soupira, son regard se perdant à travers la fenêtre. Elle savait pourtant déjà ce qu'elle ferait. Elle ne pouvait pas abandonner l'atelier, ni Marc, même si cela signifiait devoir mentir ou se faufiler en douce.

---

Le samedi arriva plus vite que prévu. Dès son réveil, une angoisse sourde s’empara de Léa. Elle savait que ses parents la scruteraient de près aujourd’hui. Impossible de s’éclipser discrètement comme la dernière fois.

Le petit-déjeuner fut silencieux. Julie et Laurent échangeaient des regards complices sans vraiment lui parler. Léa, nerveuse, déplaça ses céréales dans son bol, redoutant la question inévitable.

« Alors, Léa ? » lança finalement sa mère d’un ton neutre, posant sa tasse de café. « J'espère que tu ne comptes pas aller à cet atelier aujourd'hui. »

Léa fronça les sourcils, cherchant une excuse.
Elle n’avait pas prévu de leur dire la vérité. 

« Non, maman. J’ai prévu de réviser avec Élodie. » Sa voix était calme, presque désinvolte, espérant que cela suffirait.

Mais Julie croisa les bras, son regard perçant. 
« Tu nous as déjà menti la dernière fois. Cette fois, je te dépose chez Élodie. »

Le choc de Léa fut palpable. Elle ne s'attendait pas à ce que sa mère aille aussi loin. « Mais… » tenta-t-elle de protester, avant d’être coupée net.

« Pas de "mais", Léa. Termine ton petit-déjeuner, on y va. »

Le cœur lourd, Léa comprit qu’il n’y avait aucun moyen de faire changer sa mère d’avis. Elle finit son bol sans appétit, puis remonta dans sa chambre pour prendre son sac.  Un message d'Élodie clignotait sur son téléphone.

« Tu viens cet aprèm ? Mes parents ne seront pas là avant tard ce soir. On pourra mater des films et commander des pizzas ! »

Bien que déçue de ne pas pouvoir aller à l'atelier, Léa réalisa que passer la journée avec Élodie n’était pas une si mauvaise option. Au moins, elle échapperait à la surveillance de ses parents.

« J’arrive ! » répondit-elle rapidement avant de descendre.

---

Devant la maison d’Élodie, Léa s'arrêta un instant pour admirer la demeure imposante. La chaleur et le confort qui s’en dégageaient contrastaient violemment avec l’atmosphère pesante de chez elle. Elle frappa doucement à la porte, et Élodie ouvrit presque immédiatement, un grand sourire aux lèvres.

« Salut Léa ! J’ai préparé des snacks, et j'ai déjà sélectionné quelques films. Tu vas kiffer ! »

Léa sourit en retour, soulagée de pouvoir enfin se détendre. Elle entra dans la maison, impressionnée une fois de plus par la décoration chaleureuse et les photos de famille accrochées aux murs. Une photo attira brièvement son attention, mais elle préféra suivre Élodie jusqu’au salon, sans y jeter un coup d'oeil.

« J’ai fait du chocolat chaud, c’est parfait pour un marathon de films ! » lança Élodie joyeusement.

Les deux amies s'installèrent confortablement sur le canapé, et rapidement, leurs conversations devinrent légères et insouciantes. Élodie avait ce don de faire oublier à Léa tous ses soucis. Elles discutèrent des cours, des potins du lycée, et même des professeurs ennuyeux.

« Franchement, notre prof de maths, il est tellement barbant que je pourrais m’endormir en plein cours ! Déjà que j'aimais pas cette matière. » plaisanta Élodie, faisant éclater Léa de rire.

Ces moments simples étaient un véritable baume pour Léa. La tension de la semaine s'évaporait peu à peu, et elle se sentait de plus en plus à l’aise. Pourtant, alors qu’elle se levait pour attraper une couverture, son regard se posa à nouveau sur une photo sur l’étagère. Cette fois-ci, elle ne put l’ignorer.

C’était une photo d’Élodie plus jeune avec un homme. Un homme qu’elle reconnaissait bien, même si il semble beaucoup plus jeune sur la photo. Marc.

Son cœur s’arrêta une fraction de seconde. Elle sentit une vague de confusion l'envahir. Comment n'avait-elle pas vu cela plus tôt ? Marc, l’homme qui occupait toutes ses pensées, était le père d’Élodie. Cela changeait tout.

Léa se retourna brusquement vers Élodie, essayant de cacher son trouble. Elle ne pouvait pas lui dire ce qu’elle ressentait. Pas maintenant. Pas alors qu’elle venait de découvrir un lien qu’elle n'avait jamais imaginé.

« Ça va ? » demanda Élodie en remarquant l’expression troublée de son amie.

Léa sourit timidement, tentant de dissimuler son malaise. 
« Oui, je... je vais juste aux toilettes. »

Elle se précipita dans la salle de bains, se regardant dans le miroir, le souffle court. Ses pensées tourbillonnaient. Comment allait-elle gérer cette nouvelle réalité ? Elle avait développé des sentiments pour un homme qui n’était autre que le père de sa meilleure amie. Une situation déjà délicate qui devenait maintenant presque impossible à gérer.

Elle prit quelques minutes pour reprendre son souffle et essayer de calmer son esprit. Puis, se redressant, elle quitta la salle de bains. Faire comme si de rien n'était serait difficile, mais pour le moment, elle n’avait pas d’autre choix.

Lorsqu’elle rejoignit Élodie dans le salon, elle fit de son mieux pour cacher son trouble, mais au fond d’elle, Léa savait que plus rien ne serait comme avant.