Liens Interdits : entre cœur et raison [Tome 2]

13.

Jeudi 2 janvier 2025 – Tampa – Floride

Le tumulte de la soirée du Nouvel An résonne encore dans ma tête alors que je prends l'avion pour la Floride. Marco assis à côté de moi, nous n'échangeons que quelques paroles, étant trop occupé à ressasser mes pensées. Les images défilent devant mes yeux, le regard de Swan, mon prénom qui se dessine sur ses lèvres, son sourire quand elle a tourné le dos pour regarder son petit ami, tout cela m'oblige à me confronter à la réalité que je fuyais depuis des mois. Elle a refait sa vie et elle est heureuse, sans moi. C'est comme si chaque kilomètre que l'avion parcourt me rapproche un peu plus de moi-même, de l'homme que je dois redevenir.

À mesure que l'avion descend vers Tampa, la véracité de ce que je dois faire devient de plus en plus claire. Le soleil de Floride m'accueille avec ses bras chauds, un signal qu'il est temps de changer, de renouer avec l'homme que je suis censé être. Je prends congé des garçons et m'engouffre dans un taxi.

Ma première étape est le salon de coiffure du coin, un petit endroit éclairé par la lumière naturelle, où l'air sent toujours le shampooing frais et la cire. Toujours avec ma valise, je salue Joe, le coiffeur, un homme aux mains habiles et à la conversation facile.

— Salut Alec, ça fait un bail ! On rafraîchit tout ça aujourd'hui ? me lance-t-il en me montrant du regard mon reflet dans le miroir.

L'image que je renvoie fait vraiment peine à voir. Mes cheveux sont bien trop longs, ma barbe me fait ressembler à un homme plus que négligé, mes traits sont tirés, preuve évidente de ma fatigue et des mauvaises habitudes que j'ai prises dernièrement.

— Oui, on reprend forme humaine, je réponds avec une résolution nouvelle dans la voix.

Après un rapide shampoing, les mèches de cheveux tombent, légères sur la cape de coiffure, chaque coup de ciseaux me détachant un peu plus de l'ancien moi, celui qui se laissait aller. Joe, qui travaille en silence, ajuste ma barbe, la taillant parfaitement pour donner un aspect soigné et intentionnel, non plus celui d'un homme qui a cessé de se soucier de son apparence depuis plus d'un an.

Ragaillardi par cette transformation, je retourne à mon appartement, prêt à faire face au chaos que j'ai laissé derrière moi. Les bouteilles vides qui jonchent mon salon me frappent de plein fouet, témoignages silencieux de trop nombreuses soirées perdues dans l'oubli. Une à une, je les ramasse, leurs cliquetis dans le sac poubelle rythmant ma détermination à avancer.

Après avoir vidé mon espace de tout l'alcool, je m'attaque au reste de l'appartement. Le désordre n'est pas seulement physique ; il représente des mois de négligence envers moi-même et mon environnement. Je nettoie, je range, je trie, chaque action me rapprochant un peu plus du Alec que je veux redevenir.