42 - Un cauchemar

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Point de vue de Coline

Je ne peux pas m'empêcher de repenser à cette scène qui tourne en boucle dans ma tête, c'est épuisant...

«
Il est 18h30, un mardi soir. Je rentre de l'abattoir avec ma mère, et nous avons récupéré la jument et son poulain, qui auraient dû mourir simplement parce que la jument a un gros problème aux mamelles et ne peut donc pas nourrir son petit.

- Maman, tu penses vraiment qu'on va réussir à soigner cette jument ? Ça me rend triste pour le poulain...

- On fera tout ce qu'il faut ! Et si on n'arrive pas à guérir la jument, on achètera du lait pour que le petit puisse au moins se nourrir le temps qu'on trouve une solution, me répond ma mère en conduisant. On dirait que tu t'attaches déjà à ce petit bout.

- C'est juste que je trouve ça tellement triste d'abandonner des animaux sous prétexte qu'ils ne peuvent pas guérir. Il y a toujours une solution ! En plus, le poulain est trop mignon avec sa petite étoile sur la tête. Je te remercierai jamais assez de l'avoir acheté.

Le bébé a une belle ligne blanche qui part de ses yeux jusqu'à son museau, il est vraiment adorable.

- Je t'avoue que j'ai hésité, dit-elle en riant, mais je suis ravie que tu sois si enthousiaste. Maintenant, il ne nous reste plus qu'à leur trouver une petite place.

- Alors, avec Lucas, ça s'arrange un peu ?

- Non, il veut que j'arrête l'équitation, mais hors de question...

- Ne laisse jamais quelqu'un décider de ta vie, ma chérie. Si vraiment il tient à ce que tu arrêtes, alors peut-être qu'il est temps de réfléchir à votre relation. Tu as cette passion dans le sang, Coline.

Je lui souris tendrement, je ne sais pas où je serais sans elle. La nuit commence à tomber et les chevaux semblent nerveux derrière nous, une tempête se profile.

- Maman, pourquoi ils sont si agités comme ça ? dis-je avec inquiétude.

- Ils doivent sentir la tempête qui approche et ça les effraie. On doit rentrer au plus vite !

Mais soudainement, un animal traverse notre chemin et ma mère tourne brusquement le volant. En quelques instants, le van et la voiture se retrouvent dans un fossé. Le regard de ma mère est rempli de peur et de tristesse juste avant l'impact; cela en dit long.

- Ma chérie, n'oublie jamais ce que je t'ai dit, je t'aimerai toujours.

Et là, c'est le trou noir. »

- Maman ! criais-je haletante.

Je me réveille en sueur, paniquée et en pleurs. Ce cauchemar ne cesse de revenir me hanter, depuis ce jour-là, il tourne sans arrêt dans ma tête. J'ai du mal à respirer et je suis complètement angoissée. Je sens deux mains caresser mes joues, avec le cauchemar encore présent, je peine à identifier qui c'est.

- Coline, c'est moi, Pierre.

Je le regarde, Pierre m'a tellement fait peur !

- Mon cœur, c'est moi ! Tu n'as rien à craindre.

Il me prend dans ses bras et je me mets à pleurer toutes les larmes de mon corps, je m'accroche si fort à lui que j'ai peur de lui faire mal.

- Calme-toi princesse, je suis là pour toi, me dit-il en me caressant les cheveux. C'est moi mon cœur et je ne compte pas partir. Respire profondément, tout ira bien.

Je respire doucement, essayant de me calmer autant que possible. Après quelques minutes, ma respiration commence à se réguler, je prends des inspirations calmes et profondes.

- Ce n'est qu'un cauchemar, ma chérie.

Non, c'est faux, ce n'est pas un cauchemar, c'est la réalité.

- Ma mère... Ses souvenirs me hantent sans cesse. Je repense à la dernière fois que je l'ai vue. Pourquoi lui ai-je demandé d'aller sauver la jument et Espoir ? dis-je avec les larmes aux yeux. Pourquoi...

- Parce que tu as un grand cœur, princesse, et tu voulais vraiment les sauver.

- C'est ma faute si elle est morte ce soir-là. La seule responsable, c'est moi-même et je ne me le pardonnerai jamais.

- Hé, regarde-moi, insiste-t-il en m'obligeant à croiser son regard. Ce n'est pas ta faute. Tu n'es pas responsable. Veux-tu parler de cette nuit-là ? Ça pourrait te faire du bien.

Je me blottis dans ses bras et il resserre son étreinte autour de moi.

- Si je n'avais pas insisté pour qu'elle les sauve, on ne serait jamais retrouvées sur cette route et aujourd'hui elle serait encore près de moi.

- Tu as insisté parce que c'est en toi mais c'était juste un accident tragique.

- Quand elle a tourné le volant pour éviter l'animal qui traversait, j'ai vu dans ses yeux que ce moment marquait la fin de tout, je ne pourrais plus jamais serrer ma mère dans mes bras ni lui parler... J'avais perdu la femme de ma vie...

- Princesse, c'était juste un terrible accident. Tu as survécu à ça.

- Si j'avais su combien la douleur serait insupportable, j'aurais préféré mourir avec elle...

- Tu ne peux pas dire ça ! Tu as vécu quelque chose d'horrible mais grâce à Espoir tu as réussi à remonter la pente et maintenant je suis là pour toi.

- Je n'arrive même plus à m'approcher de lui. Quand je suis tombée hier, cela m'a rappelé tant de souvenirs. Je sais qu'il n'y est pour rien mais j'ai peur de m'en approcher, j'ai une peur bleue de remonter maintenant. L'accident, l'enterrement et mon coma... J'ai été dans le coma pendant une semaine, les médecins se demandaient comment je pouvais encore être vivante alors que ma mère était décédée sur le coup. J'ai mis beaucoup de temps avant d'oser me rapprocher d'Espoir après ça. Quand je me suis réveillée et qu'ils m'ont annoncé sa mort, j'ai sombré dans un état psychologique difficile pendant plusieurs mois. Lenie m'a beaucoup aidée à surmonter tout cela et j'ai peur de replonger dans ce trou noir...

Je commence à trembler de tous mes membres, Pierre me serre très fort contre lui pour me réconforter.

- Je suis là maintenant, cela prendra le temps qu'il faut mais nous allons y arriver ensemble mon cœur.

Je m'enfonce contre son corps tandis qu'il caresse mes cheveux tendrement.

- Ne m'abandonne jamais s'il te plaît.

- Je te le promets mon amour. Je vais t'aider à surmonter cette peur et bientôt tu brilleras à nouveau comme avant avec lui. Je ne t'abandonnerai jamais mon bébé.

- Je t'aime plus que tout...

- Et moi je t'aime encore plus ! dit-il en m'embrassant délicatement.

Nous restons ainsi un bon moment et je crois finir par m'endormir encore grâce à celui que j'aime.

Ma passion - Pierre GarnierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant