Chapitre 7 : Un sauvetage, deux ennemis

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Texas, 22h50

L'homme aux yeux gris

Le silence régnait dans l'habitacle, seulement perturbé par le ronronnement discret du moteur. Nous avions dû faire un détour, une route bloquée pour une projection de cinéma en plein air. Une raison supplémentaire de m'agacer, et ça m'arracha un juron contenu. Perdre du temps, encore. Mon regard se fixait sur la route, mais mon esprit vagabondait vers cette étrange scène à laquelle j'avais participé. Pourquoi l'avais-je sauvée ? Après tout, elle n'était qu'une étrangère. Un pion dans cette partie d'échecs mortelle. Pourtant, ce n'était pas la première fois que je flanchais avec elle. Et ce n'était pas mon genre.

Le silence fut brutalement brisé par la sonnerie de mon téléphone. Je répondis sans même regarder l'écran, une voix familière se fit entendre.

— D'accord ! Que ça lui serve de leçon.

Je raccrochai rapidement, les mâchoires serrées et les doigts blanchissant sur le volant. Ce gamin méritait chaque seconde de cette "leçon", mais cela ne faisait que raviver le souvenir de ce qui venait de se passer. Mon regard glissa vers Junne. Elle avait cette habitude agaçante de me lancer des regards furtifs toutes les onze secondes. Comme si elle essayait de déchiffrer quelque chose en moi, de percer cette carapace qui me protégeait depuis si longtemps. Je ne comprenais pas pourquoi elle m'intriguait autant. Était-ce parce que je devenais trop indulgent, ou parce que je sentais que cette fille était différente ?

Elle rompit enfin le silence, un peu hésitante :

— Je tenais encore à vous remercier pour tout à l'heure...

Un sourire sarcastique se dessina sur mes lèvres avant que je ne réponde, mon ton léger mais moqueur.

— Et moi, à vous encourager à ne plus vous retrouver dénudée dans un endroit désert. Cela aurait pu très mal finir.

Pourquoi diable m'inquiétais-je pour elle ? Depuis quand un homme comme moi commençait-il à se soucier des étrangers ?

Elle répliqua aussitôt, son ton piqué par l'orgueil :

— Vous savez, un simple « je vous en prie » aurait suffi.

— Mouais, sa doit être ça , marmonnai-je, l'air faussement détaché.

Elle détourna le regard vers la fenêtre, visiblement vexée. Son attitude à moitié insolente m'amusait plus qu'elle ne le devait. Je la trouvais... divertissante.

— Prenez cette petite ruelle, s'il vous plaît, lança-t-elle, sèchement, ignorant ma réflexion.

Je levai un sourcil. Une fois de plus, cette gamine me donnait des ordres ? Je décidai de ne pas réagir, mais mon ton moqueur refit surface.

— Drôle de façon de remercier celui qui vous a sauvée. Et pas qu'une fois.

— Je crois vous avoir déjà dit "merci", ou vous préférez une révérence ? répondit-elle avec agacement.

Un sourire effleura mes lèvres.

— Le chaton s'énerve, intéressant.

Son visage se crispa davantage, et intérieurement, je savourais sa réaction. Mais elle en avait assez et décida de couper court à notre échange.

— Arrêtez-vous ici ! ordonna-t-elle d'un ton sec.

Elle se croyait où ? Certainement pas dans une limousine avec chauffeur. Je m'arrêtai quand même devant une maison que je reconnus instantanément. Celle-là même que mes hommes avaient fouillée quelques heures auparavant. Coïncidence ? Je doutais.

Brûlé par le viceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant