A mesure que les détonations résonnent dans l'entrepôt désormais désert, mes phalanges blanchissent tant je serre les poings contre mes jambes immobiles. Incapable de me lever, je ne peux que subir ce qui est entrain de se passer. Treize détonations. Lorsqu'enfin le carnage s'interrompt, j'expire malgré moi. Seuls mes désirs de vengeance m'empêchent de m'effondrer.
Soudain, des pas semblent s'approcher dans notre direction, Derek se place devant moi, son arme tendue vers l'avant. Il est dans le même état que moi, ne semblant pas supporter la trahison de Rebecca. Allan, lui aussi, est au plus mal. On fait putain de pitié.
Mon corps entier se contracte lorsque le visage de Rebecca, taché de sang, apparaît dans mon champ de vision. Elle est évidemment suivi de Stephan, dont le visage semble marqué d'un sourire satisfait. Au sol, je cherche du regard mon arme, en vain. Derek n'a pas baissé la sienne, la tenant en joue. Rebecca ne recule pas pour autant. Alors que son front se retrouve collé au canon froid de mon bras droit, Stephan jette à ses pieds le corps ensanglanté d'Isaiah, qui semble encore en vie malgré la multitude de trous perforant son corps. Derek baisse soudain son bras pour inspecter le corps étendu au sol.
Curieux, je plante mon regard dans celui de Rebecca, déjà posé sur moi. Alors qu'elle s'approche, mes hommes décident de m'aider à me relever pour lui faire face. Maintenant à la même hauteur et alors que nous nous dévisageons toujours, Rebecca me tend son arme, ses yeux rougis m'intimant de m'en saisir. Ses mains sont rouges elles aussi, tant elles sont tachées de sang.
- La quatorzième balle est la tienne, Nolan.
Je reste muet, reportant mon attention sur le corps gisant à mes pieds. Stephan attrape les cheveux d'Isaiah, relevant sa tête dans ma direction. Il demeure silencieux, mais ses yeux bleus s'arrondissent lorsqu'il finit pas me reconnaître. Malgré la douleur, la peur semble prendre possession de son corps. Sans plus de cérémonie, je vise son torse. Je n'hésite pas une seule seconde avant de presser la détente. Pour mon plus grand bonheur, il ne meurt pas sur le coup, s'étouffant dans son propre sang. Usant des dernières forces qui me restent, je m'avance difficilement dans sa direction, aidé par Derek. Désormais à sa hauteur, j'ordonne à Rebecca de me donner son couteau. Alors que Stephan tient toujours fermement sa tête en arrière, je tranche d'un geste précis la gorge de ce fils de pute. Alors que son sang coule désormais sur mes mains, le poids qui pesait jusqu'ici sur mes épaules s'envolent.
- Isaiah Abramovitch, murmure Rebecca lorsque le corps sans vie de son père percute à nouveau le sol.
Je reporte mon attention sur elle, les larmes roulant sur ses joues me donnent envie de tuer ce type une seconde fois.
- Rebecca, craché-je en l'intimant de revenir devant moi.
Je m'appuie difficilement contre le mur à ma droite, puis ordonne à mes hommes et à Stephan de dégager. Bien que ce dernier soit hésitant, un seul regard de son amie suffit à le faire obéir. Alors qu'elle me fait désormais face, seule, je saisis son couteau.
- Je refuse de t'en vouloir pour le restant de mes jours.
La lame pénètre lentement son épaule. Bien qu'elle se retienne, elle halète de douleur. Ses larmes coulent de plus belle. Ses iris bleus me transpercent, atteignant ma putain d'âme abimée. Je retire rapidement le couteau, le jette au sol, puis presse sa blessure de ma paume.
- Maintenant, on est quitte. Je ne veux plus jamais te voir, Abramovitch.
Ses yeux s'écarquillent soudain, comme si le seul fait qu'elle soit revenue sur ses pas palliait son putain d'abandon.
- Ne fais pas ça.
- N'est-ce pas ce que tu voulais ? Tu m'as trahis, plusieurs fois. Tu t'es foutu de ma gueule, et j'irais même jusqu'à dire que tu m'as humilié. Tu serais déjà morte si...
- Si quoi, Nolan ?
- Si tu n'étais pas "toi", hurlé-je. Si tu ne m'avais pas autorisé à te toucher. Si tu ne m'avais pas obligé à tuer, à rompre mes putains de promesses. Si tu... et puis merde.
Alors que je m'écroule littéralement sur elle, l'emportant au sol dans ma chute, mes lèvres se pressent sur les siennes. Ce baiser a un goût de victoire, de vengeance et de larmes. Je ne sais même plus si ce sont ses larmes qui trempent mon visage, ou les miennes. Ses mains froides sur mes joues sont la dernière chose que je sens avant que mon torse percute violemment le béton.
- Tu as perdu beaucoup de sang, l'entends-je murmurer. Derek !
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Détestables (Tome 2)
Roman d'amourOn dit souvent qu'il n'existe pas de vengeance plus haute que l'oubli. Pourtant, ils ont décidé de s'en rappeler.