41 - Le passé

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Point de vue de Pierre

Cela fait maintenant 15 minutes que je tourne en rond devant la chambre. Le médecin est toujours avec elle et l'angoisse me ronge.

- Arrête de marcher comme ça, Pierre, tu me donnes le tournis ! s'exclame Axel.

- Je vais devenir fou.

- Respire, mon pote, me dit Julien en m'attirant dans ses bras. Tout ira bien.

J'ai une envie de pleurer, mais je dois me retenir. Le médecin sort enfin de la chambre et referme doucement la porte derrière lui. Je me précipite vers lui.

- Docteur, comment va-t-elle ?

- Ça peut aller. Coline a subi un traumatisme suite à sa chute tout à l'heure. C'est ce qui explique son état psychologique actuel.

- Que pouvons-nous faire ?

- Pour l'instant, rien de particulier. Je lui ai administré des antibiotiques pour apaiser ses angoisses et un sédatif pour qu'elle puisse trouver le sommeil. Elle est à bout de nerfs.

- Elle m'a demandé sa mère...

- Cela pourrait être dû à un traumatisme antérieur, comme une chute ou même le décès de sa mère.

Lenie se laisse tomber dans les bras d'Helena.

- Que pouvons-nous faire lorsqu'elle se réveillera ?

- Ne soyez pas brusques. Laissez-la dormir et essayez de lui parler sans insister sur le traumatisme, son cheval ou le décès de sa mère. Si jamais il y a quoi que ce soit, n'hésitez pas à m'appeler.

- Merci docteur.

- C'est mon devoir. Au revoir.

Julien accompagne le médecin jusqu'à la porte pendant que je prends un moment pour regarder les filles une par une avant de pénétrer dans la chambre. Elle est allongée sur le lit, plongée dans un sommeil profond. Toujours habillée, je saisis un de mes tee-shirts et, doucement, je la déshabille et lui enfile mon tee-shirt autour des épaules. Je m'assois à ses côtés et caresse tendrement ses cheveux.

- Mon cœur... dis-je en déposant un baiser sur son front.

- Pierre, me murmure Lenie. J'ai besoin de te parler.

J'acquiesce et sors silencieusement de la chambre pour lui laisser du temps pour se reposer. Je retrouve Lenie dans le salon où les autres sont assis.

- J'ai quelque chose d'important à vous dire... Lorsque Sandra, la mère de Coline, est décédée, Coline a pris soin d'Espoir après l'accident, comme vous le savez tous.

Elle marque une pause avant de continuer.

- Le problème, c'est qu'après cet événement tragique, Coline a sombré dans un état psychologique très difficile. Un peu comme ce qu'elle vit aujourd'hui. Au début, elle a refusé de s'approcher de son cheval ou même de le toucher. Avec beaucoup de patience et d'amour, nous avons réussi à l'aider à surmonter cette épreuve. Elle avait perdu son père et sa mère l'avait quittée, ça été extrêmement compliqué pour elle.

- Ce qui explique pourquoi elle n'a pas voulu rentrer Espoir tout à l'heure... confirmé-je.

- Elle paraît pourtant si forte, suppose Amelie.

- Pierre, ce que je vais te dire pourrait te blesser, lorsqu'elle a commencé à monter Espoir il y a environ trois ans, elle avait un mec qui n'était qu'un con. Il était égoïste et après quelques chutes lors du débourrage d'Espoir, il lui avait demandé d'abandonner l'équitation car il craignait pour sa sécurité. Elle a refusé et il l'a quittée en jugeant que son cheval comptait plus que leur relation.

Je sens mes poings se serrer fortement.

- Et je pense que c'est pourquoi elle t'a repoussé...

- Je ne lui demanderai jamais d'abandonner son cheval ou l'équitation, je sais combien cela compte pour elle...

- Je le sais aussi... commence-t-elle à pleurer. Mais je pense que la chute qu'elle a eue avec Espoir cet après-midi lui rappelle tous ces souvenirs douloureux. En la regardant maintenant, je me souviens de l'état dans lequel elle était il y a quatre ans. Je préfère vous prévenir, nous devons être là pour elle car sans notre soutien, elle ne pourra pas surmonter ça une seconde fois.

Lenie éclate en sanglots et je me lève pour la prendre dans mes bras.

- Je ne la laisserai pas tomber, je te le promets ! Tout ira bien ma Lenie. Elle va s'en sortir !

- C'est juste que depuis quelques mois, je ne l'ai jamais vue aussi heureuse depuis le décès de sa mère et j'avais pensé que tout cela était derrière elle...

- Elle doit avoir perdu confiance en elle... confirme Helena.

- C'est pour ça qu'elle réagit ainsi... poursuit Axel.

- Coline est ma meilleure amie, ma sœur, c'est tout pour moi ! La voir dans cet état me brise le cœur, croyez-moi ! Je donnerais n'importe quoi pour qu'elle soit heureuse à nouveau !

- Calme-toi ma Lenie; nous allons réussir ensemble ! dis-je en lui caressant doucement le dos.

- Nous resterons plus longtemps que prévu, Coline est plus importante que n'importe quel événement musical ! affirme Helena avec conviction.

Je lui adresse un merci chargé d'émotion tandis que les autres acquiescent également. J'avais prévu d'aller voir ma mère la semaine prochaine mais j'ai décidé de rester, les filles prennent soin de Lenie pendant que je m'éloigne un instant pour appeler ma mère. Elle décroche rapidement au bout de quelques secondes :

- Coucou mon cœur! Comment vas-tu ?

- Pas très bien...

Je lui raconte ce qui s'est passé récemment.

- Est-ce que tu veux que j'aille chez Lenie ? me demande-t-elle avec inquiétude.

- Non maman, ça devrait aller mais je voulais te prévenir, la semaine prochaine je ne viendrai pas car dans son état actuel, il vaut mieux éviter tout déplacement et je ne veux pas la laisser toute seule.

- Oh j'espère vraiment qu'elle va s'en sortir... C'est une fille merveilleuse !

Je souris aux mots réconfortants qu'elle vient de prononcer.

- Elle est bien entourée mais le plus dur sera qu'elle puisse revoir son cheval et accepter définitivement la perte de sa mère...

- Pour ça tu devras être très présent pour elle Pierre, comment feras-tu si on te contacte pour des événements ?

- Coline passe avant tout, tant qu'elle ne va pas mieux, aucun événement ne comptera plus qu'elle ! Je ne peux pas être heureux sur scène si celle qui fait battre mon cœur souffre...

- Je suis fière de toi mon grand, je vraiment heureuse que tu sois tombé sur Coline ! C'est une personne au grand cœur et ensemble vous parviendrez à vaincre ce traumatisme ! Tiens-moi au courant et si tu as besoin quoi que ce soit appelle-moi !

- Bien sûr maman, merci infiniment !

- De rien mon grand, bon courage à vous deux! Je t'aime aime !

- Moi aussi maman!

Je raccroche alors qu'une vague d'émotions m'envahit et les larmes commencent à couler sur mes joues. Julien s'approche alors vers moi et me prend dans ses bras.

- Laisse-toi aller mon Baloo, ça ira, nous sommes là ensemble !

Effectivement j'ai besoin d'évacuer cette pression accumulée, je pleure dans ses bras parce que j'ai peur pour celle qui fait battre mon cœur.

Ma passion - Pierre GarnierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant