VII - MELODIAS

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Psy, rendez-vous n*1.

— Alors, alors... Melodias Eze, c'est bien cela ?

J'acquiesce simplement, en arrachant la peau autour de mes ongles, bientôt, un amas de sang se forme autour de mon doigt, je l'essuie contre mon collant, laissant une petite tâche, avant de rediriger mon regard vers elle. Je hais les psys.

— Henri m'a déjà fait un petit point global, tu sais... Donc je suppose que tu n'es pas spécialement enjoué de voir une psychologue, ce que je peux comprendre, mais avec ton changement soudain de mode de vie, désormais, tu es scolarisé, tu côtoies du monde - je l'espère - et surtout, tu es à Tokyo, là où s'est déroulé le meurtre de tes parents...

Physiquement présente, mais mentalement absente, c'est bien ce que dit le dicton ? Eh bien, c'est mon cas. Je n'ai pas la foi d'écouter son monologue alors que je n'ai aucune envie d'être ici. Surtout si c'est pour parler de mes parents, ils sont morts, pas besoin d'en faire une histoire d'État, ça fait bien des années maintenant que je m'en suis remise, enfin, je crois. Que je le veuille ou non, je ne peux rien y faire, je n'ai aucun moyen de les ramener à la vie, alors autant avancer. Et par avancer, j'entends évidemment, faire payer le coupable. Hors de question qu'il ne paie pas pour tout ce que j'ai dû endurer, tout ce qui m'a amené à être ici, aujourd'hui, dans un cabinet lugubre qui me donne juste envie de vomir, comme dans tous les lieux médicaux.

— Je présume que Henri t'a transmis ma connaissance au sujet de ce que vous manigancez, mais j'aurais une petite question, parce qu'il ne me l'a pas précisé. Préfères-tu que je t'appelle Meryl, ou Melodias ?

Je relève la tête, subjugué par sa question plus stupide qu'un gosse de quatre ans.

— Vous préférez que je vous appelle par un prénom complètement aléatoire qui vous a été attribué pour fuir un pays, ou bien par votre vrai prénom ? demandai-je sèchement.

Elle me jauge du regard, Henri a également omis le fait que je n'aime pas les questions idiotes, pas de chance pour elle, on dirait qu'elle en a en réserve.

— Cela dépend du cont-.

— C'était une question rhétorique, évidemment.

Je lui adresse un sourire, emplis de toute la haine que je me retiens de verser depuis quelques jours.

— Moi, ça m'est égal, vous pouvez faire comme si vous étiez quelqu'un avec du répondant et un sarcasme sans limite, avec tout ce que Henri m'a dit, je suis sûr et certaine que vous vivez dans un mal-être constant, et que vous n'en voyez pas le bout, alors vous vous cachez derrière la méchanceté pour faire passer tout ça. Mais vous ne me duperez pas si facilement, Melodias, ou Meryl, c'est comme vous voulez, peut m'importe, mais je sais qu'au fond de vous...

Je ne voulais pas écouter la fin de sa phrase, alors j'ai claqué la porte derrière moi. Elle se trompe, je le sais. Je ne souffre pas, justement, je ne me suis jamais senti aussi bien, hormis pour Kyo, mais dès que j'aurai parlé à Henri, et qu'il aura trouvé des information compromettantes sur lui, tout sera fini, il ne pourra plus me menacer, et je reprendrai le dessus sur la situation. Qu'il me soit reconnaissant, je ne compte même pas me venger, j'ai déjà une autre cible, mais je dois d'abord trouver son identité. Seulement, je n'arrête pas de penser aux mains de Goro sur mon corps, son souffle caressait ma peau, sa voix me donnait envie de vomir... J'espère qu'il ne recommencera pas.

On dit que les choses deviennent une habitude après qu'elles se soient produites plus de cinq fois, si jamais Goro m'atteint à nouveau, je pourrais dire que c'est une habitude. À moins que cela soit prit en compte seulement si ça vient d'une même personne.

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