Chapitre 11

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L'air dans la salle de bal était devenu lourd, presque suffocant pour Éléonore. Les applaudissements avaient cessé, mais la chaleur de la danse avec Frieda brûlait encore sa peau. Elle chercha désespérément Azura du regard, son ancre dans cette mer d'incertitude, mais ne trouva que des silhouettes floues et des sourires hypocrites. Son cœur battait à tout rompre, son souffle court. Elle était accrochée au bras de Frieda, incapable de s'échapper. Fuir était impossible, pas maintenant. C'était trop tard.

Les yeux de Diana la hantaient encore, ce regard intense, presque possessif. Pourquoi cela la perturbait-il autant ? Pourquoi cette danse avec Frieda avait-elle l'impression de franchir une limite invisible ?

Frieda, sentant la tension d'Éléonore, l'entraîna doucement vers plusieurs groupes qui les attendaient. On les félicitait pour leur performance, des mots qui résonnaient à peine dans la tête d'Éléonore. Tout devenait un bourdonnement lointain, une sorte de sifflement, comme si le monde autour d'elle se déformait. Frieda parlait pour elle, avec cette confiance glaciale, alors qu'Éléonore se sentait de plus en plus déconnectée.

Plus elle réfléchissait, plus une vérité cruelle s'imposait à elle : depuis le début, elle n'était qu'un pion, manipulée par des forces bien plus grandes qu'elle. Tout le monde avait un intérêt à la maintenir sous leur contrôle, même ceux qu'elle pensait ses alliés. Son regard dériva sur Frieda, se demandant si elle aussi n'était qu'un outil dans ses plans. Frieda, en sentant ce regard inquiet, tourna doucement la tête vers elle, lui offrant un sourire rassurant. Pourtant, ce sourire ne dissipait pas le doute, il ne faisait que renforcer la confusion.

Alors qu'Éléonore se tenait encore au bras de Frieda, elle se retrouva face à Diana et Klara, toutes deux entourées d'un groupe de personnes qui les félicitaient pour leur prestation. Diana avait le regard sombre, un mélange de frustration et de tristesse, comme si elle voyait Éléonore lui échapper. Les mots de Frieda flottaient dans l'air, mais Éléonore n'entendait plus rien. Tout son être était concentré sur ce regard gris qui la transperçait.

Le silence s'étira entre elles, un moment presque irréel, où tout semblait suspendu. Diana fronça légèrement les sourcils, et plus elle écoutait Frieda parler avec désinvolture, plus elle sentait la jalousie grandir en elle. Ses mains tremblaient presque de rage contenue. Puis, brusquement, Diana fit un pas en avant, tendant la main pour prendre celle d'Éléonore, prête à l'arracher aux griffes de Frieda et à la faire danser avec elle, à lui montrer qu'elles étaient connectées bien plus profondément que quiconque ne pourrait comprendre.

Mais avant même qu'elle ne puisse l'effleurer, une voix forte et tranchante fendit l'air.

— « Assez ! »

Azura venait d'apparaître, la colère brûlant dans ses yeux d'un bleu perçant. Elle ne s'adressa pas à Éléonore, mais aux trois jeunes femmes qui semblaient se battre silencieusement pour son amie.

— « Je comprends maintenant... pourquoi Éléonore appréhende autant ces soirées... » siffla-t-elle, sa voix teintée de mépris. « C'est parce qu'elle est devenue l'objet de vos jeux de pouvoir ridicules. »

Azura s'avança, ses pas déterminés et fermes. Elle se planta devant Frieda, Diana et Klara, défiant chacune d'entre elles du regard.

— « Éléonore n'est pas un jouet que vous pouvez utiliser à votre guise. » Elle les toisa, son regard glacial. « Elle n'est pas une pièce sur votre échiquier ! »

Diana resta figée, sa main tendue toujours suspendue dans l'air, ne sachant plus quoi dire face à cette intervention. Quant à Frieda, elle était immobile, visiblement surprise par la force d'Azura. Le silence qui suivit était presque assourdissant, tendu et étouffant.

Ecumes et CendresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant