Diana resta figée, le poids de la vérité venant de s'abattre sur elle comme une vague glaciale. Elle avait espéré, naïvement peut-être, que ce baiser pourrait réparer quelque chose, offrir un moment de répit à Éléonore. Mais en voyant la douleur dans ses yeux, elle comprit que c'était loin d'être suffisant. La détresse d'Éléonore allait bien au-delà de leurs sentiments naissants.
— « Tu ne dois pas... » murmura Éléonore, sa voix tremblante, laissant sa phrase en suspens. Elle recula d'un pas, comme pour mettre de la distance entre elles.
Diana, croyant avoir fait une erreur, tendit une main vers elle, mais Éléonore secoua doucement la tête. Ses yeux brillaient d'une tristesse profonde. Diana baissa sa main, le cœur lourd, comprenant que ce qu'Éléonore portait en elle ne pouvait être apaisé par un simple geste, aussi tendre soit-il.
Un silence pesant s'installa, jusqu'à ce que Diana brise finalement l'instant, ramenée brutalement à la réalité.
— « Tu n'es pas censée passer des examens d'hiver ? » demanda-t-elle soudainement, l'inquiétude marquant sa voix.
Éléonore détourna les yeux, une grimace douloureuse déformant son doux sourire.
— « J'ai renoncé, » avoua-t-elle simplement.
Diana fit un pas en avant, alarmée, mais Éléonore recula à nouveau, refusant de la laisser s'approcher davantage.
— « Je voulais me donner une raison de rester ici... et ne pas être seule chez moi pour Noël. De toute façon, il n'y a plus personne qui m'attend. »
Ces mots, si simples mais si lourds de sens, frappèrent Diana de plein fouet. Elle fronça les sourcils, la colère et la tristesse se mêlant dans son regard.
— « Tu aurais pu... tu aurais pu m'accompagner, » murmura-t-elle, presque avec désespoir.
Éléonore laissa échapper un rire nerveux, sans joie, secouant la tête.
— « Non, évidemment que non. Tu le sais très bien. » Son ton était amer, mais résigné. « Mais maintenant... j'ai de quoi m'occuper pendant les vacances. Je serai un peu en sécurité. »
Diana serra les dents, son inquiétude grandissant. Cette réponse l'irritait autant qu'elle l'inquiétait.
— « Un peu ? » répéta-t-elle, sa voix se durcissant légèrement. « Personne ne sera là pour t'embêter... ou même pour te protéger. Alors, de quoi— »
Elle s'arrêta net, ses pensées se connectant soudainement. Ses yeux s'écarquillèrent, et son regard se voila de tristesse lorsqu'elle prononça doucement :
— « Frieda... »
Éléonore hocha lentement la tête, son expression sombre confirmant ce que Diana redoutait. Elle se sentait prise au piège, incapable de s'échapper de l'emprise que Frieda exerçait sur elle. Diana, qui avait espéré tristement que la relation entre Éléonore et Frieda était purement amoureux, comprenait désormais l'ampleur de la souffrance d'Éléonore.
— « Mais... je pensais que vous deux... » tenta Diana, perdue.
Éléonore la coupa d'un regard noir, un regard chargé de colère et de douleur. C'était comme si ce simple échange faisait réaliser à Diana toute l'étendue de ce qu'Éléonore avait dû endurer. Ce qu'elle avait supporté en silence, sans jamais demander d'aide. Diana recula légèrement, bouleversée, se sentant impuissante face à ce qu'elle venait de découvrir.
Le vent hivernal s'engouffra dans l'écurie, glaçant l'atmosphère. Diana, figée, serra les poings. Elle voulait protéger Éléonore, mais elle comprenait maintenant que cette bataille était bien plus complexe qu'elle ne l'avait imaginé. Éléonore, elle, détournait déjà les yeux, son cœur lourd de tout ce qu'elle ne pouvait exprimer.
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Ecumes et Cendres
RomanceÀ l'Académie Sainte-Lysiane, le prestige n'est pas seulement une question de tradition, mais aussi de secrets bien gardés. Éléonore Dubois, jeune héritière d'une noble lignée française, est transférée dans cette institution élitiste où l'excellence...