Vous vous souvenez de cette histoire ?

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Un pacte est un pacte . 01







Petit mot               

Je ne me souviens plus vraiment pourquoi je n'avais jamais publié cette histoire, mais en la retrouvant lors d'un tri, j'ai décidé de la partager.

D'ailleurs, même si ces deux histoires n'ont rien à voir sur le fond, c'est SOLSTICE qui a servi de prémices à Un pacte est un pacte.

Du moins, dans sa forme et dans sa structure initiale : Deux gamins blessés qui fuient une maison où ils se sentent indésirables, en quête de quelque chose de meilleur, n'importe où, pourvu que ce soit loin de leur réalité.

Dans l'ensemble, je pense que Solstice a influencé l'écriture de nombreuses autres de mes histoires, notamment dans leur forme, même si le fond diffère chaque fois.

C'est peut-être pour cette raison que je ne l'avais jamais publiée...


En parlant d'Un pacte est un pacte...

Vous vous en souvenez ?

Cette histoire dans laquelle Benjamin remplit de colère, avide de pouvoir et d'envie de vengeance, souhaitait qu'une chose tout détruire jusqu'à l'existence des gens qu'il s'était promis de toujours protéger.

C'est certainement mon histoire préférée avec Le bonheur.

Je l'ai présenté comme ça, mais il y avait une autre dimension plus cachée à l'histoire qui avait servi de fond de toile aux motivations de Benjamin. En réalité, cette histoire est inspirée du "folklore" de certains pays en Afrique. L'idée selon laquelle la réussite passerait pour certains par la magie et le sacrifice.


Comme je l'ai souvent laissé entendre à travers mes récits, je suis né d'un métissage, écartelé entre deux cultures parfois diamétralement opposées.

Mon père venait d'un pays où l'invisible pèse sur le quotidien, où l'on prête aux sorciers et à la magie un pouvoir immense sur le destin des gens. Ma mère, elle, est française, un endroit où le mysticisme n'a pas tellement sa place dans le paysage de la pensée.

Dans le pays de mon père, il existe des figures que l'on appelle "des féticheurs". Leurs noms circulent souvent dans les murmures de ceux qui espèrent échapper à la misère ou maintenir un certain niveau de vie. Certains, poussés par le désespoir, se tournent vers ces personnages, car ils sont en quête d'une meilleure issue, d'une chance d'offrir à leurs proches une vie meilleure, loin des affres de la pauvreté.

Mais l'ironie tragique réside dans cette démarche même.

Car pour s'élever, pour sortir leur famille du gouffre, les féticheurs demandent des sacrifices énormes. Et ces sacrifices ne sont rien d'autre que les vies de ceux qu'ils cherchent à sauver. Ainsi, pour atteindre richesse et prospérité, ces personnes doivent sacrifier ce qu'elles ont de plus précieux : leurs êtres chers.

L'élévation au prix du sang, la fortune en échange de l'amour.

Le comble de cette fatalité, c'est que ceux qui consentent à ces pactes maudits finissent eux-mêmes par être engloutis par les conséquences de leurs choix. Après avoir perdu tous ceux qu'ils aimaient, c'est leur propre existence qui est réclamée, emportée par les forces obscures qu'ils ont convoquées.

Qu'elles soient vraies ou non, ces histoires ont toujours résonné en moi comme une douloureuse ironie. Car, dans l'espoir de sauver ceux qu'ils aiment de la misère, ces individus finissent par les condamner, souvent pour des raisons égoïstes qu'ils ne discernent pas clairement dans le feu de leur quête.

C'est cette réflexion qui a nourri Un pacte est un pacte, dépouillé de l'aspect magique, mais tout aussi ancré dans la réalité de nos motivations humaines.

L'absurdité de ces dynamiques, où nos désirs les plus altruistes se muent parfois en actes destructeurs, est au cœur de cette histoire. Cela met en lumière le paradoxe cruel de la condition humaine : l'ambition, même parée des plus belles intentions, peut devenir l'outil de notre propre chute.

Dans la version initiale, Benjamin ne survit pas et meurt au dernier chapitre, tourmenté par les fantômes de toutes les vies qu'il avait sacrifié au cours de son ascension. Mais comme vous sembliez ne pas le voir mourir, j'ai dû réajuster la fin pour lui offrir une seconde chance de ne pas créer tous ces pactes qui au fil du temps vont emporter des coupables mais aussi des innocents, sans aucune distinction.

En changeant le dernier chapitre pour vous faire plaisir, j'ai aussi changé le fond du vrai message que transportait cette histoire. 

L'autre point est que le seul personnage que j'ai réellement hésité à sauver dans cette histoire, c'est Lucien. (Pour ceux qui se rappellent encore de ce personnage de l'histoire.) 

Clairement, Lucien était le seul qui était si brisé qu'il était prêt à perdre toute la fortune que Pierre ou Benjamin souhaitait tant, juste pour rendre justice à sa famille, sacrifiée injustement dans une bataille qui n'était pas la leur. Et le plus tragique dans cette affaire est qu'il a été sans le savoir, d'une loyauté infaillible envers Benjamin qui était la cause de toutes ses souffrances les plus terribles, comme la perte de sa famille.

Mais, il fallait qu'il meure finalement parce que si Lucien était resté en vie, jamais il aurait réussi à se pardonner tout ce qu'il avait fait sous le commandement de Benjamin. Pour moi, Lucien était un roi déchu, malheureux et seul dans un royaume désert. Tiraillé entre ce qui était juste et son désir de vengeance. Une bonne personne qui avait été consumée par la douleur et la colère, manipulée par Benjamin. J'avais vraiment beaucoup d'affection pour ce personnage. Bien plus que j'en avais pour le personnage de Benjamin à l'âge adulte.

Il y avait un parallèle entre Benjamin et lui. D'ailleurs si Benjamin appréciait autant Lucien, s'était parce que ce dernier lui faisait penser à lui dans une moindre mesure. 


Bref... Je vais bientôt republier Un pacte est un pacte pour les personnes qui le veulent.  




Je pense qu'entre deux chapitres de SOLSTICE, je reviendrais sur d'anciennes histoires, sur certains points que j'aurais voulu mieux développer ou que j'ai dû abandonner pour l'avancement de l'histoire.


SOLSTICEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant