Âmes Étoilées Tome II [TERMINÉ]

33-Le Dieu des Enfers

Playlist :

The Night We Met - Lord Huron

Lilianna

L'ombre de la montagne semblait se refermer sur Lilianna alors qu'elle dévalait les escaliers de pierre, la respiration haletante, les pieds heurtant violemment les marches. Chaque recoin de ce labyrinthe éternel offrait un nouvel obstacle, une nouvelle incertitude. Ses jambes étaient lourdes, ses muscles tendus à l'extrême, la douleur dans ses articulations s'ajoutant à l'épuisement de sa course frénétique. Le vent hurlait dans les couloirs de pierre, lui soufflant à l'oreille des murmures incompréhensibles. Elle avait l'impression de courir dans un mauvais rêve, un rêve dont elle ne pourrait jamais se réveiller.

Elle n'avait plus vu Eugénie ni Constance depuis... Combien de temps cela faisait-il ? Quelques heures ? Quelques jours ? Elle n'en savait rien. La notion du temps avait disparu dans ce labyrinthe sans fin. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle était seule. Complètement seule.

Le dernier souvenir qu'elle avait avant de se retrouver séparée des autres était l'attaque. Les faes maudits étaient venus d'un coin obscur, comme si la montagne elle-même les avait invoqués. Eugénie avait crié son nom, mais quelque chose les avait poussées à fuir, à se détacher, et dans la panique, elle s'était retrouvée happée dans une autre ruelle. Un instant, elle avait vu Eugénie s'éloigner, son visage déformé par la terreur, puis tout s'était effondré. Elle avait été emportée, une ombre s'était jetée sur elle et, avant qu'elle ne puisse se défendre, elle avait été projetée dans l'obscurité.

Elle se redressa brusquement, essuyant ses mains tremblantes sur ses pantalons déchirés. Ses vêtements étaient couverts de poussière et de terre. Le sang séché sur ses bras collait à la peau, des éraflures et des coupures recouvraient ses jambes. Ses cheveux, autrefois impeccables, étaient en bataille, des mèches indisciplinées dans ses yeux. Mais plus que tout cela, plus que la douleur physique, ce qui la tuait à petit feu, c'était la solitude. La peur. La montée d'une désespérance qui, au fil des heures, devenait de plus en plus insupportable.

Elle s'avança d'un pas incertain, ses mains se tendant vers les murs de la montagne, les pierres froides et lisses sous ses doigts. Elle s'arrêta un instant pour écouter. Le silence était assourdissant, presque irréel. Puis, au loin, elle entendit quelque chose. Des bruits étouffés, un souffle lourd. Des créatures. Peut-être des faes maudits. Peut-être des spectres. Peut-être pire. Elle ne pouvait pas se permettre d'y réfléchir. Pas maintenant.

Elle s'élança en avant, ses pieds frappant le sol dans une danse frénétique, chaque mouvement calculé, chaque geste dicté par la survie. Il fallait trouver une issue. N'importe quelle issue. Une lumière. Un signe de vie.

Les tunnels semblaient se multiplier autour d'elle. Un instant, elle était dans une ruelle étroite, puis le moment suivant, elle se retrouvait dans une grande salle, une caverne si vaste qu'elle ne pouvait en voir la fin. Les murs étaient faits de pierres sombres, luisantes, presque suintantes d'humidité. Les fissures qui parcouraient les parois laissaient échapper une lumière étrange, à peine perceptible, mais insuffisante pour éclairer la totalité de l'espace. Ses yeux s'habituèrent lentement à l'obscurité, mais l'impression de ne jamais pouvoir sortir de cet endroit persistait.

Elle avança, s'appuyant contre les parois de la caverne. Chaque pas semblait la mener plus profondément dans l'obscurité de la montagne. Puis, un bruit soudain la fit sursauter. Quelque chose se mouvait dans l'ombre. Quelqu'un ? Un animal ? Elle ne savait pas. Mais une chose était sûre : elle n'était pas seule.

Son cœur battait la chamade. Elle s'immobilisa, l'oreille tendue, essayant de localiser le bruit. Une silhouette s'émergea dans la pénombre, silhouette humanoïde, mais quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas un fae, pas un spectre. Elle se figea, observant attentivement la créature.