52 - L'explication

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Point de vue de Coline

Je me promène dans les rues depuis au moins une bonne heure, et la conversation avec mon père m'a vraiment perturbée. Je ne sais plus quoi penser de tout ça. J'ai peur d'ouvrir ce dossier et de découvrir que ma mère m'a menti pendant toute mon enfance. Comme souvent, c'est mon téléphone qui me sort de mes pensées, c'est Pierre. Je me dépêche d'appuyer sur le petit bonhomme vert.

« - Allô ? dis-je d'une voix douce.

- Ma puce, c'est moi. Alors, comment ça s'est passé ? Tu as une petite voix.

Je lui raconte toute notre discussion, et il ressent la même incertitude que moi.

- Tu le crois ?

- Pour être honnête, je ne sais pas, répondis-je. D'un côté, ce qu'il m'a dit expliquerait beaucoup de choses, mais de l'autre, je me demande pourquoi ma mère m'aurait mentie ?

- Peut-être parce qu'elle pensait que ton père ne t'aimait pas. Malheureusement, on ne peut pas vraiment savoir ce genre de choses. Tu as ouvert le dossier ?

- Pas encore... En fait, j'ai un peu peur de l'ouvrir au fond de moi.

- Je pense que tu devrais le faire, bébé. Au moins tu sauras toute la vérité et ensuite tu pourras décider ce que tu veux faire avec ton père. Si tu l'ignores après toutes ces années, tu risques de le regretter, princesse.

- Je ne veux pas voir ma maman sous un mauvais jour... Après tout, c'est elle qui m'a élevée...

- Ce n'est pas forcément avoir une mauvaise image d'elle chérie ; tu n'étais pas dans sa tête à cette époque-là. Lire le dossier pourrait t'aider à mieux comprendre la réaction de ton père. Et n'oublie pas que si tout cela est vrai, ton père a été privé de sa fille sans le vouloir.

- J'ai peur de l'ouvrir seule...

- Tu peux attendre que je rentre si ça te rassure.

- Je crois que j'ai trouvé quelqu'un qui va l'ouvrir avec moi parce qu'au fond j'en ai besoin.

- D'accord ! Dans tous les cas, tiens-moi au courant chérie d'accord ? Et n'oublie pas que je t'aime.

- Je t'aime aussi ! Bisous !

- Bisou bébé.

Je raccroche et je me dirige vers ma voiture. J'ai vraiment besoin d'y aller, surtout maintenant. Je monte à bord et je prends la route vers chez elle. Une fois arrivée là-haut, je me gare, je prends le dossier dans mes mains et je vais frapper à sa porte, espérant qu'elle soit là.

- Coline ? me demande-t-elle surprise de me voir

- Caroline, j'ai besoin de toi.

Je la regarde avec les larmes aux yeux. Quand elle aperçoit le dossier que je tiens et les noms de mes parents, elle comprend tout de suite et m'enlace avant de me faire entrer. À ce moment-là, peut-être que je lui en veux un peu, je suis encore fâchée contre elle, mais une chose est certaine : j'ai besoin d'elle. Elle prépare un café pendant que nous allons nous asseoir sur le canapé dans le silence. J'ouvre le dossier et commence à lire. Peu à peu, je réalise que tout ce que mon père m'a dit était la stricte vérité. Ma mère a demandé le divorce le 16 mai 2004, l'avocat de ma mère précise que mon père ne doit pas s'approcher à moins de 200 mètres de moi sous peine de ne plus jamais me revoir. Il est écrit que ma mère a la garde intégrale et que mon père ne peut me voir qu'une fois par mois. En résumé, il est clair que mon père à essayer réellement de se battre pour loi moi. Les larmes commencent à monter alors que je renifle en sanglotant.

- Pourquoi ? Pourquoi m'a-t-elle menti toutes ces années... dis-je en pleurant. Pourquoi m'a-t-elle privée de lui ? Je n'avais rien à voir avec leur histoire et j'ai souffert en silence pendant 18 ans de l'absence de mon père parce que j'ai toujours pensé qu'il se fichait totalement de ma vie.

Caroline pose une main réconfortante dans mon dos en la faisant glisser doucement.

- À l'époque, ta mère voyait un autre homme, mais je n'étais pas d'accord avec sa façon d'agir. Ton père passait par moi pour avoir des nouvelles de toi. Ses cadeaux, sa douleur, ses mots... c'était horrible pour lui de ne pas pouvoir te les donner ou te les dire directement. J'ai fait tout ce qui était possible pour qu'il puisse te voir grandir, c'était lui qui payait tes cours de danse, mais j'expliquais à ta mère que c'était moi. Ton père t'aime plus que tu ne peux l'imaginer ou plus que ce que ta mère a pu te faire croire, ma chérie.

- Pourquoi n'ai-je jamais su ça plus tôt ?

- Parce que tu étais jeune ma puce et parce que ton père avait peur de te perdre complètement quand ta mère est décédée.

- Il m'a sauvé la vie, sans son sang je ne serais jamais sortie de cet accident vivante, dis-je en la regardant avec des larmes aux yeux.

- Quand j'ai appris le décès de ta mère, mon monde s'est écroulé car j'avais perdu ma meilleure amie et je craignais de te perdre aussi. Sache que quand ton père a appris la nouvelle, il n'a pas hésité une seconde à donner de son sang pour te sauver. Il a pris ce risque en sachant qu'il pourrait tout perdre si cela se savait. Certes, il a payé les médecins, mais ce qui comptait vraiment pour lui, c'était de te sauver.

- Pourquoi n'est-il pas réapparu dans ma vie à mes 18 ans ? Pourquoi ? criai-je.

- Parce qu'il avait simplement peur de te perdre définitivement, vu l'état dans lequel tu étais. Ensuite, nous avons commencé à sortir ensemble et il est venu au centre parce qu'il était fatigué de ne pas pouvoir tout te dire. Et la suite, tu la connais.

- Il m'a sauvé la vie... On m'a privée de mon père pendant tant d'années... Comment suis-je censée réagir à ça maintenant ?

- C'est à toi de décider ce que tu veux faire Coline, mais ne garde pas rancune contre ta mère et encore moins contre ton père. Elle ne voudrait pas ça...

- Je ne sais plus quoi penser ! Toute ma vie j'ai cru que mon père était le pire des salauds à avoir abandonné sa famille. J'ai toujours pensé qu'il vivait sa vie sans scrupules et sans se soucier de moi. Et voilà qu'aujourd'hui je découvre que ma propre mère m'a menti toute ma vie... Pourquoi toi tu ne m'as jamais rien dit sur vous deux ?

- Parce que je savais que tu détestais ton père, dit-elle les larmes aux yeux. Si tu avais découvert que je sortais avec lui, tu m'aurais détestée aussi... Le pire serait vraiment de te perdre Coline, crois-moi.

Je l'enlace pour qu'elle se calme, après tout, je ne peux pas lui en vouloir. Je sens ses reniflements et elle pleure dans mes bras pendant que moi aussi je pleure dans les siens.

- Tu ne me perdras jamais parce qu'au fond de mon cœur, tu es comme une deuxième mère pour moi et je t'aime Caro. Que tu sortes avec mon père ou non, je t'aimerai toujours car tu as toujours été là dans ma vie et même si tu m'as caché certaines choses, c'était pour me protéger puisque je suis ta filleule.

- Je suis tellement désolée pour tout ce que tu as pu endurer. Crois-moi ma puce, j'aurais tout donné pour être à ta place.

- Caro est-ce que je peux rester dormir ici ? Je ne veux pas être seule chez moi.

- Bien sûr ma puce ! Tu sais bien que cette maison c'est chez toi. Je t'aime tellement si seulement tu savais ! dit-elle en me prenant dans ses bras.

- Je t'aime aussi, vraiment !

Ce soir-là nous avons regardé un super film sur le canapé sous un plaid car maintenant que je connais la vérité sur mon passé, rien ne sera plus jamais comme avant.

Ma passion - Pierre GarnierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant