Chapitre 5 : Des sentiments confus

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Marc, concentré sur son livre, ne l’avait pas encore remarquée. Léa hésita à se lever et partir, comme si elle craignait d’être prise en flagrant délit de rêverie. Mais avant qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit, il leva la tête et leurs regards se croisèrent. Un sourire de surprise éclaira son visage.

« Léa, c'est ça ? Salut ! Quelle coïncidence, je ne m’attendais pas à te voir ici », dit-il en s’approchant d’elle.

Léa sentit son cœur s’emballer. Elle tenta de dissimuler sa nervosité derrière un sourire maladroit.

« Salut… moi non plus, je ne pensais pas vous revoir... enfin, ici », balbutia-t-elle, ses joues légèrement rosies.

Marc sourit, un peu amusé. Il semblait détendu, comme si cette rencontre inattendue ne l’affectait pas autant qu’elle. Il s’assit à côté d’elle, toujours avec cette aisance naturelle qu’elle lui avait déjà remarquée à l’atelier.

« Je viens souvent ici pour avoir des idées mais pour lire aussi », expliqua-t-il en levant son livre.  « C’est un endroit tranquille, parfait pour se concentrer et réfléchir ».

Léa hocha la tête, essayant de retrouver ses esprits. Elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander pourquoi le destin les avait à nouveau réunis. Était-ce vraiment une simple coïncidence ? Ou y avait-il une raison plus profonde ? Ces pensées se bousculaient dans son esprit, mais elle ne trouvait pas de réponse claire.

Marc s’assit à côté d'elle sur le banc. Son regard était calme, posé, mais Léa avait l’impression qu’il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Ils restèrent un moment silencieux, à observer les feuilles tomber doucement autour d'eux. Les arbres, vêtus de leur feuillage automnal, créaient une atmosphère presque magique, apaisante, mais en même temps, la proximité avec Marc rendait Léa nerveuse.

« Il y a quelque chose dans le silence de la nature qui aide à clarifier les pensées », dit Marc doucement, brisant le calme.

Léa hocha la tête, mais ses pensées étaient tout sauf claires. Elle jetait des regards discrets à Marc, étudiant ses traits : ses yeux concentrés, son sourire léger. Il semblait si calme, si sûr de lui, une qualité qu’elle admirait profondément. Elle se demanda brièvement ce que Marc pensait d’elle, mais repoussa rapidement cette idée, ne voulant pas s’embarrasser de telles questions.

« Tu sembles préoccupée », ajouta-t-il après un moment, brisant à nouveau le silence.  « Quelque chose te tracasse ? »

Léa hésita. Devait-elle lui parler de ce qui la tourmentait, ou était-ce trop personnel ? D’une certaine manière, elle se sentait en sécurité avec lui, même si elle ne le connaissait que depuis peu. Mais il y avait aussi ce sentiment grandissant en elle, quelque chose de plus profond que l’admiration. Était-elle prête à l’accepter ?

« C’est compliqué », avoua-t-elle finalement.  « J’ai l’impression de ne pas être à ma place... dans ma famille, dans mes études... parfois même dans ce que j'aime faire. J’écris, mais je doute souvent ».

Marc resta silencieux un instant, comme s'il pesait ses mots. Son regard s’attarda sur les feuilles tombantes, comme s’il réfléchissait aux bonnes paroles à dire.

« Parfois, il faut s'accorder le droit de ne pas tout comprendre tout de suite », répondit-il enfin.  « Le fait que tu ressentes cela montre que tu te questionnes, et c’est une bonne chose. Ce n’est pas facile, mais c’est souvent à travers ces moments de confusion que les plus grandes révélations se font ».

Léa regarda Marc, touchée par ses paroles. Il ne cherchait pas à la rassurer avec des clichés ou à minimiser ce qu'elle ressentait. Il reconnaissait la complexité de ses émotions, et cela la réconforta plus qu’elle ne s'y attendait. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, et elle se rendit compte qu'elle se sentait un peu plus légère, comme si cette conversation lui avait retiré un poids de la poitrine.

« Merci », murmura-t-elle, reconnaissante.

Ils échangèrent quelques banalités sur le parc, le temps, et Léa réalisa qu’elle se sentait de plus en plus à l’aise en sa présence. Pourtant, son cœur continuait de battre trop vite, ses pensées tourbillonnaient. Ce n’était plus la simple admiration qu’elle avait ressentie pour lui lors de l’atelier. Il y avait autre chose, une attirance plus profonde qu’elle commençait tout juste à comprendre. Ses mains étaient légèrement moites, son corps tendu. Elle évita de trop réfléchir, essayant de rester dans l’instant présent.

« Je suis content de te revoir, avoua Marc. L’atelier d’écriture était sympa, et je dois dire que j’ai apprécié ta participation. Tu as du talent, Léa ».

Ses paroles résonnèrent en elle comme une douce mélodie, et elle sentit ses joues chauffer encore plus.

Elle baissa les yeux, troublée. « Merci… c’était une belle expérience. Mais je ne pensais pas vous revoir. Je pensais que c’était juste... un atelier comme ça, une fois ».

Marc sourit, mais cette fois, son regard se fit plus doux, plus intense. « Peut-être qu’il y aura encore une autre fois, dit-il d'un ton léger, avec un sourire sincère ».

Léa ne savait quoi répondre. Elle sentit son cœur se serrer. Elle ne savait pas si elle voulait réellement encore le revoir. Cette rencontre inattendue dans le parc venait de tout bouleverser, créant en elle des sentiments qu'elle ne voulait pas. Elle se mordilla la lèvre, hésitante, le regard perdu dans les feuilles mortes qui jonchaient le sol.

Marc se leva après un moment, sans pression, comme s'il ne voulait pas la retenir plus longtemps.

« Je vais te laisser à tes réflexions », dit-il doucement, avec ce sourire toujours accroché à ses lèvres. « À la prochaine, Léa ».

Léa acquiesça, incapable de trouver les mots. Elle le regarda s’éloigner, son cœur battant toujours la chamade. Une part d’elle se sentait soulagée de le voir partir, de pouvoir enfin se retrouver seule avec ses pensées. Mais une autre part regrettait déjà sa présence, son aura rassurante. C’était le début de quelque chose. Elle le sentait, mais elle n’était pas encore prête à y faire face. Pourtant, une part d’elle ne pouvait s’empêcher de vouloir plus de ces moments volés avec lui, même si elle savait que cela ne ferait que compliquer encore davantage sa vie.

Les rayons du soleil couchant perçaient à travers les arbres, projetant des ombres longues sur le sol. Léa ferma les yeux un instant, respirant profondément. Son monde intérieur était en ébullition, et elle se demandait combien de temps encore elle pourrait ignorer ces sentiments contradictoires qui grandissaient en elle.

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