Desire's Deception | Joao Felix

3

J'hésitai un instant avant de décapsuler la bouteille. J'observai les petites bulles remonter à la surface avant de prendre une première gorgée, l'amertume du liquide s'attardant sur mes lèvres. João, de son côté, prit une autre gorgée de la sienne, son regard se perdant sur les lumières scintillantes de Barcelone.

« Alors, » dit-il finalement, brisant à nouveau le silence. « Qu'est-ce que ça fait ? De ne plus être une princesse, je veux dire. »

Je le regardai du coin de l'œil, le trouvant bien plus perspicace que je ne voulais l'admettre. Il me prenait toujours par surprise avec ses petites piques, mais dans ces moments-là, je ne pouvais m'empêcher de me demander s'il ne cherchait pas simplement à me comprendre. Peut-être que lui aussi portait un masque, et que cette assurance dont il faisait preuve n'était qu'une façade.

Je pris une nouvelle gorgée de ma bière, réfléchissant à sa question. « C'est... bizarre. » Je laissai le mot flotter dans l'air, un peu incertaine. « Je ne suis pas habituée à me détendre autour des autres, et encore moins autour de toi. »

Son rire éclata doucement, chaud et un peu moqueur. « Moi ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter autant de méfiance ? »

Je le fixai un instant, ne sachant pas trop si je devais lui dire la vérité ou simplement laisser passer. Il y avait quelque chose en lui, cette arrogance et cette désinvolture qui m'agaçaient depuis le premier jour. Et pourtant, à cet instant précis, il semblait différent, moins accablé par son propre rôle. Peut-être que l'alcool adoucissait aussi les bords rugueux de sa personnalité.

« Je ne sais pas... » répondis-je doucement, détournant les yeux. « C'est juste que tu es toujours... là. Toujours à me provoquer, à me lancer des piques. Comme si tu cherchais quelque chose. »

Il resta silencieux pendant quelques secondes, sirotant lentement sa bière. Puis, il tourna la tête vers moi, son expression plus sérieuse que je ne l'avais jamais vue. « Peut-être que je le fais parce que je vois quelqu'un qui essaie trop fort de se cacher. »

Ses mots me frappèrent de plein fouet, et je restai figée, les yeux rivés sur lui. Pendant un moment, je n'avais plus de réponse, comme si tout ce que je pensais avoir si bien enfoui remontait à la surface. Il m'avait observée, de plus près que je ne l'avais imaginé.

« Et toi ? » murmurai-je, ma voix plus douce que je ne l'aurais voulu. « Tu n'as jamais l'impression de te cacher derrière tout ce... tout ce spectacle ? »

Il sourit, mais cette fois, il y avait une pointe d'amertume dans son expression. « Tout le monde joue un rôle, Isabella. Moi y compris. Mais toi... » Il s'interrompit, cherchant visiblement ses mots. « Toi, tu ne sembles pas vraiment heureuse dans le tien. »

Je baissai les yeux vers ma bière, le poids de sa remarque s'appuyant lourdement sur mes épaules. « Peut-être que je ne sais pas comment être autre chose. »

João se redressa légèrement, posant sa bouteille sur la balustrade. « Ça, c'est facile à dire, mais pas si difficile à changer. »

Je le regardai, incertaine de ce qu'il voulait dire. « Et toi, tu penses que c'est facile pour moi de changer ? »

« Pas facile, » répondit-il lentement. « Mais possible. »

Son regard se posa sur moi, sérieux, presque intense. Pour la première fois depuis que je le connaissais, je ne voyais pas l'arrogance ou la provocation dans ses yeux, mais quelque chose de plus profond, comme s'il voulait réellement comprendre, peut-être même aider.

Je me sentis étrangement vulnérable sous son regard, et une partie de moi voulait fuir, retourner dans la sécurité de la fête à l'intérieur. Mais une autre partie, plus silencieuse, plus profonde, voulait rester, accepter cette étrange connexion qui s'était formée entre nous sur cette terrasse, dans cette nuit barcelonaise.