Âmes Étoilées Tome II

5-Le Souffle D'une Vie

Playlist :

Sailor song - Gigi Perez

Eugénie cinq mois auparavant

Eugénie tenta de hurler et rapidement, elle porta ses mains à son cou alors que des bulles d'air s'envolaient vers la surface. Elle se débattait avec ses pieds pour tenter de se ramener à la surface, mais le sang semblait se durcir dans ses veines à cause des températures négatives. La jeune femme enleva frénétiquement son plastron et son armure, qui, bien que légère, la faisait couler trop rapidement.

L'obscurité l'entourait et la seule source de lumière venait de la glace blanchâtre sur laquelle la lune se reflétait. Eugénie toucha le fond du lac, alors qu'elle tentait d'empêcher sa crise d'angoisse. Elle avait l'impression qu'elle allait s'évanouir de terreur. La chevalière donna un coup de pied et tenta de viser la fissure qu'elle avait créée dans la banquise. L'eau n'était pas si profonde que cela, mais rien que le fait d'être dans l'eau signait sa propre mort.

Sa flexion lui permit de trouver le trou et d'attraper le rebord avec une main avec laquelle elle porta le poids de son faible corps pour se positionner juste sous la surface.

Lou emmargea sa tête de l'eau glaciale, elle fendit l'air en respirant brusquement. Le trou était juste assez grand pour que son corps ait pu passer au travers. La jeune femme mit ses deux avant-bras sur les rebords de la glace en essayant vainement de retenir les hurlements de terreur qui menaçaient de s'évader de son âme.

Elle força sur ses abdos en tentant de monter sur la banquise, mais rien n'y fit : elle ne faisait que glisser à cause de la surface lisse de la glace. Eugénie commença à pleurer, alors que des tremblements intenses faisaient trembler son corps entier. Les seuls bruits qui résonnaient dans cette nuit trop calme étaient ses pleurs de suffocation et ses claquements de dents. Alors qu'elle tenta une seconde fois de monter sur la banquise glissante à la seule force de ses muscles paralysés de froid, elle parvient à poser son torse sur la glace et à se traîner, quand celle-ci cassa sous son poids une nouvelle fois.

Eugénie coula une deuxième fois, elle tenta vainement d'attraper quelque chose en battant des pieds pour laisser le plus longtemps ses bras remuer à la surface, mais l'hémorragie, la peur allaient avoir raison d'elle. Elle était déjà morte une première fois : il y a huit ans, Eugénie Lou était morte noyée le jour où ses parents avaient rendu l'âme enfermée dans des cages comme des animaux. À cette époque-là, elle avait tant hurlé que les hommes humains l'avaient noyée jusqu'à ce qu'elle en meurt. Eugénie avait désespéramment tenté de se relever, parce que leur cruauté était telle qu'ils l'avaient noyée dans une flaque de boue. Eugénie avait cessé de respirer, et pourtant, quand les mains rugueuses avaient lâché sa nuque de petite fille et que leurs pas s'étaient évaporés dans la pluie, elle s'était relevée et était partie pleurer sur les cadavres nauséabonds de ses parents.

La jeune femme se sentait flotter, elle n'avait plus mal à son bras transpercé, elle ne ressentait plus le froid mordant. Elle se sentait même bien et alors que ses yeux se fermaient tout seuls, des images montèrent à son esprit : un oiseau dans une cage en verre, une femme avec des yeux verts au bord d'une falaise et un rire, un rire mélodieux qu'elle n'avait entendu que trop rarement, une mèche polaire, puis des yeux gris immenses dans lesquels on pouvait se noyer... Sélina... Lorelye, sa reine, était encore en vie.

Eugénie ouvrit brusquement les yeux, alors qu'une violente chaleur inondait ses veines. Elle avait l'impression que son cœur allait exploser tant il battait vite. D'un dernier effort, elle parvient à faire dépasser son bras de l'eau, mais rien...

Lou aurait rit si elle n'était pas sur le point de mourir. Elle avait peur, la chaleur que lui avait apporté la vision de Lorelye vivante avait vite été chassée par la peur. Sa poitrine commença à tressauter, signe qu'elle avait atteint ses limites.