Chapitre 15

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Tout s'était passé si vite. Les jours suivant la mort d'Irina furent chaotiques, marqués par l'arrivée de la police et de plusieurs personnalités influentes, des membres de familles puissantes, venus enquêter sur ce drame. Malgré les investigations, les interrogatoires et les murmures qui circulaient dans les couloirs, personne ne semblait réellement savoir ce qui s'était passé ce jour-là. Les rumeurs, pourtant, allaient bon train. Certains disaient que Klara avait fini par brutaliser Irina une fois de trop, que cela correspondait bien à son tempérament cruel. Mais la police n'avait même pas pris la peine de la questionner.

Éléonore comprit très vite pourquoi. Le père de Klara était présent, imposant, le visage fermé et sévère, supervisant tout aux côtés du directeur. Ce dernier, habituellement si autoritaire, baissait la tête, semblant craindre quelque chose, comme un enfant pris en faute. La simple présence du père de Klara suffisait à maintenir une emprise silencieuse sur l'établissement.

Des parents étaient venus pour voir leurs enfants, certains visiblement inquiets, d'autres gardant une distance froide. Mais pour Éléonore, personne. Personne ne s'était déplacé pour elle. Azura, elle, avait eu la visite de sa mère, et Éléonore s'était alors retrouvée seule, errant dans un silence pesant.

La seule échappatoire qu'Éléonore trouva fut de se réfugier dans les écuries, auprès de Silver. Le cheval, avec sa présence douce et apaisante, était le seul à lui offrir un semblant de réconfort au milieu du tumulte. Elle passait de longues heures à ses côtés, caressant sa crinière ou simplement restant près de lui, appréciant le silence rassurant qui régnait dans l'écurie. Chaque nuit, pourtant, lorsqu'elle tentait de trouver le sommeil, les souvenirs revenaient la hanter. Elle revoyait sans cesse la scène tragique : le corps brisé d'Irina, gisant dans une mare de sang, et Klara, hurlant de douleur et de vengeance. Ces images tournaient en boucle dans son esprit, la plongeant dans un malaise profond et une anxiété grandissante.

Le départ inexplicable de Diana ne faisait qu'accentuer son sentiment d'abandon. Elle avait disparu du jour au lendemain, sans laisser la moindre trace, sans explication. Pas un mot, pas un signe. Diana, qui avait toujours semblé si forte et inébranlable, était désormais un fantôme dans l'établissement. Éléonore ne comprenait pas pourquoi elle s'était évaporée ainsi, surtout après ce qu'elles avaient traversé ensemble.

Chaque jour qui passait sans la voir accentuait cette sensation de vide. Le lien fragile qui les unissait, déjà mis à rude épreuve par les événements, semblait s'effriter davantage, dissous dans le chaos ambiant. Éléonore se sentait de plus en plus perdue, comme si la disparition de Diana l'avait laissée sans repères. Sans son amie, elle se retrouvait seule face à ses peurs, à ses doutes, et aux mystères sombres qui semblaient peser sur l'académie.

L'absence de Diana pesait lourdement sur ses épaules, et elle ne pouvait s'empêcher de se demander si cette disparition était liée aux événements récents. Peut-être que Diana savait des choses, peut-être qu'elle fuyait quelque chose... ou quelqu'un. Ce sentiment d'incertitude, mélangé à celui d'abandon, dévorait Éléonore de l'intérieur, la laissant vulnérable dans un monde où rien ne semblait avoir de sens.

Pour Frieda, la situation avait été tendue. Bloquée dans sa chambre, interrogée par la police, elle figurait en tête de liste des suspects concernant la mort d'Irina. Éléonore, bien qu'inquiète, fut soulagée d'apprendre que Frieda disposait d'un alibi en béton, ce qui l'avait rapidement disculpée. Malgré sa curiosité grandissante, Éléonore préféra ne pas se mêler de cette enquête, consciente que certaines choses ne la regardaient pas.

Lorsque la police autorisa enfin les visites, Éléonore ne perdit pas une seconde. Sans hésiter, elle se précipita dans les escaliers, le cœur battant à tout rompre, l'essoufflement à peine perceptible sous la montée d'adrénaline. Arrivée devant la chambre de Frieda, elle frappa rapidement avant d'entrer, heureuse de retrouver son amie. Frieda était assise calmement à son bureau, son visage impassible, mais un léger sourire apparut lorsqu'elle tourna la tête vers Éléonore, ses yeux, si calmes, scrutant chaque détail d'elle.

Ecumes et CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant