Détestables (Tome 2)

Chapitre 42 - Nolan

- Je te jure que si t'ouvres pas ta putain de gueule...

- Je n'en sais rien, Nolan.

Le calme dont Judith fait preuve, malgré mon arme pointée sur son front, est terrifiant. Rebecca a disparu depuis trop longtemps maintenant pour ma propre santé mentale.

- Kurt, regarde ça.

L'écran de téléphone de Stephan apparaît alors devant mon visage. Deux points verts clignotent simultanément, dont un à plus de vingt minutes de l'appartement. Je dévisage ma sœur, bouillonnant de l'intérieur. Pour toute réponse, elle m'adresse un sourire horripilant qui me donne envie de l'étrangler.

Avant même que je n'ai eu le temps de dire quoi que ce soit Derek et Allan apparaissent devant moi, leur arme en main. Sans ouvrir la bouche, ils me tendent la mienne.

- Si j'étais vous, je me dépêcherais, souffle Judith.

Bien que son ton soit sec et condescendant en ma présence, j'y perçois malgré tout une petite pointe d'appréhension, voir même d'inquiétude.

- Stephan, tu restes là, et tu la surveilles.

- Kate est avec elle, je viens, peste-t-il en me poussant de son épaule.

Derek et Allan lui barre la route, l'empêchant de quitter la pièce. A l'instar du mien, son visage vire au rouge en un rien de temps. Soudain, son arme se retrouve plantée sur le front de Derek, qui ne bouge pas pour autant. Quant à la mienne, elle est maintenant posée sur l'arrière de son crâne. Allan nous dévisage avec mépris, las de cette situation de merde qui nous fait perdre un temps précieux.

- Je viens, dit-il lentement en abaissant la sécurité et ignorant le métal froid pressant contre sa nuque.

- Pour une putain de fois dans ta vie, fait nous confiance.

Le ton de Derek est sans appel, il ne bougera pas.

- Nolan préférerait crever que de te ramener le cadavre de Rebecca. Et je préférerais crever que de te ramener le cadavre de Kate, crache-t-il sans le quitter des yeux.

La scène dure de longues secondes avant que Stephan laisse finalement retomber son bras. Je fais de même, ignorant le regard qu'il me lance.

- Vous êtes mignons, ricane Judith derrière-nous.

Certainement pour lui prouver sa maturité, Stephan lui jette son verre d'eau au visage, ayant au moins le mérite de réussir à la faire taire.

- Je te déteste, peste-t-elle en reprenant sa respiration.

- Mais oui, ma belle. Prenez-ça, dit-il en nous tendant un petit boitier noir. Je les ai fabriqués hier, au cas où il y aurait un problème. T'as juste à appuyer là.

L'appareil est aussi petit qu'un dé. En quelques mots, il nous explique comment l'utiliser afin de demander de l'aide sans avoir besoin de parler. Chacun de nous récupère le sien, même Judith.

Lançant un regard lourd de sens à ma sœur, je décide finalement de tourner les talons, Derek et Allan sur les talons.

Lorsque nous pénétrons dans la voiture, Derek laisse tomber sa tête sur l'appui-tête avant de me dévisager. Je frôle la tachycardie, tentant tant bien que mal de garder la tête froide.

- Si tu lui avais fait confiance, on en serait pas là.

- La conf...

- La confiance n'exclut pas le contrôle, bla-bla-bla. Vous me cassez les couilles les mecs, bougez-vous !