- 10 -

45 10 2
                                    


Lya


Tandis que mon corps se fait traîner, mon esprit, lui, repasse en boucle les images de Sasha à terre. Est-il mort ? Non, impossible... Rien que l'idée de le perdre m'enrage, et je me débats comme une lionne qui refuse d'être domptée. L'arme plaquée contre ma nuque ne me dissuade en rien et je continue de hurler. Tout va très vite et la seule chose que je ressens est une vive douleur à la tête puis c'est le noir complet.

Lorsque je reprends conscience, plusieurs heures semblent s'être écoulées car dehors il fait nuit. Je ne suis plus dans cet hôpital de fortune mais de retour dans le camp sur lequel ils me gardent prisonnière quand je ne travaille pas. Je grimace en essayant de me redresser mais j'ai trop mal, je me rallonge sur la carpette qui me sers de lit. La pièce dans laquelle je suis est toujours la même. Blanche, poussiéreuse, trop calme...

Dès que je ferme les yeux, je revois l'homme que j'aime tomber sous la balle qui viens de l'atteindre. Je sais qu'il n'est pas mort, qu'il portait un gilet pare-balle. J'ai besoin de me persuader de cela pour garder l'espoir qu'il me sortira de là. Le sommeil n'est plus mon ami depuis que j'ai été enlevée, mes nuits sont aussi courtes qu'agitées.

Alors que je fais de mon mieux pour ravaler les larmes qui menacent de couler sur mes joues, un bruit se fait entendre. La porte s'ouvre, un homme entre puis se penche pour faire glisser quelque chose au sol, dans ma direction. Il n'attend pas ma réaction et la referme brutalement. Difficilement, je me lève pour attraper l'objet en question et remarque une assiette remplie d'une nourriture qui est tout sauf appétissante. Mon estomac grogne donc je fais quand même l'effort de tenter une bouchée qui s'avère une très mauvaise idée. Je décide donc de la reposer au sol.

Il se passe plusieurs longues minutes durant lesquelles j'observe mon assiette sans y toucher. Tout à coup, un homme armé défonce la porte en hurlant, pointant du doigt mon repas. Apparemment, le fait que je refuse de me nourrir ne lui plait pas, ce que je fais par la suite non plus. Toujours debout, à environ un mètre de lui avec l'assiette entre nous, je balance un coup de pied dans cette dernière qui s'écrase contre ses bottes. Fou de rage, il s'avance, m'attrape par les cheveux afin de me sortir de ma prison pour m'amener dans la pièce principale.

J'atterris durement sur le sol, mes genoux entrant en premier en contact avec le béton avant que ma tête ne les rejoigne. Je grimace avant de me redresser. Je n'ai même pas eu le temps d'essayer d'amortir ma chute avec les mains tellement c'était soudain. Lorsque j'observe ce qu'il se passe autour de moi, j'aperçois plusieurs autres hommes, tous armés jusqu'aux dents, qui se réchauffent autour d'un baril en feu.

Ai-je eu raison de me rebeller ainsi ? Je ne sais pas, mais je risque de le payer cher à un moment ou à un autre...

En parlant de retour de flamme, mon bourreau revient à la charge. Il me soulève en m'attrapant par les épaules, ne me laissant que quelques secondes pour me stabiliser avant de me ligoter les mains puis m'asséner une gifle monumentale qui me renvoie directement au sol. Complètement assommée par ce qui vient de se passer, je mets plusieurs secondes pour reprendre mes esprits. Un goût métallique envahit ma bouche, je comprends rapidement qu'il m'a explosé la lèvre. Après avoir toussé de nombreuses fois avec la sensation que mon visage est en feu, je relève la tête.

— Va te faire foutre ! craché-je, en direction de ses bottes.

Sa réaction ne se fait pas attendre. Il fait un mouvement de charge avant de pointer son arme sur moi, le canon de son fusil contre mon front. Je lève les yeux afin de les plonger dans les siens pour qu'il comprenne qu'il ne me fait pas peur mais aussi que je ne crains plus de mourir.

Hell's LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant