Chapitre 17

1 0 0
                                    

Le jour J de la représentation était arrivé, et on avait déjà un problème, le matin même. Christina était malade. Le gars qui jouait le professeur avait piqué une crise, il pensait qu'elle l'avait fait exprès, qu'elle avait eu trop peur et qu'elle avait inventé un mensonge pour s'échapper. On savait tous que c'était faux, Christina manquait peut-être de confiance en elle mais elle n'était pas du genre à mettre la troupe dans une mauvaise situation à cause de son anxiété, elle estimait trop le groupe pour nous causer des problèmes intentionnellement. 

Le leader de la troupe avait tenté de le calmer et il avait échoué. À bout de nerfs, il s'était montré plus dur.


" Stop ! T'énerver n'arrangera rien à la situation. Tu devrais plutôt réfléchir à une solution au lieu de geindre. " avait-il élevé la voix.


La coproductrice avait passé plusieurs coups de fils, sans résultats.


" Si vous connaissez quelqu'un capable de jouer, contactez les. " nous avait-elle suggéré.


Je n'avais pas beaucoup d'amies, ainsi, le tour de mes options était vite fait. Emily ne savait pas jouer, ça j'en étais sûre, et Lisa était trop timide pour vouloir jouer devant une audience. Cependant, j'avais une troisième option : Natalia.


Je lui avais alors envoyé un message. Sa réponse avait été rapide. Malheureusement elle avait refusé, MAIS ! Il ne fallait pas oublier que Natalia avait un réseau bien plus grand que le mien. Alors elle m'avait fait une faveur en envoyant un message groupé à tous ses contacts.

L'opération avait été plus rapide que je ne le pensais. Une heure plus tard, Natalia était venue nous rejoindre avec une nouvelle recrue. Je m'étais paralysée sur place en voyant qui j'avais sous les yeux. La remplaçante n'était autre que mon ancienne camarade, on avait passé plusieurs années ensemble dans la troupe de théâtre du collège. C'était impossible pour elle de ne pas me reconnaître, elle était bien trop familière avec mes mouvements et mes expressions.


Lorsque nos regards se sont croisés, une infime lueur de surprise était apparue sur son visage mais elle n'avait rien dit.


Les organisateurs de la pièce avait remercié Natalia et Sabrina (c'était son prénom) plus de fois qu'il ne le fallait, j'ai bien cru qu'ils allaient se mettre à genoux et promettre éternelle allégeance pour montrer leur gratitude. Monsieur l'enquiquineur (le gars qui s'était énervé précédemment), relou comme à son habitude, les avait pressé de se mettre au travail. Mais avant ça, notre capitaine avait rapidement fait les présentations, citant notre nom et notre rôle dans la pièce. Sabrina avait froncé les sourcils à l'entende de mon prénom mais elle n'avait rien dit encore une fois, il fallait dire qu'elle était une personne assez discrète.

Elle avait répété avec nous, en jouant avec le script en main. Lorsqu'il y avait des scènes où elle ne jouait pas, elle se focalisait à retenir son speech. Je la voyais répéter les paroles à voix basse tout en claquant des doigts, c'était une habitude qu'elle avait. Un jour, un de nos camarades lui avait demandé pourquoi elle faisait ce mouvement répétitif avec ses doigts, et elle nous avait confié que ça lui permettait de se concentrer plus facilement, un peu comme une musique en arrière plan qui la mettait dans l'ambiance. Et on pouvait dire que ça marchait, elle était cloitrée dans sa bulle, personne ne pouvait la faire revenir sur terre. En plus d'être sérieuse, elle avait une mémoire incroyable, elle pouvait retenir n'importe quoi en un temps record, cependant, elle utilisait sa mémoire à court terme, donc si je lui demandais de me réciter ses répliques deux mois plus tard, elle les aura déjà oublié. 

QUAND J'ÉTAIS TOIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant