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João se mit à rire encore une fois, son rire résonnant doucement dans l'air frais de la nuit. J'observai un instant les contours de son visage éclairé par la lumière tamisée de la terrasse. Ses traits étaient détendus, presque enfantins, contrastant avec la tension habituelle que je percevais chez lui lors de nos autres rencontres. C'était comme s'il laissait enfin tomber ce masque arrogant qu'il portait si souvent.

Je pris une autre gorgée de ma bière, savourant ce rare moment de calme entre nous. C'était si étrange... Si inattendu. Nous étions là, seuls sur la terrasse, avec cette complicité fragile qui semblait s'être tissée en un instant. Je n'aurais jamais imaginé que je pourrais me sentir ainsi en sa compagnie. Et pourtant, il y avait quelque chose de presque réconfortant dans cette bulle que l'alcool et la nuit avaient créée.

« Pourquoi tu m'as toujours détesté ? » demanda-t-il soudain, rompant le silence avec une question qui me prit au dépourvu.

Je le regardai, mes sourcils se fronçant légèrement. Son ton n'était pas accusateur, juste... curieux. Comme s'il cherchait à comprendre quelque chose qui le troublait depuis longtemps. Mais comment pouvais-je répondre à cette question ? L'avais-je réellement détesté ? Ou était-ce simplement parce qu'il me rappelait trop cette partie de moi-même que je voulais garder enfouie, celle qui était aussi prisonnière de son image, de ce que les autres attendaient de lui ?

Je jouai avec le goulot de ma bouteille, mes doigts effleurant machinalement le verre froid.

« Je ne t'ai jamais vraiment détesté, João, » finis-je par dire, la voix plus calme que je ne l'aurais pensé. « C'est juste... tu m'énerves parfois. Tu sais, avec ton air arrogant, comme si rien ne pouvait t'atteindre. »

Il hocha la tête, son regard se perdant un instant dans l'obscurité au-delà de la terrasse. Puis, il sourit, mais cette fois-ci, c'était un sourire triste, presque résigné.

« Ouais, je comprends. C'est juste que... » Il soupira, et sa voix se fit plus basse, presque murmurante. « Ce masque, il est là pour une raison, Bella. Comme le tien. »

Mon cœur se serra légèrement à ces mots. Il venait de dire exactement ce que je n'avais jamais osé formuler à voix haute. Ce que j'avais toujours tenté de dissimuler, même à moi-même. Et là, sur cette terrasse, avec lui, je me sentais exposée d'une manière que je n'aurais jamais imaginée.

« Peut-être qu'on se ressemble plus qu'on veut bien l'admettre, » murmurai-je, ma voix à peine audible. C'était une confession autant qu'une réflexion, et c'était terrifiant de le dire tout haut.

João tourna la tête vers moi, me regardant avec une intensité nouvelle. Ses yeux, malgré l'alcool qui voilait légèrement son regard, brillaient d'une lucidité inattendue. Il était silencieux, mais je pouvais sentir qu'il comprenait. Ou du moins, qu'il essayait de comprendre.

« Ouais, peut-être bien, » répondit-il finalement, sa voix rauque brisant le silence qui s'était installé entre nous.

Il leva sa bouteille vers moi, un sourire en coin, mais cette fois sans aucune moquerie, juste une sorte de complicité silencieuse. Une nouvelle brisure dans cette barrière invisible qui nous séparait depuis si longtemps.

Je levai ma propre bouteille, acceptant son geste sans hésiter. Nos bouteilles se heurtèrent doucement, produisant un léger tintement dans l'air nocturne. Il but une longue gorgée, et je fis de même, laissant l'amertume de la bière couler dans ma gorge tout en essayant de comprendre ce que je ressentais réellement en cet instant.

Il s'appuya contre la rambarde, un peu plus près de moi cette fois. Pas de manière oppressante, mais suffisamment pour que je sente sa présence, que je perçoive la chaleur de son corps malgré le froid qui commençait à tomber. Il posa son regard sur l'horizon, ses traits fatigués, comme s'il portait un poids invisible depuis trop longtemps.

Desire's Deception | Joao FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant