Chapitre 8 : À la Merci du Pire

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Texas, 10h

Junne

Je me réveillai péniblement, les jambes engourdies, la gorge sèche. À côté de moi, Katherine dormait profondément, son souffle lourd et irrégulier témoignant de sa nuit agitée. Elle était rentrée à l'aube, son chauffeur l'avait déposé complètement ivre. Elle n'avait pas arrêté de parler d'un homme, son ton empli d'excitation tandis qu'elle racontait en boucle leur liaison interdite et à quel point cela la grisait. Je m'étais forcée à l'aider à se coucher, même si elle titubait dans tous les sens, sans réussir à se stabiliser.

Mes pensées, cependant, étaient bien ailleurs. Un dossier brûlant reposait dans mon sac, un secret qui, s'il venait à être dévoilé, pourrait réduire des vies en cendres. Ce pouvoir que je détenais me glaçait autant qu'il m'intriguait. L'idée même de tenir ces informations entre mes mains déclenchait en moi des idées sombres, presque malsaines.

La lumière du jour m'aveugla un instant alors que je quittais le lit, les pieds traînants sur le sol froid. Sans réfléchir, je me dirigeai vers la salle de bain pour me soulager, puis je me rafraîchis le visage, essayant de me débarrasser du brouillard qui obscurcissait mon esprit. De retour dans la chambre, je pris mon téléphone sur la table de nuit, et une série de notifications me fit froncer les sourcils. Plusieurs appels manqués de Liam, et un message... un message qui me noua instantanément l'estomac.

"Putain Junne! Kayden est dans le coma!"

Le monde sembla s'effondrer autour de moi. Qu'est-ce qui avait bien pu se passer? Avais-je poussé les choses trop loin entre eux? Le poids de ma responsabilité me cloua sur place. Si la police intervenait, que se passerait-il? Mon souffle se coupa, ma vision se troubla un instant. Mes doigts se crispèrent sur le téléphone alors que je lançais un appel à Liam, la panique montant en moi comme une vague prête à m'emporter.

Mais avant que la tonalité ne résonne à mes oreilles, un appel entrant interrompit mes actions. Le numéro était masqué. Mon cœur battit plus fort, presque douloureusement, alors que j'atteignais la cuisine. Mes doigts tremblaient alors que je luttais intérieurement : décrocher ou non? L'incertitude me paralysait, ravivant un souvenir que je m'étais juré d'enterrer.

6 ans plus tôt...

Le soleil disparaissait derrière les collines de Brownsville, baignant la ville dans une lumière dorée et rougeâtre. À l'époque, je n'avais que 15 ans et je rentrais tranquillement chez moi, les écouteurs vissés dans les oreilles, insouciante de ce qui allait bientôt bouleverser ma vie. Ce vendredi soir, la ville était comme toujours bruyante, pleine d'élèves excités à l'idée de fêter leur week-end. Quant à moi, j'empruntais les ruelles qui menaient à l'appartement modeste que je partageais avec mon père.

Mon téléphone vibra dans ma poche, interrompant la musique qui berçait mes pensées. Un appel masqué. Pas très surprenant, cela faisait des semaines qu'un mec du lycée me harcelait. Un idiot qui n'acceptait pas que je le repousse. Agacée, je décrochai avec l'intention de l'envoyer balader.

— "T'es vraiment un enfoiré, tu sais ça ?" lançai-je sans filtre, prête à lui dire ses quatre vérités.

Mais au lieu de la voix irritante du harceleur, c'est une voix féminine, calme et mesurée, qui me répondit.

— "Mademoiselle Reyes ?"

Je restai silencieuse un instant, surprise.

— "Je suis désolée de devoir vous annoncer cela... Votre mère est décédée."

Mes jambes fléchirent sous le choc, et mon téléphone glissa presque de ma main. Morte? Cette phrase résonna en moi comme un écho lointain et destructeur. À cette époque, malgré tout, j'espérais encore pouvoir recoller les morceaux, obtenir des réponses. Et voilà qu'on m'annonçait que tout était fini.

Brûlé par le viceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant