Chapitre 17

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Tout s'était passé si vite qu'Éléonore ne reprit pleinement conscience qu'après une bonne heure. Elle était allongée, nue sous les draps, tandis que Frieda, déjà habillée, se tenait près de la fenêtre, fixant calmement quelque chose à l'extérieur. L'atmosphère dans la pièce était lourde, pesante. Éléonore tenta de bouger, mais une douleur vive traversa son corps, lui arrachant un grognement de souffrance. Frieda tourna la tête vers elle, un sourire doux sur les lèvres, presque comme si rien d'anormal ne s'était produit.

— « Tu émerge enfin, » murmura Frieda. « C'était ta première fois, à ce que j'ai vu. »

Ces mots frappèrent Éléonore de plein fouet, et les souvenirs de ce qui s'était passé déferlèrent en elle. Elle se rappela les caresses, la possessivité, la force de Frieda qui l'avait submergée. Frieda lui avait pris bien plus que son premier baiser. Elle lui avait pris son corps, sans qu'Éléonore ne puisse donner son véritable consentement. Une larme roula silencieusement sur sa joue. Est-ce ça, l'amour ? se demanda-t-elle, perdue dans ce mélange de confusion et de douleur.

Tentant de cacher son tourment, elle offrit à Frieda un pâle sourire, un geste désespéré pour apaiser la tension qui régnait. Mais ce sourire ne suffisait pas. Frieda se raidit immédiatement, son regard se durcissant.

— « Ça ne t'a pas plu ? » demanda-t-elle brusquement, son ton devenant plus froid, presque menaçant. « Tu ne m'aimes plus ? »

Éléonore comprit à cet instant que Frieda n'était pas seulement une personne avec des sentiments complexes. Elle était dangereuse, imprévisible, capable de se montrer douce puis terrifiante en un instant. Pourtant, malgré cette prise de conscience, une partie d'elle-même voulait encore rester à ses côtés. Une étrange dualité la tiraillait : la peur et l'attirance.

— « Si, évidemment... » balbutia Éléonore. « J'aurais juste aimé... être préparée. »

Frieda sembla apaisée par cette réponse. Elle s'approcha et, avec une douceur presque incongrue, l'aida à se redresser et à se rhabiller, comme si l'acte précédent n'avait été qu'une simple formalité. Éléonore se laissa faire, toujours engourdie par les événements, se réfugiant malgré tout dans les bras de Frieda.

Une fois debout, elles se tournèrent toutes les deux vers la fenêtre. Dehors, une scène agitée se déroulait sous leurs yeux. Diana était là, visiblement en colère, s'en prenant au père de Klara. À ses côtés se tenait une femme qui ressemblait trait pour trait à Klara, des lunettes de soleil couvrant ses yeux, mais dégageant une aura de pouvoir et de richesse écrasante.

Éléonore tourna la tête vers Frieda, une lueur d'inquiétude dans les yeux, et murmura :

— « Tu sais qui c'est ? »

Frieda ne répondit pas immédiatement, se contentant de l'embrasser avec une possessivité tendre, la serrant fermement contre elle. Puis, dans un murmure presque nonchalant, elle répondit :

— « Évidemment, c'est Natalya Ivanova. La femme russe la plus redoutée d'Europe. Si elle se déplace jusqu'ici, c'est que quelque chose l'intéresse. »

Éléonore fronça les sourcils, une vague d'inquiétude traversant son esprit.

— « Je croyais que c'était son père qui gérait tout... »

Frieda lâcha un petit rire, presque moqueur.

— « Non, son père ? Il n'est qu'un jouet, un pion sur son échiquier. »

Le regard d'Éléonore retourna vers la scène à l'extérieur. La tension entre Diana et Natalya Ivanova se faisait palpable, et un sentiment de peur s'empara d'elle. Elle s'inquiétait pour Diana, qui se retrouvait face à ce danger imminent. Se dégageant doucement des bras de Frieda, elle se rappela soudain que sa broche manquait. Après un rapide coup d'œil dans la pièce, elle la retrouva posée sur le bureau. Elle s'approcha et la raccrocha soigneusement à son col. C'était plus qu'un simple bijou pour elle ; c'était un symbole, un lien avec sa mère.

Ecumes et CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant