Une année plus tard . 13

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Presque une famille . 13

« Pour qu'arrivent des jolies chose, il suffit de s'entourer de belles personnes. »

Agnès Ledig




C'était une vieille envie enfouie en eux. Peut-être qu'effectivement, au départ, ils avaient voulu faire un enfant pour des raisons qu'eux-mêmes jugés égoïstes mais ils se confortaient dans l'idée que la majorité des humains sur cette terre devenait parents pour des raisons égoïstes mais simplement différentes d'eux.

Ils avaient fait un enfant pour palier à la plus grande des solitudes, celle qui découle de l'absence de confiance en soi après des années à être dévalorisé, celle que l'on ressent même lorsque l'on se sent entouré. Celle qui nous frappe même dans les bras de la personne que l'on aime.

C'était pour pallier à ce sentiment qui les rongeait depuis l'enfance, que Pierre et Alice avaient au départ choisi de faire un enfant à qui ils allaient donner tout l'amour et l'attention qu'ils n'avaient pas eues.

C'était le postulat de base.

Cet enfant était celui qui devait leur sauver la vie par sa présence mais au départ eux, ils auraient simplement voulu en faire un sans incomber à leur enfant une tâche aussi lourde que de devoir sauver ses parents.

Parce que c'était bien là le problème selon Pierre et Alice.

Des parents qui font des enfants en projetants en eux tous leurs envies, leurs réussites et échecs comme si finalement cet enfant n'existait que pour gonfler leur égo ou constamment les apaiser, un peu comme si l'enfant n'existait que par eux, était une des raisons majeures pour laquelle la moitié des gens sur cette terre était malheureux.

Il n'y avait qu'à regarder Elliott mais surtout Charles.

Alice aimait profondément ce garçon mais elle avait terriblement peur pour lui. Il était comme un être dont l'esprit et la capacité de réflexion avaient été englouti par ses parents. Si Elliott avait été un « bébé surprise », Charles un « bébé programmé » pour rendre ses parents fiers.

Avant même qu'il naisse son rôle dans la famille et dans la société avait été décidé comme s'il n'avait rien à y redire. Et quand bien même, Charles avait conscience de combien il détestait se sentir comme le petit pion de ses parents, il persistait à vouloir à tout prix les rendre fiers en obéissant aux moindres désirs de ces derniers, même les plus absurdes.

Il était devenu un adulte en apparence stable mais totalement perdu sur sa place sur cet échiquier. Chaque décision, il devait attendre l'aval de son père qui savait parfaitement comment faire culpabiliser son fils lorsque ce dernier tentait « naïvement » de lui tenir tête. Ce qui expliquait pourquoi près de deux ans après sa rencontre avec Alice, ses parents ne connaissaient toujours pas l'existence de la jeune femme.

Et ni Alice ni Pierre ne voulait être comme ça dans la vie de leur fils. Cette peur était si présente, qu'ils avaient décidé de suivre les conseils de Marjorie et de commencer chacun de leur côté une psychanalyse. Ils avaient conscience qu'ils n'allaient pas être les parents les plus parfaits mais ils voulaient au moins commencer à soigner leur blessure du passé qui sans qu'ils en parlent encore, les rongeaient énormément.

D'autant plus maintenant que Mathis venait d'avoir un an.

*

Vendredi 13 avril 2023

Benjamin venait de sortir de la fac, épuisé après une longue journée de cours. En jetant un coup d'œil à sa montre, il soupira avant de se diriger vers les transports.

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