9

70 3 0
                                    

Les rires de mes amies emplissaient la pièce, mais pour une raison que je n'arrivais pas à expliquer, je me sentais soudainement ailleurs, comme si quelque chose en moi avait changé. Et tout cela à cause d'un joueur de football arrogant qui ne devrait même pas occuper mes pensées.

Je fermai les yeux, essayant de chasser son image de mon esprit, mais sa voix résonnait encore en moi. « Peut-être que je veux apprendre à te connaître. »

Peut-être que, pour la première fois depuis longtemps, quelqu'un voyait au-delà de mes murs.

Je restai silencieuse un instant, les rires de mes amies résonnant doucement autour de moi. Je les regardai discuter, leurs sourires, leurs gestes spontanés, leur complicité si naturelle. Elles étaient là, présentes, et pourtant, je me sentais étrangement détachée, comme si quelque chose me tirait ailleurs.

João. Ce simple nom faisait écho dans ma tête, résonnait comme une note suspendue qui refusait de s'éteindre. Je me reprochais de penser à lui, mais c'était comme une empreinte, marquée quelque part, que je ne pouvais effacer.

Sierra me tira de mes pensées en posant une main sur mon bras. « Bella ? » Je sursautai, réalisant qu'elles me regardaient toutes avec curiosité.

« Hein ? Oh... pardon, je rêvais un peu, » murmurai-je, tentant de reprendre contenance. Je fis un sourire en coin, essayant de paraître détendue, mais une part de moi sentait bien qu'elles ne seraient pas si facilement dupes.

Chiara haussa un sourcil, son regard pétillant de malice. « Toujours à rêver, hein ? Tu serais pas encore en train de penser à João par hasard ? »

Je soupirai, exagérant un peu mon agacement pour cacher mon trouble. « Sérieusement, vous allez encore me taquiner avec ça ? Il ne se passe rien, les filles. »

Amara se pencha un peu vers moi, un sourire doux aux lèvres. « Tu sais, Bella, ce n'est pas une mauvaise chose de laisser quelqu'un entrer dans ta vie, même si c'est quelqu'un de... compliqué. »

Ces mots me frappèrent plus que je ne voulais l'admettre. Laisser quelqu'un entrer... J'avais toujours été prudente, construisant des barrières autour de moi, pour me protéger, pour ne pas laisser les autres voir mes failles. Mais João... il avait l'air d'ignorer ces murs, de les traverser sans même en être conscient. Et cette pensée m'effrayait autant qu'elle m'intriguait.

Je secouai la tête, chassant ces idées. « João est juste un ami, » insistai-je, plus pour moi que pour elles. « Et même si ce n'était pas le cas, je ne pense pas qu'il soit du genre à vouloir quelque chose de sérieux. »

Sierra fit une moue en réfléchissant. « Peut-être, mais ça ne t'empêche pas de l'apprécier, non ? Il est drôle, il te taquine, il te défie... ça te fait du bien, on dirait. »

Je baissai les yeux, mal à l'aise. Elles avaient raison, bien sûr. João me faisait ressentir des choses que je ne voulais pas admettre. Il m'agaçait, me provoquait, me poussait dans mes retranchements, mais il y avait aussi des moments, rares et discrets, où il laissait entrevoir une autre facette de lui-même, une fragilité que je ne comprenais pas encore.

Chiara croisa les bras, un sourire triomphant aux lèvres. « Allez, Bella, admets-le, même un tout petit peu... tu le trouves intéressant, non ? »

Je fis mine de lever les yeux au ciel, mais je ne pus empêcher un sourire timide d'apparaître malgré moi. « D'accord, il est... différent. » J'hésitai un instant avant de continuer, mes mots se faisant plus sincères. « C'est vrai qu'il a une énergie particulière. Mais je suis toujours méfiante... on ne sait jamais à quoi s'attendre avec lui. »

Amara posa une main légère sur mon épaule, comme pour me rassurer. « Parfois, c'est justement ça qui rend les choses intéressantes, non ? Cette incertitude, ce mystère. »

Je pris une grande inspiration, sentant mes défenses vaciller sous leurs mots bienveillants. Peut-être avaient-elles raison. Peut-être que je m'accrochais trop à mes peurs, à mon besoin de contrôle. Mais est-ce que j'étais prête à baisser ma garde, à prendre ce risque, même si c'était juste pour... essayer ?

Je me levai finalement du canapé, tentant de masquer le trouble qui montait en moi. « Bon, assez parlé de ça, » dis-je en souriant. « J'ai besoin de prendre un peu l'air. » Les filles échangèrent des regards complices mais me laissèrent filer sans un mot de plus.

Je sortis de l'appartement, respirant profondément l'air frais. La ville était calme, baignée dans la lumière douce du matin. Mes pensées tourbillonnaient, se mêlant à cette confusion que João avait semée en moi. Je me promenai sans but précis, laissant mes pas me guider, comme pour trouver une réponse dans le silence.

Au fond, ce que je craignais peut-être le plus, c'était de perdre ce contrôle que j'avais toujours sur moi-même. João semblait être une force que je ne pouvais ni anticiper ni maîtriser, et cette idée était à la fois exaltante et terrifiante. Je pris une grande inspiration, tentant de clarifier mes pensées.

Et peut-être que, pour la première fois, je réalisais que ce n'était pas lui le véritable mystère. C'était moi.

Le téléphone vibra doucement dans ma poche. Sans regarder, je savais déjà de qui il s'agissait. Mon père. Mon cœur se serra légèrement. Je pris une profonde inspiration avant de décrocher, essayant de garder une voix calme et posée.

« Isabella, qu'est-ce que c'est que cette vidéo ? » Sa voix résonna à travers l'écouteur, directe, tranchante. Pas de salutations, pas de « comment vas-tu ? ». Juste la question, qui suspendait l'atmosphère comme un nuage menaçant.

Je sentis mes épaules se raidir, chaque mot qu'il prononçait resserrant un peu plus l'étau de ma nervosité. « Papa... c'est juste une vidéo. J'ai joué une chanson, c'est tout. » Ma voix se voulait assurée, mais je savais qu'il capterait sans doute la nuance hésitante, celle d'une justification que je n'arrivais pas à éviter.

Il poussa un soupir, une exhalation lourde qui traversa la ligne comme un avertissement. « Isabella, tu sais très bien que ce genre d'exposition est... inutile, et inappropriée. Ce n'est pas... ce n'est pas toi. »

Pas moi ? Ces mots me frappèrent plus durement que je ne voulais l'admettre. Je me mordis la lèvre, repensant aux moments passés au piano, à cet élan de liberté, ce besoin irrépressible de partager cette partie de moi que j'avais longtemps cachée. Mais mon père ne pouvait pas comprendre ça, n'est-ce pas ? Pour lui, tout ce qui n'entrait pas dans les cases de ses attentes était à éviter, à dissimuler.

Desire's Deception | Joao FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant