Chapitre 41 - Beck

48 2 1
                                    

Elle n'a pas menti. Pas une seule fois en une semaine. Nolan n'a pas interdit à Stephan de dire quoi que ce soit à Judith, ce qui suppose que, malgré cette petite puce, il continue plus ou moins de suivre mon plan et de la garder de notre côté en la mettant au parfum.

Toujours est-il que je ne parviens pas à laisser passer ce manque de confiance. Depuis maintenant une semaine, je l'évite. Évidemment, il s'en est rendu compte dès le premier soir, mais il reste persuadé que les actes de ma sœur sont la cause de ma "mauvaise humeur". C'était plus que compliqué de l'éviter, surtout en restant dans ce foutu appartement toute la semaine.

Ce soir, Stephan est occupé à l'extérieur, si bien que c'est à nouveau à moi de nourrir notre invitée. Bien sûr, je n'ai pas eu l'occasion de préparer son repas, Derek s'en est chargé à ma place. Ce qui confirme ce que je redoutais, lui aussi est au courant.

- Où étais-tu, hier ?

Judith, assise au même endroit que d'habitude, m'observe avec interrogation, un sourcil haussé.

- J'avais à faire. Qu'as-tu fais de la...

- Ça ? me demande-t-elle en tendant la main vers moi, paume vers le ciel. Je suis une femme de parole, et je t'ai attendue toute la nuit.

- Je n'en doute pas, mens-je à moitié. Celle-ci, tu vas l'avaler.

- Et toi ?

Pour toute réponse, j'enfonce mes doigts dans la nourriture encore tiède et agite la puce devant mon visage.

- Avant qu'ils ne s'en rendent compte, je serai déjà loin.

- Que comptes-tu faire, seule ?

- Je n'ai jamais dit partir seule. Et, si mes calculs sont bons, ils arriveront juste avant que ça parte en couilles.

- Ma belle, les femmes et les calculs... Ça n'a jamais fait bon ménage. Je parle en connaissance de cause.

Je ris face à son manque de confiance, lui tendant le reste de son repas. Sans se faire prier, Judith attrape la nourriture encore intacte et s'en délecte en souriant à son tour.

- Enfin quelque chose qui a du goût, rit-elle en avalant une nouvelle bouchée.

- Remercie Derek, dis-je en m'asseyant face à elle.

Avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit de plus, la sœur de Nolan dépose le traceur dans sa cuillère et le recouvre de nourriture avant de l'ingurgiter.

- Putain, j'avais oublié à quel point c'est dur à avaler, peste-t-elle en retenant difficilement un haut-le-coeur. Quand est-ce que tu pars ?

-

Cinq bonnes minutes avant que nous arrivions sur place, j'éteins les phares de la voiture de Josh. Assis à côté de moi, il remue frénétiquement sa jambe.

- T'es sûre de toi ? demande Kate assise sagement à l'arrière.

- T'étais sûre de toi, l'autre jour ? rétorque Josh en se grattant l'arrière du crâne.

- Tout va bien se passer, tenté-je de les rassurer.

Dans une vingtaine de minutes, les hommes d'Ariel débarqueront dans notre plus gros dépôt, à Salford. Ariel lui-même sera certainement lui aussi de la partie. J'ai pris moi-même les mesures nécessaires pour qu'il pense que Judith est ici. Dans exactement trente-cinq minutes, le traceur de cette dernière se désactivera pour déclencher le mien. Nous n'avons donc qu'un petit quart d'heure à tenir en leur compagnie. Un quart d'heure pour servir Ariel à Nolan sur un plateau d'argent. Ou un quart d'heure pour mourir aux côtés de ces deux gamins.

Détestables (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant