Chapitre 3

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Luna

Notre maison de disques avait réservé un espace dans un immeuble commercial, avec des salles de danse et des studios d'enregistrement où on pouvait bosser tranquille. À quelques pâtés de maisons, y avait l'hôtel où on logeait. Toute l'équipe du groupe et les danseurs restaient toujours au même endroit que moi, sauf quand y avait plus de place.

Je me suis arrêtée à la première cafétéria que j'ai trouvée, je suis entrée et j'ai appelé mon frère.

— Salut, p'tite sœur, ça va ?

— Non. — J'ai répondu direct, en commençant à pleurer.

— Qu'est-ce qui se passe, Lu ? Dis-moi, ça va aller. Je lui ai raconté tout ce qui s'était passé et comment je me sentais par rapport à ça. J'ai parlé de mes sentiments pour Amanda et de toutes les questions qui me tourmentaient.

— D'abord, tu dois parler à tes danseuses. Explique-toi et excuse-toi. C'est toi la boss, et ils ont besoin de savoir qui prend les décisions. Une fois que c'est fait, parle à ta copine, dis-lui ce que tu ressens, puis rappelle-lui qui dirige sur le plan artistique. Lu, le perso et le pro, ça doit pas se mélanger. T'es sur la bonne voie.

— D'accord, merci de m'avoir écoutée et désolée de te déranger.

— Tu me déranges pas du tout. Tu sais que tu peux m'appeler quand tu veux, je serai toujours là pour toi, p'tite sœur. Je t'aime.

— Je t'aime aussi, Gui. Tu viens à mon concert cette semaine ?

— Je serai là, sur scène, à te regarder.

J'ai raccroché et, après avoir parlé avec mon frère, j'ai retrouvé la confiance pour prendre les décisions que je devais. Je suis allée direct à l'hôtel, et après avoir frappé à la porte des jumelles, Pérola a ouvert et m'a fait entrer. On a eu une discussion franche, et elles ont confirmé tout ce que Luan avait dit, ajoutant quelques trucs qu'on n'avait pas encore évoqués.

Blenda avait les yeux gonflés d'avoir pleuré et m'a pris dans ses bras en s'excusant quand je me suis assise sur son lit. Elle m'a raconté qu'Amanda l'avait traitée de "conne" et "stupide" parce qu'elle n'arrivait pas à suivre les pas qu'elle avait créés. Pérola avait essayé de défendre sa sœur, mais les autres l'avaient retenue. Pour éviter plus d'embrouilles, Blenda avait préféré partir, suivie de sa sœur.

— Inquiétez-vous pas. Je veux vous deux à la répète cet après-midi. Je vais parler à tout le monde et régler cette histoire.

— Désolée, Luna. On voulait pas causer de problèmes. On sait qu'elle est ta copine.

— Copine ou pas, c'est mon nom qu'on voit sur l'affiche. C'est moi qui prends les décisions ici.

Amanda ne m'avait pas appelé ni envoyé de messages dans la matinée. L'après-midi, je suis allée au studio où on répétait et, dès que j'ai franchi la porte, j'ai entendu ses cris furieux.

— JE VOUS AVAIS DIT DE PAS REVENIR ! VOUS ÊTES SOURDES OU QUOI ? DÉGAGEZ !

— Qui t'a autorisée à les virer ? — J'ai demandé.

Amanda s'est retournée, surprise de me voir là. Les membres du groupe étaient debout, près des jumelles. J'avais demandé qu'ils m'appellent dès qu'elle arriverait.

— Luna ? Je savais pas que tu venais aujourd'hui.

— Et alors ? Qu'est-ce que ça change ? Maintenant, j'aimerais savoir pourquoi tu vires mes employées sans m'en parler, Amanda.

— Chérie, tu comprends pas. Hier, ces deux-là ont essayé de m'agresser.

— Mon nom, c'est Luna, et tu devrais savoir que je supporte pas les tyrans.

Luna (Version Française)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant