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Chiara, toujours la plus directe, éclata de rire. « Allez, Bella, on t'a vue avec João Félix toute la soirée hier. Vous étiez collés l'un à l'autre, à l'écart de tout le monde. Vous complotiez quoi, au juste ? »

Mon cœur fit un bond. Elles avaient remarqué. Bien sûr qu'elles avaient remarqué. Je laissai échapper un petit rire nerveux, secouant la tête. « Sérieusement, les filles ? João et moi ? Jamais de la vie. » Je marquai une pause, exagérant une grimace. « Ew, vraiment pas. »

Sierra renchérit en souriant. « T'es sûre ? Parce que d'ici, ça avait l'air... intense. » Elle me lança un regard plein de sous-entendus, attendant une réaction.

Je me redressai un peu, décidée à rester sur la défensive. « Vous vous imaginez des choses. Il était juste un peu... éméché, c'est tout. Il n'y a rien d'intense entre nous. » Mon ton se voulait léger, mais intérieurement, j'étais troublée. Le souvenir de son regard intense, de ses provocations, flottait encore dans mon esprit. Je secouai discrètement la tête, chassant ces pensées.

Chiara, toujours moqueuse, ajouta : « Oh, c'est juste ça ? Parce que, franchement, c'était marrant de vous voir. Il te regardait comme s'il te défiait, et toi, tu faisais la fille indifférente. C'était presque mignon. »

Je sentis mes joues rougir malgré moi. « Mignon ? Vous délirez complètement. Il me taquinait juste. Vous savez comment il est. Il aime provoquer. » J'essayai de garder ma voix détachée, mais une partie de moi se demandait pourquoi je ressentais ce besoin de me justifier autant.

Amara, qui était restée silencieuse jusqu'à présent, me regarda en souriant doucement. « Bella, on te taquine, c'est tout. C'est juste que c'est rare de te voir aussi... » Elle chercha ses mots. « Disons, prise au dépourvu. Tu as toujours l'air si en contrôle. »

Ces mots me frappèrent plus que je ne voulais l'admettre. Avais-je vraiment perdu le contrôle hier soir ? Et si oui, pourquoi ? João n'était rien pour moi. Il était juste une distraction, une sorte d'amusement dans une soirée autrement banale. Rien de plus. Pourtant, pourquoi son visage continuait-il de flotter dans mes pensées, pourquoi son sourire narquois me revenait-il en tête, comme une énigme à résoudre ?

Je me levai brusquement, essayant de détourner l'attention. « Allez, les filles. Sérieusement, vous vous faites des films. Il n'y a absolument rien entre João et moi, et il n'y aura jamais rien. » Je pris une grande inspiration, essayant de dissiper l'inconfort qui s'était installé. « Je vais dans ma chambre, j'ai besoin de jouer un peu. »

« Ah, le refuge du piano, » lança Sierra, sa voix pleine de compréhension. « On te laisse à ta musique, alors. Mais on te garde à l'œil, hein. Si João se pointe à nouveau, on saura. » Elle fit un clin d'œil exagéré, et je secouai la tête, amusée malgré moi.

Je quittai la cuisine, sentant leur regard moqueur me suivre. Mais une fois dans ma chambre, le calme reprit ses droits. Je me laissai tomber sur le banc de mon piano, mes doigts effleurant doucement les touches. La musique, mon refuge, mon espace de liberté. Ici, il n'y avait ni João, ni questions, ni attentes. Juste moi et les notes, l'harmonie parfaite que je cherchais toujours à créer.

Je pris une profonde inspiration et laissai mes doigts courir sur les touches, une mélodie douce s'échappant du piano. C'était une sorte de rituel, une manière de recentrer mes pensées, de faire taire le tumulte intérieur.

Mais même dans ce moment de paix, une petite voix dans un coin de mon esprit me susurrait des questions que je ne voulais pas entendre. Pourquoi avais-je été si troublée par João ? Pourquoi, malgré toutes mes dénégations, son visage continuait-il de hanter mes pensées ?

Je soupirai, décidant de me concentrer sur la musique. Après tout, c'était la seule chose sur laquelle j'avais vraiment du contrôle.

Je laissai mes doigts glisser sur les touches du piano, les notes se transformant en une mélodie mélancolique. Je chantais doucement, ma voix se mêlant à la musique, un exutoire pour mes pensées confuses. La chanson que j'avais composée parlait des apparences trompeuses, de la manière dont les gens cachent leur véritable visage derrière des façades soigneusement construites. C'était un reflet de ma propre vie, de la dualité entre qui je paraissais être et qui j'étais réellement.

« Les sourires cachent les larmes, les paroles sont des mirages,
Dans ce monde de façades, qui peut vraiment voir ? »

Les paroles résonnaient dans la pièce, empreintes de la douleur que je portais en moi. C'était une de mes compositions les plus personnelles, une confession silencieuse cachée sous les notes du piano. Chaque accord, chaque parole, était un cri du cœur que je ne pouvais exprimer autrement.

Je fermai les yeux, laissant la musique m'envelopper, quand soudain, la porte s'ouvrit doucement. Une silhouette se dessina dans l'encadrement. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. C'était João. Il entra sans faire de bruit, les yeux fixés sur moi, comme s'il était hypnotisé par la musique.

Je sentis une vague de frustration m'envahir. Pourquoi était-il là ? J'avais complètement oublié ma veste chez Hector, et il était venu me la rendre, apparemment. Je n'avais pas prévu qu'il soit témoin de ce moment si intime, ce sanctuaire où je me réfugiais de toutes les intrusions extérieures.

Je continuai à jouer, mes doigts frappant les touches avec une intensité accrue, ma voix se tendant légèrement. « Les regards cachent les vérités, les histoires sont des illusions,
Dans ce monde d'apparences, qui peut vraiment comprendre ? »

João se tenait là, un sourire amusé sur les lèvres. Il était clair qu'il savait que j'avais remarqué sa présence. Il s'approcha lentement, presque imperceptiblement, comme s'il ne voulait pas briser la magie du moment.

« Bella, c'est magnifique, » dit-il enfin, sa voix faisant écho dans la pièce silencieuse. « Je ne savais pas que tu avais un tel talent. »

Je m'interrompis brusquement, les notes se bloquant sous mes doigts. Je me tournai vers lui, une colère froide dans les yeux. « Que fais-tu ici, João ? » demandai-je, essayant de garder ma voix calme malgré la frustration que je ressentais.

Il haussait les épaules, un air faussement innocent sur le visage. « Je suis venu te rendre ta veste. Je savais que tu serais ici, donc je me suis dit que je pourrais écouter un peu de ta musique. »

Je lui lançai un regard agacé, tout en me levant du banc. « Tu as entendu assez. Tu peux partir maintenant. Je n'ai pas besoin de ta présence ici. »

Il se rapprocha, un éclat malicieux dans les yeux. « Ah, mais tu n'as pas encore fini ta chanson. Tu devrais la terminer. C'est la première fois que je t'entends chanter, et je dois dire que je suis impressionné. »

Je soupirai profondément, le regard détourné. Je savais que je n'arriverais pas à me débarrasser de lui facilement. Il semblait déterminé à rester, comme s'il avait décidé que cette intrusion dans mon espace privé était une nouvelle forme de jeu pour lui.

« Qu'est-ce que tu veux, João ? » demandai-je, ma patience atteignant ses limites. « Tu veux simplement te moquer de moi ou tu as une autre raison de te comporter comme un intrus ? »

Il posa la veste sur le dossier de la chaise, ses yeux toujours fixés sur moi avec une curiosité non dissimulée. « Peut-être que je suis juste curieux, Bella. Peut-être que je veux mieux te comprendre. »

« Comprendre quoi ? » Je me tournai à nouveau vers le piano, mes doigts caressant doucement les touches, tentant de retrouver le fil de la mélodie que j'avais perdue. « Il n'y a rien à comprendre. C'est juste de la musique. »

João s'approcha encore un peu, comme s'il voulait s'imprégner davantage de l'atmosphère. « Je ne crois pas que ce soit juste de la musique pour toi. Tu mets beaucoup de toi-même dans ces chansons. Peut-être que tu pourrais m'en dire plus sur ce que tu ressens vraiment. »

Je lui lançai un regard perplexe. « Pourquoi te soucier de ce que je ressens ? Tu n'as jamais montré le moindre intérêt pour les gens ou leurs sentiments. Pourquoi maintenant ? »

Il se laissa tomber sur le bord du lit, un sourire en coin. « Peut-être que je suis juste curieux. Peut-être que j'ai appris à apprécier les choses qui se cachent derrière les façades. »

Son commentaire me fit sourire malgré moi. « Toujours aussi provocateur, João. Mais je ne suis pas d'humeur à jouer à tes jeux. »

Desire's Deception | Joao FelixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant