Chapitre 10 : Les non-dits

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Imran : C'est bon, on a terminé. Viens devant chez moi, on va rester tous ensemble dehors, d'accord ?
Nina : D'accord. Y'aura qui ?
Imran : Tout le monde sauf Eymen et Emin. Ils rentrent.
Nina : Okay à toute.
Je raccrochai.

Avec Wasima, nous prenons la route, mettant l'ambiance sur du Maître Gims jusqu'à arriver devant chez lui.

Les autres arrivent, mais il n'y a que Théo, Imran et Greg qui se joignent à nous.

- Où sont passés les autres ? , demandai-je.
-Ils sont restés chez Yusuf pour regarder un match , me répondit mon frère Imran.
- Ok, tant pis. 

Le fait que Théo soit resté, c'est une bonne nouvelle pour moi. L'ambiance est plutôt détendue. Chacun est avec son binôme : moi avec Théo, mon frère avec Wasima et ma sœur avec Greg. Wasima ne connaît pas encore bien tout le monde, donc elle semble plus à l'aise avec mon frère, tandis que ma sœur s'entend à merveille avec Greg. Il faut dire qu'il est incroyablement philosophe, tout comme elle.

Je les entends vaguement discuter d'un débat sur la question de savoir si une femme doit travailler après avoir eu des enfants ou non. Intéressant, certes, mais je préfère me concentrer sur Théo.

Soudain, j'attrape son bonnet et me mets à courir comme une enfant.

- Nina, tu sais bien que je vais te rattraper, ça ne sert à rien de courir ! , crie Théo.

Je donne tout ce que j'ai, mais en à peine dix secondes, il m'attrape et me soulève pour me jeter sur son épaule. On se chamaille comme des gamins. J'essaie de me débattre de toutes mes forces, mais il me plaque doucement au sol, sur l'herbe, son corps contre le mien.

- Alors, Nina, tu ne peux rien faire, hein ? 

Je me retrouve dos contre son torse, tandis qu'il fait semblant de m'étrangler en riant. Je tente de me libérer, mais en vain.

- Théo, tu m'étrangles trop fort, j'ai mal , dis-je pour qu'il me relâche un peu.

Il desserre son bras autour de mon cou, mais ne me lâche pas pour autant.

- Ça va mieux, là ?, demande-t-il, légèrement inquiet.
- Oui, c'est bon. 

Mon cœur bat la chamade, je suis tout simplement électrisée. Je réussis à me dégager et, à mon tour, je grimpe sur son dos, en l'étranglant pour rire.

- Alors, je te fais mal ? , lui dis-je fièrement.
- Pas du tout, tu serres même pas, répond-il en éclatant de rire.

Je décide de descendre de son dos et déclare :

- C'est bon, on est quitte. 

Je lui tends la main pour sceller notre trêve. Il me la prend, mais au lieu de la serrer, il m'attire de nouveau à terre. J'éclate de rire, épuisée mais comblée par cette proximité entre nous.

- Vous faites quoi, vous deux ? Venez ici !, nous interrompt soudain Imran.

Nous devenons tous rouges. Théo s'écarte rapidement de moi et s'avance vers Imran, comme si de rien n'était.

- Rien, elle m'a juste volé mon bonnet, se justifie Théo.
- Ok, tranquille , répond Imran, indifférent.

Mon attention se tourne alors vers la discussion animée entre Greg et ma sœur, Seyana :

- La femme n'a pas à travailler une fois qu'elle a des enfants, réfléchis un peu ! Qui va s'occuper des enfants ?!, s'exclame Greg.
- Chacun doit payer sa part du loyer, c'est donnant-donnant, rétorque Seyana, imperturbable.
- Mais on s'en fout de votre débat !, intervient brusquement Théo, l'air exaspéré.

Tout le monde éclate de rire. Théo, avec son indifférence assumée pour les discussions sérieuses, nous fait mourir de rire à chaque fois.

Je jette un coup d'œil à Wasima et Imran, qui rigolent ensemble en se chamaillant, un peu comme Théo et moi l'avions fait plus tôt. Ils sont adorables, je les imagine bien en couple. Mais hélas, aucun des deux ne semble prêt à franchir le pas.

— Allez, venez dans la voiture, on va déposer Théo, dit Imran en montant derrière le volant.

Théo n'avait pas pris sa voiture ce soir-là. Je me retrouve encore une fois à l'arrière, coincée à côté de lui. Devant, Greg s'installe à côté d'Imran, tandis que ma sœur Seyana se place côté fenêtre, avec Wasima assise sur ses genoux. Théo, lui, est juste à côté de moi.

Dès que je sens sa présence si proche de la mienne, c'est comme si le reste du monde s'arrêtait. Les voix des autres deviennent lointaines, comme étouffées. Mon regard se pose sur l'écran du téléphone de Théo, mais il n'y a rien d'intéressant à voir. Pas de messages de filles, juste un jeu auquel il commence à jouer pour passer le temps.

Je décide de l'embêter, encore une fois. Il glisse doucement sa main dans la mienne, sans un mot. Nos doigts se mêlent, et il la serre tout au long du trajet. Je pose ma tête sur son épaule, savourant cette proximité silencieuse. Aucun mot n'est nécessaire, sa seule présence me suffit. C'est comme une bulle de bien-être, un instant suspendu.

Il semble que personne ne remarque notre échange dans la voiture.

Lorsque nous déposons Théo, nous rentrons directement chez Imran, avec Seyana et Wasima. Une fois arrivées, nous nous enfermons dans ma chambre, prêtes pour une soirée entre filles.

- Alors Nina, tu penses vraiment que je n'ai rien remarqué ? s'exclame Wasima en me fixant d'un regard malicieux.
- Remarqué quoi ? demandai-je, feignant l'ignorance.
- Tu es complètement amoureuse de Théo ! 

Je secoue la tête en riant nerveusement.
- Moi ? Jamais de la vie ! Il ne me plaît même pas physiquement. 

Je n'arrive pas à admettre la vérité. C'est plus fort que moi, un secret que je garde enfoui au fond de mon cœur.

Seyana resta silencieuse jusque là, puis elle intervenu...

AnlamadımOù les histoires vivent. Découvrez maintenant