AMNESIA

I - MELODIAS

Aeroport Haneda (Tokyo), 31 Octobre.

Devant l'aéroport, j'attends désespérément que mon taxi arrive, je fixe mes nouveaux papiers, désormais, Melodias Eze n'existe plus.

Je dois laisser place à une nouvelle ère, qui se nomme Meryl Athinaa. Je suis reconnaissante d'avoir des contacts qui puissent me fournir des papiers d'identité, malheureusement ça ne suffira pas, en tout cas, pas si je veux être méconnaissable.

Lorsque le véhicule entre dans mon champ de vision, je saisis le peu de bagages que je possède et pénètre l'habitacle.

— Où puis-je vous déposer ? me demande le chauffeur.

— Au lycée Matsugaya, s'il vous plaît.

Le chauffeur démarre finalement. Par chance, mon logement se trouve assez proche de mon établissement. Mes yeux se perdent sur les différents paysages de Tokyo, cette ville est tout aussi vivante le jour que la nuit.

Tout ce que j'ai accompli à ce jour n'est plus qu'un déferlement d'événements passés, maintenant je ne suis plus une mannequine accomplie pour Vogue, je suis Meryl, une étudiante lambda, qui a perdu ses parents dans un accident de voiture dès son plus jeune âge. Ce ne sera pas si difficile de jouer la comédie.

Pourquoi te caches-tu ? chuchote ma
conscience.

Pour plusieurs raisons finalement.

— Nous sommes arrivés, ça vous fera un total de 1280 ¥. J'acquiesce simplement et le remercie, je tends ma carte au-dessus d'une petite machine avant qu'elle n'indique que mon paiement est accepté, je la range puis quitte finalement la voiture. Je prends ma valise dans le coffre, je relève la tête et tombe nez à nez avec la devanture de mon futur lycée.

Dans ma poche de veste, je sens mon téléphone vibrer, le nom d'Henri s'affiche dessus, je décide finalement de répondre.

— Melodias ?

— Tu as pu t'occuper du formulaire d'inscription ? demandai-je tandis que je triture mes bagues, légèrement angoissé par son appel soudain.

— Ouais, tu as bien de la chance que j'ai connu ton père, enfin bon, ce n'est pas le sujet. Tu verras, je t'ai envoyé le formulaire si jamais tu en as besoin. Je me suis également chargé du logement, il est payé pour 6 mois. Et, mensuellement, tu recevras un virement de ta banque. Évite de tout claquer dans tes bouquins avec des images-là... Des mangas, c'est ça ?

— Mh, c'est ça. Merci Henri, ça me tient vraiment à cœur que ce soit toi qui t'en occupes, soufflai-je.

— Et au niveau des cours ? Comment vas-tu faire pour rattraper ?

— Ce n'est pas un problème, commençai-je. J'ai étudié secrètement dans les loges entre chacun de mes défilés. Ça m'a permis de ne pas perdre le fil.

— Je vois... Et pour ton apparence ?

— Je m'en charge, pour l'instant, je me suis caché avec une capuche, ce qui par ailleurs fonctionne bien.

Un silence s'installe entre nous, je sais déjà ce qu'il va demander.

— Mais, Aurae, elle va remuer ciel et terre pour te retrouver. Tu en es consciente, j'espère ?

— Bien sûr que j'en suis consciente... c'est pour ça que je vais détruire cette puce, je m'en procurerai une autre, et je t'appellerai pour que toi, et uniquement toi, es mon numéro. Bon, il faut que je te laisse, bye.

Je laisse mon bras glisser le long de mon corps.

Ai-je vraiment quitté ma vie à New York pour Tokyo ?