Détestables (Tome 2)

Chapitre 15 - Beck

Le lit est vide et frais lorsque j'émerge. Mon réveil sonne depuis maintenant dix minutes et j'arrive à peine à ouvrir les yeux. La nuit fût un peu courte. Pas vraiment très malin puisque, dans une demi-heure à peine, je me retrouverai au volant d'une voiture puissante que je ne maîtrise absolument pas.

Rapidement, et après avoir fais le nécessaire dans la salle de bain, j'enfile un jean noir ainsi qu'un pull fin, m'assurant d'être à l'aise en toute circonstance. Je saisis mon glock, posé sur la commode près du lit, puis vérifie que le chargeur est plein avant de glisser l'arme dans ma poche arrière. Ma lame est solidement attachée à ma cheville. Rapidement et alors que je m'apprête à quitter ma chambre, je jette un dernier coup d'œil à mon reflet. Malgré les quelques cernes bleutées habillant le contour de mes yeux, j'ai plutôt bonne mine.

J'attrape ma veste en cuir, puis sort finalement de la chambre, refermant la porte derrière-moi. Le couloir est silencieux. Avant même que je n'ai le temps de me demander où se trouve Nolan, la porte de son bureau s'ouvre lentement. Pour autant, personne n'en sort. Curieuse, je m'avance prudemment, tentant de faire le moins de bruit possible.

Alors que je m'apprête à dépasser la pièce pour me rendre dans la cuisine, je me retrouve rapidement à l'intérieur du bureau, mon torse collé contre celui du mafieux, visiblement douché et bien réveillé. Comme à son habitude, Nolan affiche une mine sérieuse. Pourtant, une lueur particulière brille ce matin dans ses iris. Après cette rapide étreinte qui n'en était très certainement pas une, il s'écarte légèrement de moi. Juste suffisamment pour me tendre ce qui semble être une clé de voiture.

- Range Rover ? demandé-je impressionnée.

- Elle est toute neuve, prends-en soin.

- Tu as peur qu'une femme conduise ta jolie voiture ? me moqué-je.

- Non, rétorque-t-il simplement d'un ton sec. Sinon j'aurais demandé à Russell de prendre le volant. Ce que je voulais dire c'est... Sois prudente.

Un demi-sourire apparaît furtivement sur mes lèvres, bien que je ne réponde pas. Je le gratifie d'un clin d'œil sournois avant de finalement tourner les talons. Il ne me retient pas, se contentant de secouer la tête avec amusement. Cependant, et avant que je n'aie pu réellement m'éloigner, sa main se referme sur mon poignet, m'obligeant à faire volte-face. Rapidement, mes lèvres se retrouvent collées aux siennes, soumises à la violence de son baiser. Malgré moi, je laisse échapper un léger soupir d'aise. Lorsqu'il me lâche enfin, il sourit face à ma surprise, teintant très certainement mes joues d'un rouge vif. Je me sens rougir, putain. Sans plus m'attarder, je lui jette un dernier regard avant de déguerpir.

- T'es prête ? me demande Russell lorsque j'arrive enfin dans le salon. Je t'attends depuis trois quart d'heure ! peste-t-il, accoudé au bar.

- Espèce de mytho, ricane Derek derrière-nous. T'as encore les yeux collés mec, tu dormais comme un bébé y'a cinq minutes.

Je souris à mon tour, les saluant d'un rapide signe de tête. Kate est elle aussi réveillée. Assise sur la table, les deux pieds posés sur une des chaises, elle boit un café fumant. Bien qu'elle tente de résister à l'envie de m'accorder son attention, visiblement toujours remontée contre moi, je grille quelques-uns de ses regards inquisiteurs. Lorsque ses yeux se posent finalement sur mon holster, je manque de me moquer d'elle face à sa grimace. Ce n'est que lorsque je décide de m'approcher, qu'elle plante enfin ses yeux dans les miens.

Elle semble épuisée. Sa nuit aussi semble avoir été courte, mais sans doute pas pour les mêmes raisons que moi. Une pointe de culpabilité m'assaille soudain lorsque je pense à ce qu'elle vit, pendant que je m'abandonne à mes bas instincts. Désormais face à elle, je l'interroge du regard, m'assurant qu'elle va bien. Elle hoche lentement la tête, semblant hésiter à m'adresser la parole. Alors que je m'apprête à prendre les devants, elle me surprend en m'attirant jusqu'à elle, manquant de renverser sa tasse sur ses jambes repliées. Elle me serre si fort dans ses bras que respirer devient difficile. Pour autant, je ne m'écarte pas, la serrant à mon tour de toutes mes forces et m'excusant silencieusement de lui avoir menti si longtemps.