« La ligne entre la haine et l'amour est mince, mais c'est souvent la plus excitante à franchir » - Proverbe espagnol
Estella Herrera, jeune étudiante de 20 ans, jongle entre ses études universitaires et son emploi dans un bar près de son campus pou...
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~ Estella Herrera ~
📍Sevilla 🗓️ 12 Avril 2024
Ça fait maintenant deux semaines depuis cette soirée. Deux semaines où tout semble être revenu à la normale, comme si rien ne s'était jamais passé. C'est fou à quel point on peut faire comme si de rien n'était, effacer un moment aussi bizarre avec une telle facilité. Le lendemain, c'était reparti comme avant : la haine, les piques, l'indifférence.
Et pourtant, pendant un court instant, j'avais oublié à quel point je détestais Pablo. Tout ce qu'il avait fait, tout ce qu'il avait dit... d'un coup, c'était comme si ça n'avait plus d'importance. J'avais l'impression de retrouver, après toutes ces années, le Pablo de notre enfance, celui que j'aimais tant. Pas ce gars agaçant qu'il est devenu aujourd'hui, mais le gamin qui savait toujours comment me faire rire.
Pablo a toujours eu ce côté sentimental. Contrairement à tous les autres garçons de notre âge qui se la jouaient « durs », lui, il était sensible, attentionné. Fermín et lui, c'était un duo à part. Ils n'étaient pas comme les autres gamins. Fermín, c'était le calme, le mec posé, qui réfléchit à tout. Pablo, lui, c'était le rêveur, l'impulsif, celui qui te faisait croire qu'on pouvait faire ce qu'on voulait à notre jeune âge.
Je me rappelle que je l'admirais vraiment. Il avait ce truc, cette capacité à toucher les gens avec des mots simples. Alors oui, à l'époque, il avait un côté irrésistible. Mais bon, ça, c'était avant. Parce que le Pablo d'aujourd'hui, il n'a plus rien à voir avec celui que j'ai connu. Il est devenu quelqu'un d'autre, quelqu'un que je n'aime plus du tout. Et franchement, ce n'est pas plus mal. C'est mieux ainsi, non ?
Avant de rejoindre Amy et les filles pour aller à l'université, je fais un rapide détour par le salon. Fermín est assis tranquillement sur le canapé, son téléphone à la mai. Je m'approche de lui et, comme d'habitude, je dépose un baiser rapide sur sa tempe avant de lui souhaiter une bonne journée.
- Passe une bonne journée, Fermín, dis-je en souriant.
Il lève brièvement les yeux de son téléphone et me sourit en retour.
- Toi aussi, Estella. Fais attention à toi, répond-il doucement.
Mais avant que je puisse sortir de la maison, l'inévitable arrive : la voix insupportable de Pablo résonne dans le salon.
- Et moi alors ? Tu ne me dis même pas au revoir, ni bonne journée ? Je suis déçu, Bruja.
Je soupire, exaspérée avant même de me retourner. Bien sûr qu'il fallait qu'il trouve un moyen de m'énerver avant que je parte. Je le regarde, nonchalamment adossé contre l'encadrement de la porte, avec ce sourire moqueur qui m'agace toujours autant. Il ne peut pas passer une journée sans m'embêter, visiblement.
