Chapitre 8

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En sortant du bâtiment, Éléonore avait l'impression que tout s'effondrait autour d'elle. Chaque révélation, chaque regard la plongeait un peu plus dans un abîme d'angoisse. "Merde, qu'est-ce que je fous là ? Tout ça va trop loin." Elle se sentait piégée dans cette académie, cernée par des secrets, des mensonges, et des menaces à peine voilées. Plus elle avançait, plus l'image de sa mère se brouillait. "Est-ce que maman a vécu tout ça aussi ? Est-ce pour ça que papa s'est fâché quand j'ai décidé de venir ici ?"

Éléonore tentait de chasser ces pensées, mais elles revenaient sans cesse. La seule personne à qui elle pouvait parler était Azura. Mais depuis quelques jours, leur relation s'était glacée. Elle se sentait isolée, même auprès de celle qu'elle considérait comme sa sœur de cœur. "Je dois arranger ça. Je dois lui parler."

Elle monta les escaliers menant à leur chambre, son esprit bouillonnant d'émotions refoulées. Dès qu'elle franchit la porte, Azura lui lança un regard glacial, toujours aussi distante, comme si elle s'était murée derrière un mur d'indifférence.

Éléonore sentit une montée d'agacement. Elle n'en pouvait plus de cette froideur, surtout pas de la part de celle qui aurait dû la soutenir.

"- Lucy est mon amie, et c'est comme ça," lâcha Éléonore d'une voix sèche, ses mains crispées le long de son corps. Elle cherchait une réaction, n'importe quoi pour briser cette glace. Mais Azura ne bougea pas, ne laissa transparaître aucune émotion. Cela attisa encore plus la colère d'Éléonore.

"- Mais toi, c'est différent !" continua-t-elle, sa voix se faisant plus forte. "Toi, tu es ma sœur de cœur !"

Toujours aucun signe de réaction de la part d'Azura. Éléonore, frustrée, sentit ses nerfs lâcher.

"- Les sœurs de cœur... elles se respectent. Elles n'abusent pas de l'autre en la frappant quand elles sont en colère !"

À ces mots, Azura tressaillit légèrement, comme un tremblement imperceptible. Mais Éléonore le remarqua immédiatement. Quelque chose changeait dans l'air. "Elle est au courant pour Irina." Azura se tourna lentement vers elle, son regard s'assombrissant, mais elle évitait toujours les yeux perçants d'Éléonore.

"- Comment tu sais ça ?" demanda Azura, sa voix plus dure qu'à l'accoutumée.

Éléonore, encore sous le coup de la colère, ne répondit pas immédiatement. Elle sentait que quelque chose de plus grand se tramait, mais elle ne savait pas exactement quoi. Elle lâcha alors d'une voix accusatrice :

"- Parce que vous êtes tous des dégénérés ici ! Qui sait ce que toi, tu caches ? Qui dit que tu n'as pas trempé dans des trucs louches, toi aussi ?!"

Azura se raidit, mais resta silencieuse pendant quelques secondes. Puis, après un long soupir, elle détourna les yeux, comme si elle portait un fardeau trop lourd à supporter seule.

"- Je ne frappe personne, Éléonore. Et je n'ai jamais participé à leurs... affaires. Mais je ne suis pas aveugle. Contrairement à toi, qui as été transférée ici récemment, j'ai grandi dans cette académie. J'ai vu des choses, entendu des histoires. Il y a eu des curieux avant toi... et certains ont payé cher pour leur curiosité."

Éléonore, touchée par la gravité des paroles d'Azura, la fixa, ses yeux verts reflétant une incompréhension mêlée d'inquiétude. Elle s'approcha d'Azura, cherchant des réponses à toutes ces énigmes. "- Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit avant ?"

Azura tourna lentement la tête, ses yeux bleus fuyant toujours le regard perçant d'Éléonore. "- Parce que je ne voulais pas que tu te fasses aspirer par tout ça. Je me suis contentée de lire, Éléonore. Lire ce que d'autres ont laissé derrière eux. Des livres, des journaux... écrits à la main, par des élèves anonymes. Ils ont cherché à comprendre ce qui se passe vraiment ici, mais aucun d'eux n'a trouvé de réponses claires."

Ecumes et CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant