Âmes Étoilées Tome II [TERMINÉ]

44-Le Glas du Mariage

Playlist :

Shameless - Camilia Cabello

HEAVEN AND BACK - Chase Atlantic

Lorelye & Naëlion

Le roi Evariste avait décidé d'organiser un bal en l'honneur du départ de son fils cadet et des troupes royales qui allaient livrer bataille contre le Roi Obscur. Ce festin grandiose, rythmé par la musique et les danses, serait un symbole de force et d'unité, une manière d'envoyer les soldats au front avec l'assurance que la couronne veillait sur eux. Mais Lorelye savait très bien que c'était une stratégie du roi du Nord et de Kairik pour contrôler le Prince de Sables qui était incontrôlable.

Lorelye se tenait immobile, ses bras étendus alors que les domestiques s'affairaient autour d'elle, tirant sur le corset, ajustant la soie, épinglant des bijoux dans ses cheveux d'albâtre. Elle ne les regardait pas. Son regard était rivé vers l'extérieur, vers la nuit qui s'étendait au-delà des fenêtres drapées d'or. Elle donnerait tout pour être dehors, pour sentir l'air froid contre sa peau et s'élancer sur le dos de Noxiferus, fendant le ciel nocturne loin de ce faste étouffant.

Sa robe était une œuvre d'art, conçue pour magnifier son apparence éthérée. Faites d'un tissu d'un bleu nocturne, profond comme un ciel sans lune, elles semblaient brodées de fils d'argent qui imitaient la lueur des étoiles. Les manches étaient longues et transparentes, la dentelle fine se fondant contre sa peau pâle. Un corsage délicatement ouvragé soulignait sa taille, tandis que la jupe fluide, légère comme un souffle, effleurait le sol, s'ouvrant légèrement à chaque pas, révélant des broderies d'argent semblables à des éclats de lumière. À son cou brillait un collier fin, orné d'une pierre saphir qui rehaussait le gris acier de ses yeux.

Elle descendit lentement les escaliers en marbre blanc, chacun de ses pas résonnant dans la salle de bal immense. Elle sentait les regards glisser sur elle, évaluateurs, curieux. Mais son esprit était ailleurs. Depuis longtemps, elle aurait voulu voir le visage de sa mère, même une illusion fugace parmi les reflets des lustres. Une ombre, une trace, une preuve qu'elle avait existé et qu'elle n'avait pas été qu'un mensonge.

En bas des marches, le roi Evariste attendait. Officiellement, il était encore son père. En réalité, il n'était plus qu'un étranger. Comme le voulait la tradition, il lui tendit la main pour la première danse. Elle posa ses doigts glacés dans sa paume, et ils s'élancèrent dans la valse, tourbillonnant sous les regards des courtisans. Mais il n'y avait ni chaleur ni sourire. Ses yeux ne brillaient plus pour elle, ils se perdaient ailleurs, fixés sur sa nouvelle épouse. Lorelye n'existait plus que comme un vestige, une trace d'un passé qu'il s'efforçait d'effacer.

Elle chercha des visages familiers parmi l'assemblée. Rien. Pas de duc Winter, pas de duchesse Rivaldo, pas même Sir George. Un vide. Un silence plus assourdissant que la musique.

Lorsque la danse prit fin, elle s'éloigna sans un mot, s'installant à l'écart, le dos contre un mur, un verre de champagne à la main. Autour d'elle, les rires fusaient, les éclats de voix célébraient l'imminence de la guerre. Lorelye ne comprenait pas. Comment pouvaient-ils se réjouir de l'idée que les armées partiraient combattre ? Kairik tenait déjà le monde dans sa main, et cela la terrifiait. L'ivresse des autres ne changeait rien à cette réalité.

Elle porta son verre à ses lèvres et but une gorgée, mais le goût du champagne lui parut amer.

Kairik la regardait de loin, au-dessus des danseurs qui tournaient en cadence sous les lueurs dorées des lustres. Son regard était une lame invisible, froide et acérée, qui la clouait sur place. Lorelye sentit son souffle se bloquer. Elle ne voulait pas qu'il s'approche. Elle ne voulait pas sentir son ombre glisser sur elle, ni entendre sa voix, ni croiser ces yeux qui semblaient lire en elle plus qu'elle ne l'aurait voulu.