Détestables (Tome 2)

Chapitre 6 - Beck

- Tu disais ? 

Alors que Nolan semble absorbé par sa démonstration de force, j'observe la foule. Paniquée à l'idée d'exploser en un million de petits morceaux, bien que sachant Derek incapable d'appuyer sur cette foutue détente, je manque de m'étouffer lorsque j'apperçois trois des irlandais diriger lentement leur mains vers leur ceinture, où se trouve sans aucun doute leur arme. D'un simple regard, je tente de faire comprendre à Allan ce qui est en train de se passer. Ce dernier, se tenant à l'écart et observant la scène de loin, arme au poing, saisit sans difficulté et abat sans hésiter les trois hommes, détournant l'attention de Nolan.

- Cinquante pourcent de tes quelques hommes te sont fidèles, c'est déjà pas mal.

- Tu me le paieras, Kurt. Tu finiras comme ton bon à rien de père, soit en certain, crache le chef irlandais en tentant de s'extirper de la poigne de Russell.

- On s'revoit en enfer, fils de pute.

Sans plus de cérémonie, Nolan abat sa cible sous les yeux de ses hommes. Son arme et lui ne font désormais plus qu'un, comme s'il avait fait ça toute sa vie. Un tel changement, en même pas un mois.

Les cinq irlandais restant blanchissent à vue d'oeil, bien conscients qu'ils vont subir le même sort.

- Rebecca, m'interpelle Nolan en s'approchant de moi. Choisis-en un.

- Quoi ? m'étonné-je.

- Ne m'oblige pas à répéter. Tu as plutôt intérêt à faire le bon choix.

Surprise, je dévisage à un à un les cinq hommes se tenant debout devant moi. Deux doivent avoir l'âge d'Allan, les autres étant bien plus jeunes. L'un d'eux sort du lot. A peine majeur, ses traits sont tirés et ses cheveux très courts. Il ne me regarde pas, acceptant sans broncher son sort quand les autres me défient presque du regard. Il ne doit pas être enrôlé depuis longtemps. Ses mains tatouées tremblent le long de son corps.

- Lui, dis-je en pointant le jeune homme du doigt.

A peine l'ai-je désigné que les autres s'écroulent dans un concert de détonations.

- Ce n'est pas ce qui était prévu, Kurt, peste Derek en rangeant son arme.

- J'ai changé d'avis. On se replie.

Volontairement, Nolan percute mon épaule de la sienne lorsqu'il sort de la pièce. Allan saisit l'irlandais par le bras, puis l'entraîne à sa suite. Alors que je m'apprête à les suivre, la voix de Derek interrompt soudainement mes mouvements.

- Putain, Kurt. J'ai plus aucun contrôle sur l'explosif !

Je me liquéfie sur place, les jambes à deux doigts de céder. Un bip répétitif retentit soudain dans la pièce silencieuse, accentuant ma panique. Nolan, quant à lui, tourne immédiatement les talons avant de courir dans ma direction. Ses gestes sont saccadés, tout comme sa respiration, il est tout autant paniqué que moi. Alors qu'il tente de me retirer l'explosif, ses iris percutent les miens. Si je n'étais pas sur le point d'exploser, je me réjouirais presque du regret que j'y lis.

- Putain, j'arrive à rien !

Alors que Russell rejoint son chef pour l'aider, le rire de Derek retentit soudain, suivi de celui d'Allan. Comprenant ce que ces abrutis viennent de faire, je ris à mon tour nerveusement. Bien plus soulagée qu'énervée, je m'assois au sol pour reprendre mes esprits. Si le soulagement se lit également sur le visage de Nolan, sa rage prend le pas sur le reste.

- C'est quoi ton putain de problème ! hurle-t-il sur Derek qui ne se démonte pas pour autant.

- Refais un truc comme ça, crache-t-il en tendant son index dans ma direction, et c'est toi que je fais exploser, Nolan ! Rien à foutre que tu sois mon boss.

Ils sont si proches l'un de l'autre que l'on pourrait croire qu'ils vont s'embrasser. Pourtant, ce n'est autre que le poing de Nolan qui percute la mâchoire de son bras droit, qui craque sous l'impact. Alors que je m'attends à ce que ce dernier riposte, il n'en fait rien. Toujours aussi fier de lui, Derek se relève difficilement et dépasse son chef pour sortir des lieux.

Lorsque Nolan tend sa main pour m'aider à me relever, je l'ignore. Me débrouillant seule, je le dévisage à nouveau avec mépris.

- Quoi que t'en penses, maintenant on travaille ensemble, craché-je en rejoignant les autres.