Obsession Du Cœur

Chapitre 4 : Évasion

Léa était encore dans le brouillard lorsque le son de son réveil l’extirpa de son sommeil. Elle tapa dessus d’un geste agacé et s’enroula davantage dans ses couvertures. Après avoir traîné quelques minutes supplémentaires, elle finit par se lever. Elle se dirigea vers la salle de bain, croisant Emma dans le couloir. Sa petite sœur était déjà prête pour l’école et elle lui lança un peu inquiète. « Salut, Léa ! T’as l’air toute pâle. »

« Ouais, c’est parce que j’ai pas assez dormi, » répondit Léa en essayant de ne rien laisser paraître. Emma n’avait pas besoin de savoir que ses pensées étaient ailleurs. Toujours plus organisée, sa petite sœur ne comprenait probablement même pas le chaos que Léa ressentait intérieurement ces jours-ci. Entre ses parents, l’atelier, Marc… Tout devenait un tourbillon d’émotions difficiles à gérer.

En descendant les escaliers, Léa sentit une boule se former dans son ventre. Ses parents étaient déjà à table, en train de finir leur petit-déjeuner. L'atmosphère était lourde, comme si la tension de la veille n'avait pas quitté la maison pendant la nuit.

Laurent fut le premier à lever les yeux vers elle. « Salut, Léa. Bien dormi ? »

Elle haussa les épaules. « Ça va. »

Julie, sa mère, ne lui accorda qu’un regard rapide avant de se concentrer sur son assiette. « J’espère que tu as bien réfléchi suite à notre discussion d’hier. »

Le cœur de Léa se serra. Elle avait espéré que ce sujet ne reviendrait pas tout de suite, mais c’était inévitable. Elle s’assit en silence, prenant un morceau de pain sans réelle envie de manger.

Léa soupira, posant son pain. « Oui et j’ai bien compris que mes études étaient plus importantes pour vous que mon bien être »

Julie croisa les bras, le visage dur. « On n'a jamais dit ça, Léa ! Mais on te dit que tu devais te concentrer sur tes études car tes résultats sont en baisse. Ce n’est pas le moment de t’éparpiller. »

Laurent, plus modéré, prit la parole à son tour. « Écoute, Léa, on ne te demande pas d’abandonner tes passions. Mais tu dois trouver un équilibre. Ce que ta mère veut dire, c’est qu’il est essentiel que tu donnes la priorité à tes révisions pour le moment. »

Emma, assise silencieusement à côté, regardait la scène avec une expression gênée. Elle savait que les disputes entre Léa et leurs parents devenaient fréquentes, mais elle n’intervenait jamais.

Léa sentit la colère monter en elle. « Vous ne m’écoutez jamais ! Vous comparez toujours tout à mes études, à Emma, comme si j’étais incapable de faire autre chose correctement. Mais ce que je veux, c’est écrire. Et vous ne pouvez pas me comprendre. »

Le silence s’installa. Julie échangea un regard rapide avec Laurent avant de dire posément « On ne te compare pas à Emma. Mais regarde où elle en est. Elle est sérieuse, elle s’investit dans ses cours. C’est tout ce qu’on attend de toi, Léa. »

Cette fois, Léa ne put retenir sa révolte. « Non, vous la comparez tout le temps à moi. Emma est parfaite à vos yeux, et moi, je suis celle qui vous déçoit. C’est comme ça depuis toujours. »

Sans attendre de réponse, elle se leva brusquement de la table, ramassant son sac et sortant précipitamment. Derrière elle, elle entendit sa mère l’appeler, mais elle ne se retourna pas. Il fallait qu’elle sorte, qu’elle prenne l’air. Rester enfermée dans cette maison était devenu insupportable.

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Léa passa la matinée à déambuler sans but précis, évitant le plus possible de réfléchir à la situation. Elle envoya un rapide message à Élodie pour lui dire qu’elle ne serait pas au lycée aujourd’hui, prétextant une migraine. Son amie lui répondit qu’elle espérait qu’elle irait mieux rapidement, sans poser plus de questions. Heureusement, Élodie ne cherchait pas à savoir plus. Léa n’était pas prête à lui parler de tout ça.

Vers midi, Léa se retrouva à marcher sans but vers un coin isolé du parc, celui qu’elle aimait visiter quand elle avait besoin de calme. Elle s’assit sur un banc, observant les feuilles qui tombaient doucement des arbres autour d’elle. Elle laissa ses pensées vagabonder jusqu'à l'atelier d'écriture. Ce jour-là, elle s'était sentie incroyablement bien, loin de ses problèmes, des tensions familiales, et surtout de ses parents. Elle ne comprenait toujours pas pourquoi ils s'opposaient autant à ses passions.

Mais au-delà de tout cela, elle n'avait cessé de repenser à Marc. Ses paroles lui revenaient sans cesse en tête. Sans même la connaître, il avait ravivé quelque chose en elle, une confiance qu’elle avait presque perdue.  Ils ne s'étaient rencontrés qu'une seule fois, mais il avait laissé une impression si profonde en elle qu'il lui semblait impossible de l'oublier, même si elle se disait qu'elle ne le reverrait probablement jamais.

Elle fixait les arbres sans vraiment les voir, plongée dans ses pensées, quand un mouvement au coin de son œil attira son attention. Son cœur rata un battement. C’était lui. Marc était là, marchant dans sa direction, un livre à la main. Léa se figea, incapable de croire à cette coïncidence. Elle cligna des yeux plusieurs fois, comme si elle s’attendait à ce qu’il disparaisse. Mais non, il était bien là, se dirigeant lentement vers elle.

Pourquoi était-il là ? Se baladait-il souvent dans ce parc ? Léa se sentit nerveuse, presque prise au dépourvu. Elle n’avait pas imaginé le revoir, et certainement pas dans un endroit aussi inattendu.